CHAPITRE 70 : « Centre hospitalier De Bierne » « Ludo »
CHAPITRE 70 : « Centre hospitalier De Bierne » « Ludo »
Mélanie termine de ranger la vaisselle du dîner tout en surveillant avec une certaine curiosité les mimiques de son chéri, ce dernier assis tranquillement sur le canapé du salon semblant en pleine introspection mentale.
La jeune femme est suffisamment sensible pour lui garder cette intimité qui finira bien par une conversation en tête à tête quand le moment sera venu.
Un gros soupir suivi d’un grognement indistinct lui fait relever la tête vers lui et le fixer avec un regard interrogatif, comprenant bien que le moment des explications est venu.
- Quelque chose qui te turlupine mon chéri ?
- Pffttt !! Tu peux le dire en effet !!
Elle se débarrasse de son tablier pour venir le rejoindre et s’asseoir sur le fauteuil en face de lui, en lui prenant les deux mains dans les siennes.
- Tu peux tout me dire.
Les yeux bleus du petit blond la fixe avec cet amour qu’il a pour elle depuis sa première rencontre, la faisant frissonner de plaisir.
- C’est cette histoire de cul qui me bouffe la vie !!
- Par histoire de cul, tu veux sans doute parler de la conversation que nous avons eue récemment avec nos amis ?
- Hum !! Oui !! Je ne suis quand même pas parano, tu as bien compris comme moi ce que semblait vouloir dire Amid ?
- C’est marrant que tu ne retiennes que cette partie ! Hi ! Hi ! Il me semblait que du côté de « Pat » il y avait également une ouverture.
Ludovic rougit violemment, ce qui pour Mélanie remplace bien des paroles.
- Tiens donc !! On dirait bien que j’ai visé là où ça coince réellement.
- N’importe quoi, pfff !!
- Écoute mon chéri, je te connais suffisamment pour ne pas craindre les avances des garçons et le prendre comme une plaisanterie, l’excitation générale qui règne sur le complexe depuis quelque temps ne changera pas ta façon d’être.
- C’est cool !! Alors je vais pouvoir aller les voir sans que tu en sois jalouse !!
- N’essaie même pas de détourner mon attention sur le véritable sujet qui te préoccupe.
Ludovic a un petit temps d’hésitation avant de s’avancer vers elle jusqu’à ce que leurs yeux ne voient plus que ceux de l’autre.
- Je te jure que jusqu’à dernièrement je n’ai jamais eu ce genre de pensées envers « Yu » et « Pat », tu me crois au moins ?
- Bien sûr et j’ai moi aussi ce genre d’idées qui m’auraient paru complètement délirantes il n’y a encore que quelques jours en arrière.
- Ce qui semble donner un fond de vérité à cette histoire qui commence à faire le tour de tous les employés et où Alexandre en serait la cause.
- Il n’y a pas de fumée sans feu, Florian nous faisait déjà ça rappelle-toi !! Nous étions moins touchés alors juste parce que nous étions encore bien trop jeunes.
- Parle pour toi ! Hi ! Hi ! J’ai passé des nuits torrides quand « Flo » était dans les parages. Flavien aussi mais heureusement pour lui qu’il n’est pas resté bien longtemps seul.
- D’après les conversations que j’ai eues à ce sujet, il ne ferait que faire remonter ce que souhaite notre inconscient.
- Hum !! Possible en effet, j’ai toujours bien aimé être près d’eux sans savoir au juste ce qui m’y poussait plus que pour d’autres.
Mélanie lui sourit en se levant pour retourner dans sa cuisine, en lâchant au passage une phrase qui bien sûr appelle à explication.
- Nous savons tous les deux maintenant à quoi nous en tenir.
Une fois sa phrase pour le moins ambiguë lancée, elle surveille sa réaction par le biais de la vitre du four et le voit se lever visiblement pensif pour venir vers elle la prendre par la taille.
Il a bien grandi depuis qu’elle le connaît, sans avoir rattrapé le mètre quatre-vingt-douze de son grand frère, il fait quand même un bon mètre quatre-vingt-deux au corps sculpté et à la chevelure dorée à la blondeur des blés au printemps, ce qui la laisse toujours dans cette admiration de celui qui a hanté ses rêves depuis qu’elle a eu l’âge d’avoir des pensées peu sages à son égard.
Elle frissonne quand elle sent ses mains la prendre par la taille, son menton venant se poser avec douceur sur son épaule alors que sa voix douce et grave lui susurre à l’oreille.
- Que voulais-tu dire par là ?
- Rien de spécial, juste qu’il va falloir en tenir compte.
- Tu pensais à qui toi ?
Mélanie devait bien s’attendre à ce genre de question du fait de son précédent aveu, aussi n’est-elle pas plus perturbée que ça à lui donner une réponse.
- À eux aussi, mais nous en rirons bien quand tout ça aura disparu !! J’ai cru comprendre que « Flo » devait y mettre le holà du fait que ça commençait réellement à impacter tous les services.
- Ha !!
Mélanie se sépare de lui pour se retourner en le fixant une nouvelle fois dans les yeux, le « Ha » étant dit de façon suffisamment explicite pour qu’elle ne retienne que le regret qu’il exprime.
Pourtant le regard honnête et franc que lui renvoie son chéri montre bien qu’il n’en éprouve aucune honte, aussi ose-t-elle pousser l’affaire plus loin juste pour savoir à quoi s’en tenir.
- Tu aurais aimé que cela se fasse ?
- Ça demande réflexion… mais si cette explosion de libido a réellement l’effet que tu disais, alors mieux vaut le reconnaître plutôt que de vouloir se voiler la face. Je ne sais pas pour toi mais il m’a bien semblé que c’était réciproque venant d’eux.
- Pour toi oui sans aucun doute possible, j’ai bien vu le regard que t'a porté Patricia et ensuite celui de « Yu » quand lui aussi a compris l’allusion, je pense qu’ils regrettent le temps où ils partageaient leur intimité avec Antonin, tu es celui qui lui ressemble le plus
- Tu oublies Alan !!
- Je n’oublie personne, juste qu’Alan n’a jamais été attiré par les femmes !!
Une moue du plus bel effet vient s’épanouir sur le visage de Ludovic, ravi des paroles à la fois rassurantes mais aussi tolérantes venant de sa chérie qui lui donne son aval et qui du coup lui amène une question qui si la réponse s’avérait aller dans son sens serait parfaite pour poursuivre et amener la conversation vers plus de concret, surtout maintenant qu’il a reconnu lui-même que cela faisait partie de leurs désirs cachés.
- Mais et toi ?
- Oui… quoi ?
- Tu aimerais qu’on en fasse des amis plus intimes ?
- Hum… je ne vais pas maintenant nier ce que je viens juste de t’avouer, mais à ce que je sache, ce qu’ils éprouvent pour toi rien ne dit que ce soit réciproque.
- Dans ce cas il suffira de demander.
Le silence se fait alors que les deux s’embrassent, l’instant d’après leur expression de visage devient plus contrastée comme si quelque chose venait de mettre leurs dernières résolutions en arrière-plan.
Ils ressentent toujours cette attirance pour leurs amis mais avec plus de contrôle et moins d’excitations à ce que cela se réalise au plus vite.
Ils n’ont bien entendu pas conscience que la demande faite à Florian, de ne pas laisser les choses empirer du fait du cumul des dons de ceux qui se retrouvent l’avoir alors qu’ils sont dans le même espace.
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