J’déconne pas
Au cœur d’un petit village, dans un appartement situé au-dessus de la boucherie, la tension était palpable.
À table, Jean-Louis et Martine faisaient face à Gabriel, leur fils, et ils étaient dans une totale incompréhension. Martine avait concocté de bons petits plats pour Gab, mais ce dernier s’obstinait à ne rien avaler.
Jean-Louis en avait marre, c’était quoi ce caprice ? Et pour crever l’abcès, il tapa le poing sur la table en criant :
— Tu es tout maigrichon, tout pâlichon, tu dois te remplumer !
Martine connaissait bien le foutu carafon de son fiston, il leur cachait quelque chose, et après l’avoir dévisagé longuement, elle déclara :
— Tu sais, tu peux tout nous dire. On ne te jugera pas…
Elle attendit une réponse qui ne vint pas et après un silence pesant, elle lança :
— Tu sais, si tu es homosexuel, ce n’est pas grave. On t’aimera toujours.
— Maman, ce n’est pas ça… lâcha-t-il en regardant sa mère.
Jean-Louis détestait les devinettes, et ne pouvant plus se contenir, il cria :
— Vas-y Gab ! Crache le morceau !
Gabriel baissa la tête quelques secondes, puis en la relevant, en regardant son père, il révéla :
— Je suis vegan.
Martine était sous le choc, elle se mit à sangloter, et furieux, Jean-Louis se leva en hurlant :
— Comment tu peux nous faire ça ? Putain ! On est une famille de viandard ! Ton grand-père était boucher, je suis boucher. Et toi tu es devenu vegan ?
Après avoir repris sa respiration en fixant son fiston, il demanda :
— On est pas assez bien pour toi c’est ça ? Putain ! C’est pas vrai ! Dis-moi que tu blagues.
— J’déconne pas, Papa. Je suis vegan !
— Prends la cuisse de poulet qui est dans ton assiette et croque dedans, sinon je te renie. ordonna-t-il.
Gabriel, se leva, puis silencieux, il s’en alla.
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