CHAPITRE 62 : « Centre hospitalier De Bierne » « Florian »
CHAPITRE 62 : « Centre hospitalier De Bierne » « Florian »
Sa réapparition dans le bureau d’Annie n’étonne même plus cette dernière, qui malgré tout semble inquiète suite à ce qu’elle avait compris de la conversation qui avait amené le petit rouquin à s’éclipser aussi rapidement.
- Tout va bien ?
- Hein !! Ah oui ne t’inquiète pas, une simple ecchymose, il n’y paraîtra plus rien rapidement !!
- Que s’est-il donc passé ?
Florian la débriefe en quelques phrases qui ont l’air de la rassurer quelque peu.
- Tu savais que l’effet pourrait être cumulatif ?
- Comment j’aurais pu ?? Il n’y a pas encore si longtemps je pensais être le seul à faire ressentir ce genre de truc autour de moi.
Annie reste un instant songeuse avant de reprendre.
- Pour ton fils je n’y trouve rien là que de bien naturel qu’il commence à faire ressortir des « dons » que tu as découverts à peu près à son âge. Par contre ça me conforte dans l’idée qu’Alexandre n’est décidément pas un garçon que l’on pourrait qualifier de banal !!
- C’est le moins qu’on puisse dire, toutefois je ne pense pas qu’il en soit réellement conscient, mais qu’au contraire il découvre seulement en ce moment avec je pense une bonne dose d’inquiétude son véritable potentiel, un peu comme si quelque chose ou quelqu’un avait fait sauter un verrou.
- Tu penses que ce serait lié aux cinq vieillards que tu as rencontrés ?
- C’est maintenant une quasi-certitude pour moi.
- Que comptes-tu faire dans ce cas ?
- Dans l’immédiat ? Rien !!
- Comment ça, explique-toi !! N’y a-t-il pas un danger à laisser faire les choses sans contrôle ?
- Je ne sais pas quel serait mon pouvoir dans l’univers qui est le leur, tout ce que je peux dire c’est qu’ils n’en auront aucun dans le mien.
Florian voit bien que sa réponse ne satisfait pas celle qu’il considère un peu comme une mère.
- J’ai créé…
Un vaste geste de la main vers le ciel.
- … tout ceci dans le but de retrouver une raison d’exister, pas dans celui de gouverner ou pire encore de “paterner” exagérément ceux qui y vivent, surtout en disant cela, je pense à ceux qui arrivent au plus haut degré de l’évolution et qui ne demandent qu’à se prendre en mains.
- Je comprends bien, mais…
- Comment faire devenir adulte quelqu’un si tu ne coupes pas petit à petit les liens qui t’unissent à lui ? Tu observes tes enfants et maintenant tes petits enfants mais tu ne t’immisces plus dans leurs décisions, tu as pris tout naturellement du recul pour qu’ils puissent passer à autre chose quand tu ne seras plus là. C’est le but de la vie en quelque sorte !!
- Oui mais toi, tu…
- Je sais bien ce que tu vas me dire, je suis à la fois leur créateur et qui de plus est immortel par-dessus le marché. Mais même moi je ressens ce besoin de leur lâcher la bride, tu comprends ?
- Où irais-tu ?
- Pourquoi devrais-je partir ? Je parle simplement de vivre ma vie avec ceux que j’aime.
- Tu n’as pas la crainte de redevenir…
- Un tyran ?? Je ne peux pas prétendre que ce n’est pas une possibilité, juste que je ferai en sorte que cela n’arrive plus. Quitte à prendre du recul comme j’ai commencé à le faire, c’est un peu pour ça que je ne résous pas ce qui apparaît pour toi comme un problème mais qui pour moi est une nouvelle occasion de vaincre l’ennui. Damien s’éclate comme un fou avec Thomas, Lorgan et d’autres amis qu’il s’est fait sur « PENN », pourquoi voudrais-tu que je les prive de ce sentiment en résolvant tout et tout de suite. Il en va de même dans l’Imperium où chacun doit gérer mon absence en donnant le mieux de lui-même, le prince régent a enfin plein pouvoir sur l’Imperium et du coup cela libère Thomas d’un poids qui commençait à l’insupporter, surtout depuis notre aventure commune sur Terre.
Annie comme depuis le premier jour comprend parfaitement la raison première de cette longue diatribe venant de Florian.
- Il pourrait à terme prendre sa place et vous permettre de vivre une autre vie tout aussi passionnante, c’est ce que tu veux me faire comprendre pas vrai ?
