Bipbip bipbip bipbip bipbip. Mike se retourna dans son lit et appuya sur le haut de son réveil afin de le faire taire. Il avait devancé le petit appareil depuis un bout de temps déjà. Ca faisait plus d’une heure qu’il était réveillé. La veille, Jordan et Adrien lui avaient remonté le moral et l’avaient convaincu de ne pas se laisser abattre par sa rupture. Mike était maintenant déterminé et voulait retrouver une vie normale sans penser à Lola et déprimer à longueur de journée comme il l’avait fait pendant une semaine entière.

La veille au soir, une fois ses amis partis, il avait entrepris de ranger tout son appartement. Depuis une semaine, la vaisselle sale s’accumulait dans l’évier et le linge dans le panier de la salle de bain. Il avait également passé un coup de serpillère au sol et ramassé les poussières qui s’étaient déposées sur ses meubles et autres bibelots. Il avait souvent entendu sa maman affirmer : « faire le ménage chez soi c’est faire le ménage dans sa tête » et après plus de deux heures de nettoyage et de rangement intensif, Mike put confirmer cet adage. Il se sentait, en effet, un peu plus léger. Mais les évènements des derniers jours étaient encore très frais et il se rendit rapidement compte que vouloir "reprendre sa vie en main" était plus facile à dire qu'à faire.

Une fois son rangement terminé, il s'était installé dans son canapé et avait allumé la télévision. Mais se poser sans ne rien avoir à faire pour s’occuper l’esprit fit rejaillir ses démons et il ne porta pas la moindre attention aux images qui défilaient devant lui. Rapidement, Mike recommença à broyer du noir et après dix minutes, il décida d’aller se coucher. Il se sentait comme un équilibriste. La corde sur laquelle il marchait représentait son humeur, son état d'esprit du moment et ses balancements de droite à gauche avaient le pouvoir de, soit le faire tomber dans la déprime, soit lui donner un regain d’énergie. Cette instabilité était assez considérable et Mike savait qu'il lui faudrait un petit temps pour retrouver son équilibre.

Ce matin-là donc, lorsque son réveil sonna à 7h00, Mike se leva immédiatement. Il se sentait d'attaque pour affronter sa journée. Il devait aller faire quelques courses et pensait également se rendre à son club de boxe. Après plus d’une semaine sans y avoir mis les pieds, pouvoir enfiler ses gants et cogner dans quelque chose lui ferait le plus grand bien. Dans la cuisine, en attendant que son café soit prêt, Mike envisagea même d'aller chez ses parents passer deux-trois jours. Ca faisait longtemps qu’il ne les avait pas vu ainsi que sa soeur et la campagne pourrait également lui faire du bien. Néanmoins, aller leur rendre visite était synonyme d’explications. Sa grande curieuse de mère ne le laisserai pas tranquille avant d'avoir entendu toute l'histoire et elle en profiterai sûrement pour essayer de le faire rester le plus longtemps possible chez elle.

Après avoir pris son petit-déjeuner et s’être habillé, Mike enfila sa veste et ses écouteurs. Il faisait partie de ces gens pour qui la musique avait le pouvoir de modifier l’humeur. Et en effet, lorsque Beat it de Mickaël Jackson retentit dans ses oreilles, il se sentit reboosté.

Mike décida de se rendre à pieds jusqu’au supermarché. En semaine, à cette heure de la matinée, les bus et métros devaient être bondés et la dernière chose dont il avait envie était de se retrouver coincé entre des inconnus dont la dernière douche pourrait, dans le pire des cas, remonter à plusieurs jours.

Après plusieurs centaines de mètres à longer la rue principale, il s'arrêta à un passage piéton pour la traverser et prendre la route perpendiculaire qui le mènerait au magasin. Thriller résonnait à présent dans ses oreilles. Deux personnes attendaient également de l'autre côté du passage qu'on voiture veuille bien les laisser passer.

Bipbip. Mike sentit son téléphone vibrer dans la poche de sa veste. Il le consulta. C’était un message de Jordan.

"Quand es-tu libre dans les prochains jours. Une petite partie de PS s'impose. Ce n’est pas une question, c’est une obligation ;) "

Mike eut un petit sourire. Du coin de l’œil, il perçut sur sa gauche une voiture qui s'arrêtait pour le laisser traverser, lui et les deux autres piétons. Alors qu'il s'engageait sur le passage, Mickaël Jackson à fond dans les oreilles, il avait les yeux rivés sur téléphone et la réponse qu’il était en train d’écrire Jordan. Sa concentration était telle qu'il ne se rendit pas compte de l’agitation qui se mit soudain à régner autour de lui. Il ne vit pas la voiture qui dépassait celle qui était à l'arrêt et n’entendit pas le coup de klaxon ni les cris des personnes qui essayaient de l’avertir. Ce n’est que deux secondes plus trad, trop tard, qu’il releva alors soudainement les yeux de son téléphone. Il n’eut même pas le temps d’écarquiller les yeux et se fit renverser une demi-seconde plus tard. Il mourut sur le coup.