CHAPITRE 84 : « Shanpaï » « Antonin »
CHAPITRE 84 : « Shanpaï » « Antonin »
Il revient vite à la raison en comprenant que son geste pourrait avoir été ambigu, couvrant de ses deux mains la partie de sa nudité qui a arrêté le regard du camarade de classe de son chéri.
- Eh !! Ne te fais pas déjà un film mon gars, il est hors de question pour nous de faire avec toi ce à quoi tu es en train de penser.
Antonin voit bien à son air complètement à l’ouest qu’il n’y comprend plus rien, aussi explique-t-il son geste.
- C’était juste comme je l’ai dit pour ne pas jouer les exhibitionnistes dans le couloir, rien de plus.
Le petit blond voit bien la déception marquer le visage du garçon, mais n’en a cure et s’avance vers lui pour le faire se retourner tout en ouvrant de nouveau la porte.
- Allez oust !! Tu en as assez vu comme ça, avec ça tu as de quoi te soulager tranquille dans ta chambre si le cœur t’en dit !!
Il le pousse fermement en claquant la porte derrière lui, se tournant ensuite vers Florian avec une expression qui avertit ce dernier de faire profil bas le temps qu’il se calme.
Malgré tout il a droit à la question dite d’un ton déjà marqué par un début de colère.
- Quoi ??
- Quoi ?? Quoi !!
- Tu voulais peut-être qu’il s’invite dans ton lit avec nous ?
- Bien sûr que non, allons !! Ce n’est pas moi qui l’ai fait entrer, je te signale en passant.
- Oui… mais bon !! J’ai bien vu la tête que tu faisais et ça va dans le sens de mes dernières interrogations, tu cherches de nouvelles relations sans que nous y soyons associées.
- Où as-tu été cherché un truc pareil ??
- Ah non ?? Alors explique-moi ce que tu fais avec Alexandre, il me semble que c’est assez éloigné des règles qui étaient édictées depuis le début.
Florian ne sait plus trop que répondre à ça alors qu’il s’en était déjà fait maintes fois la remarque, le cas d’Alexandre étant autant pour lui que pour tous les autres une énigme qu’il aimerait réellement résoudre rapidement.
- Je vois que l’explication est longue à venir, ne réponds pas si tu ne veux pas en parler mais sache que ce ne sera pas sans incidence sur nous autres et bien entendu sur toi.
- Que veux-tu dire par là ?
- Qu’on a toujours été honnêtes les uns envers les autres !! Déjà tu te gardes un maximum Lorgan pour toi tout seul, nous avons bien compris qu’il était là avant nous et nous n’en avons pas fait tout un pataquès, mais maintenant en voilà un autre qui pointe son nez et quand je dis son nez, c’est pour rester poli !!
- Pour Lorgan tu en connais la raison et je peux te dire que les choses changent en ce moment entre lui et Thomas, ils se sont intimement rapprochés depuis ces derniers jours passés sur « PENN ».
- Tiens donc !! C’était la raison de toute cette histoire alors ?
- Une partie seulement.
Florian voit bien qu’il doit en terminer rapidement, la jalousie aussi soudaine qu’évidente pour lui d’Antonin prenant le pas sur son esprit d’habitude des plus rationnels.
Il pousse alors un profond soupir avant de revenir sur ce qui a très certainement déclenché les foudres de son chéri, essayant de lui expliquer ce qui pour lui reste encore une attitude irrationnelle venant de sa part.
Antonin l’écoute d’une oreille, n’étant pas encore prêt à lui pardonner ce qui pour lui reste encore trop proche d'une tromperie difficilement pardonnable.
- Dans ce cas et si ce que tu dis est vrai, alors… envoie-moi sur « PENN » !!
Florian s’arrête net en plein milieu d’une phrase, cette dernière n’ayant d’ailleurs aucun lien avec la demande formulée.
- De quoi ?
- Je te demande de m’envoyer sur « PENN » rejoindre Thomas et Lorgan, tu peux faire ça pour moi quand même !!