Le sourire reconnaissant de Florian vaut pour accord, sa non-reprise de paroles tend à indiquer qu’il attend une suite à ce début d’analyse mais qu’il ne veut pas la mettre plus sur la voie, tenant apparemment à entendre ce qu’elle aurait à proposer.
- Tu sais ce qui m’est venu soudainement à l’idée ? Cela peut paraître absurde, mais te connaissant…
- Vas-y s’il te plaît, tes conseils et ton instinct m’ont toujours été précieux.
- Je me souviens de plusieurs conversations de l’époque où vous veniez régulièrement au complexe et quand les enfants étaient encore en âge d’écouter tes histoires avec de grands yeux d’émerveillement.
- Oui… et alors ?
- J’ai cru comprendre qu’Alexandre pourrait être quelqu’un comme toi mais encore à ce stade où il a besoin de se recréer une personnalité forte, ce temps que tu as vécu à aller vivre des vies complètes sur des planètes à divers stades de l’évolution dans l’univers incommensurable que tu venais de créer.
Elle fixe un instant Florian en silence, ce dernier buvant littéralement ces paroles et prouvant par ce simple fait, qu’elle a encore une fois compris ses désirs les plus ardents.
- Tu vas devoir prendre une décision le concernant s’il s’avère qu’il a été placé là contre son gré et tu te dis que peut-être tu pourrais le suivre quelque temps et pourquoi pas avec quelques-uns de tes amis et pouvoir revivre cette partie de ta vie devenue si chère à ton cœur où tu as fini par découvrir le véritable amour.
- Tu lis vraiment en moi avant même que les idées se mettent réellement en place, c’est terrifiant ! HI ! Hi !
- C’est donc bien ton intention de quitter cet univers ?
- Pour l’instant ce n’est qu’un projet trop récent pour l’adopter sur un simple coup de tête, je dois m’assurer avant que ceux qui resteront sauront se prendre en mains.
- Que crains-tu au juste ? Qu’un nouvel usurpateur prenne la place du prince régent ?
- Plus maintenant, ce sont les troubles occasionnés par ma folie qui ont laissé le chemin libre pour ces mille ans de tyrannie. Depuis les choses ont changé, je…
Annie le coupe soudainement.
- Des tests !!! Oui… Suis-je bête !!
- De quoi tu parles ?
- Cette histoire avec les « cinq » mais également la dérive de « PENN », tout cela en fait ne sont que des tests pour t’assurer qu’ils se sortiront de n’importe quoi derrière ça ?
- Tu fais erreur cette fois, j’ai découvert tout comme eux leurs existences !! C’est juste que je regarde comment ils vont s’en sortir plutôt que de résoudre le problème à leur place. Tu sais bien qu’ils n’ont pas mes pouvoirs et ce même pour les peuples encore rares ayant mené à terme leurs évolutions naturelles.
- Tu pourrais laisser un de tes fils ? Celui qui est comme toi et…
- Partir avec l’autre ? Comment pourrais-je choisir ? De toute façon que ce soit l’un comme l’autre, ils n’ont pas de place dans cet univers, du moins pas pour le moment. Je n’ai jamais voulu les avoir mais maintenant qu’ils sont bien là, j’aimerais vivre quelque temps avec eux tout comme j’imagine que Thomas fera la même demande.
- Dans ce cas tu n’as plus besoin de te préoccuper de nous alors ?
Florian préfère lui couper la parole à son tour, sachant bien ce que seront ses prochaines paroles.
- J’ai déjà mis le processus en marche pour ceux dont je n’attends plus que leur consentement.
- Mais enfin à quoi bon si tu n’es plus là ?
- Je n’ai jamais dit que je partirai pour toujours ni qui j’emmènerai avec moi, d’ailleurs en pensant à ça j’ai une question à te poser, j’espère juste que tu me répondras en toute sincérité.
Annie cette fois encore a l’intuition de ce qui va suivre, son cœur de mère se serre un bref instant avant qu’elle ne comprenne que c’est « la » solution qu’a trouvée Florian pour réaliser ce que, jusqu’à présent, il pensait impossible.
- Ils sont si différents de ceux qui vivent depuis toujours avec toi ?
Florian reste un petit moment sans voix qu’elle ait pu lire jusque-là dans ses pensées alors que l’idée venait juste de jaillir à sa conscience.
- Toi alors !!!
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