Bleu ciel

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J'ai les yeux rivés sur mes chaussures. Elles sont bleues. Bleu ciel. Leur vue est bien plus divertissante que ce que je ne veux absolument pas voir. Et pourtant, je ne devine que trop le cercueil qui descend lentement dans la terre. La main de ta soeur écrase la mienne alors qu'elle sanglotte doucement. Moi, je ne pleure pas, je ne pleure plus. Andy, Andy...

Je sais que nos camarades de classe me regardent, qu'ils se demandent comment je fais pour tenir. Je t'avoue que même moi je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est qu'ils sont tous un peu coupables de ta mort. Moi encore plus.

Je te revois, plein de vie, terriblement beau, avec ce style négligé qui en faisait baver plus d'une. Elles te voulaient toutes, tu pouvais toutes les avoir, et tu m'avais choisie moi. C'est vrai, ce n'était que pour être ta guide d'une journée et je ris encore au souvenir du nombre d'ennemies que cela m'avait attiré. Et puis tu avais pris goût, tu aimais le défi que je représentais pour toi. Ah les défis !

Je me souviens de ton addiction à ces petits paris stupides que te proposaient tes amis. Ces paris stupides qui t'ont conduit là où tu es aujourd'hui. Qu'est ce qui t'as pris de croire que tu pouvais traverser une route les yeux bandés ? En plus, alors que le feu vient à peine de passer au vert ? Et tous ces amis et camarades qui t'ont encouragé à le faire. Tous ceux là qui n'avoueront jamais que ce n'était pas qu'un accident. Bande de lâches. Et j'en fais partie, car j'aurais pu te sauver. Pas directement, mais j'aurais pu quand même.

Alors, que les gens maudissent les motos, les voitures et tous les conducteurs du monde, moi, je ne peux que m'en prendre à ma fierté.

Nous avions réussi, toi et moi, à tisser des liens forts à la surprise générale. Nos profils ne se correspondaient pas, nous n'étions pas fait pour nous entendre et nous avions brisés les règles. Alors que tu n'étais qu'impulsions et je-m'en-foutisme, j'étais celle qui te permettais de ne pas t'égarer. C'était mon rôle de t'empêcher de faire des folies, le rôle que tu m'avais toi même attribué. Tu m'as fait confiance et moi j'ai faillis à ma tâche.

Ta soeur m'admirait pour ce que j'avais réussi à faire de toi. C'est vrai qu'il y avait de quoi me féliciter, étant donné que je t'avais rendu presque sage. Presque.

Effronté, arroguant, charmeur, drôle, dangereusement attirant. Je suis tombée amoureuse comme toutes les autres. Mais ce qui me différenciait des autres, c'est que pour rien au monde je ne te l'aurais avoué. Et même si j'étais censé te remettre sur le droit chemin, j'aimais ce coté rebelle de ta personnalité.

Je n'avais pas prévu que mes sentiments soient réciproques. Je n'avais pas prévu que tu me le dise.

Comme une conne, j'ai souris à ton dernier message, le coeur heureux. On ne mesure pas assez l'importance de nos actes.

Je m'étais dit "demain, demain je lui répondrai".

Tu as interprété mon silence comme un refus. Alors, pour oublier, tu as accepté un énième pari. Le dernier.

J'aurais pu t'en empêcher. Il aurait suffit que je réponde à ton message. Un simple " moi aussi". Mais j'étais trop occupée à écouter ma fierté. À ce stade, ce n'est plus que de la stupidité.

Je lève les yeux vers le ciel bleu. Bleu ciel. C'était ta couleur préférée. Une larme roule sur mes joues alors que je serre en retour la main de ta soeur, en ce jour où on t'enterre. Puis deux, trois, quatre.

Je t'aime Andy. Mon Dieu, comme je t'aime.

Mais ça, tu n'es plus là pour l'entendre.

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