- Désolé mais je ne le ferai pas, il est hors de question de laisser l’Imperium sans au moins deux des trois y ayant seuls autorité !!
- Alors retourne s’y et laisse-moi aller les rejoindre.
Florian garde son sang-froid bien qu’il le sente bouillir dans ses veines, il lui semble revenir plus de mille ans en arrière quand la jalousie déjà avait créé ce qui a occasionné ensuite le long bannissement duquel ils ressortent à peine.
Heureusement pour lui que des pas dans le couloir, reconnaissables entre mille à la démarche rythmée propre aux militaires, lui donnent l’occasion de changer de sujet, prenant les affaires d’Antonin restées au sol pour les lui envoyer au visage.
- Rhabille-toi vite, nous allons avoir de la visite… officielle cette fois !!
Un bref moment de panique du blondinet qui en tombe sur les fesses à vouloir trop vite enfiler son pantalon et plusieurs coups sourds viennent frapper à la porte.
Florian hésite entre disparaître de la chambre avec Antonin et savoir quel est le but de cette intrusion une fois de plus dans sa vie privée, leur venue ne faisant aucun doute pour lui qu’il va lui falloir encore répondre à une multitude de questions.
Il termine de boutonner sa chemise en allant ouvrir la porte, pour se retrouver devant deux gars en uniformes qui le dévisagent, le visage grave de ceux qui ont une mission importante à réaliser.
Le plus âgé des deux reconnaît la description du jeune rouquin, il le salue militairement avant de prendre la parole.
- Vous êtes bien l’étudiant Takumi Fukuda ?
- En effet, en quoi puis-je vous aider ?
- Je vous demanderais de nous suivre jusqu’à l’héliport, il vous sera fait un rapport de situation en chemin.
- Vous ne pouvez rien me dire de plus ?
- Désolé mais je n’en sais moi-même pas plus que ce que je viens de vous dire, il faut juste faire au plus vite, il y va de la vie de quelqu’un.
- Ah!! Dans ce cas je prends quelques affaires et je vous suis !!
Florian rentre dans sa chambre, visiblement soucieux, n’ayant rien pu lire dans l’esprit du gendarme, ce qui tendrait à prouver qu’il n’en sait réellement pas plus qu’il le prétendait.
- Qu’est-ce qui se passe ? Ils t’emmènent où ?
- Ne t’inquiète pas pour moi, je te renvoie au complexe et je te rejoins dès que j’en aurai terminé avec eux.
Antonin tapote sur son front, faisant bien comprendre qu’il réclame la liaison lui permettant de suivre en réel les aventures de son chéri qui miraculeusement se retrouve d’un coup pardonné.
Florian a à peine refermé la porte de la chambre derrière lui, qu’Antonin se sent à nouveau partir pour se retrouver là où il était juste avant l’intervention de Florian.
Ce dernier monte rapidement en voiture, cherchant à tirer les vers du nez des représentants de l’ordre qui se contentent d’opiner négativement de la tête à chacune de ses questions.
C’est la radio allumée par le passager qui lui donne sa destination.
« Personne ne sait encore ce qui est arrivé, l’héritier du trône impérial est à l’instant transporté en civière hors de l’accident. Son état semble inquiétant et… »
- Eh !! Pourquoi vous avez coupé le poste ??
- Nous arrivons à l’héliport et de plus nous sommes en mission !!
- Pffttt !! Vous ne savez donc pas qui je suis, ni quelle est la véritable raison de votre mission ?
Le passager se retourne vers lui, visiblement curieux suite à ces paroles pour le moins ambiguës et il va très certainement pour lui poser la question à savoir qui il est, quand le poste se rallume tout seul et qu’il ne puisse plus rien y faire pour l’éteindre.
Le conducteur a suivi l’incident sans rien dire, se contentant de jeter de temps à autre un coup d’œil dans le rétroviseur et c’est fort surpris d’avoir enfin la réponse qu’il cherchait, qu’il prend la parole.
- Vous êtes bien Florian de Bierne… n’est-ce pas ?
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