Semaine 2.2 - Dreamland's Murder
Célia, grande gueule
- On le regardait tous parce qu'on savait pas s'il avait pété une durite ou s'il avait une idée. On pensait tous que c'était juste son cerveau qui PAF ! était mort d'un coup mais euh en fait non, on a été surpris.
Célia fait la moue et croise les bras.
- Il reste con quand même.
- Vous pensez pas qu'il faut qu'on trouve qui a mis Sarah dans le jacuzzi ? Genre parce que là elle est toute seule dedans mais ça serait pas drôle si genre Calen était avec aussi, non ? Fin au moins elle aurait de la compagnie mais bon.
Célia lance un regard vers le dénommé, l'air de penser que ce n'était pas une si mauvaise idée. Elle porte une main à son derrière pour se gratter une fesse, la mine pensive.
- J'ai honte de le dire et je le nierai toujours, peu importe les caméras, mais Framby a peut-être pas trop tort. J'ai pas envie de crever moi.
Célia, grande gueule
Elle fait des grands gestes devant elle, croisant et décroisant les bras.
- Nah, j'vous jure, je l'ai jamais dit, vous croyez quoi ?
Framby, crétin mignon
- J'étais genre trop trop surpris que Célia dise que j'avais raison.
Il gigote sur son fauteuil, tout content. Il est adorable à toujours vouloir être aimé par tout le monde, c'est pour cela qu'il est régulièrement le préféré du public.
Un courant d'air fait claquer une porte dans leur dos, les faisant sursauter une énième fois. La réaction la plus impressionnante est celle de Saskia qui fait un bond sur le côté dans sa surprise. Essayant de reprendre son équilibre, elle pose malencontreusement le bout de son pied dans le vide, la faisant glisser dans le jacuzzi. Ses bras battent l'air pour chercher une prise. Enfin, sa main tombe sur un truc solide mais, levant les yeux, la timide du groupe remarque qu'elle tient la fesse de Sarah. Elle la repousse d'un grand geste vif, hurlant à tout va. L'eau semble bouillir autour d'elle. Les autres la fixent, tête penchée.
- On doit l'aider ? intervient finalement Framby.
Une moue se dessine sur les lèvres de la brune.
- Je sais pas trop.
Célia, grande gueule
- Bah quoi ? Le spectacle était super beau. C'est pas tous les jours qu'on voit Saskia-coincée-du-cul en train de crier comme un cochon dans un jacuzzi avec Sarah-qui-est-morte, pas vrai ?
- Trouver qui a mis Sarah dans le jacuzzi c'est le plus important, non ? Oh ! s'exclame Framby, soudain illuminé. On a dit qu'on devait trouver le méchant avant qu'un autre soit dans le jacuzzi, sauf que maintenant Saskia est aussi dans le jacuzzi. Donc maintenant, le méchant, en fait, c'est le même qui a mis Saskia dans le jacuzzi ! Et donc on cherche plus un méchant avec une seule méchanceté mais deux car maintenant y’a Sarah et Saskia dans le jacuzzi, ça fait deux trucs méchants, et donc on doit le trouver encore plus vite car il est encore plus méchant qu’avant !
Calen et Célia hochent la tête de concert, trouvant son raisonnement parfaitement cohérent. Le trio commence à tourner la tête dans tous les sens pour essayer de démasquer ce coupable si fourbe tandis que derrière eux s'égosille toujours Saskia. Le son est de plus en plus mouillé. On dirait qu'elle gazouille.
- Framby, tu prends le jardin de devant, Calen le premier étage, moi je m'occupe du rez-de-chaussée.
Ils joignent leurs mains au centre, les lèvent d'un coup en criant « Dreamland ! », un cri de guerre parfaitement acceptable selon eux, avant de se disperser. Alors que Framby court vers le parking et la haie qui le dissimule, persuadé d'être un héros de dessin animé, ses deux camarades se hâtent non moins vite vers la maison. Calen, toujours mutique, monte les escaliers en inspectant chaque marche, comme si le tueur se cachait derrière l'une d'elle ou sous l'épais tapis qui les recouvre. Célia, elle, préfère une méthode plus radicale : filant vers la cuisine, elle saisit une poêle et une spatule de bois qu'elle cogne plusieurs fois l'une contre l'autre.
- Eh oh le méchant ! Si t'es là, alors montre-toi parce qu'on veut pas mourir !
Célia, grande gueule
Elle se prend la tête entre les mains.
- Je sais, c'est ridicule, mais j'ai pas réfléchi, j'étais dans le moment. Plus tard je me suis dit que j'aurais dû dire un truc euh, un truc mieux, genre être méchant c'est pas bien alors viens avec nous et tu seras gentil, ou un truc comme ça, fin' j'ai pas réfléchis quoi. Trop la honte quoi.
A l'étage, Calen ne rencontre pas un plus grand succès. Il ouvre chaque porte en utilisant son pied. Il songe que les ninja se compliquent beaucoup la tâche tout de même en refusant d'utiliser leurs mains car les orteils glissent sur les poignées, mais il persévère. Le muet de la bande fouille sa chambre en premier, persuadé que le tueur la choisirait comme cache, mais, ne trouvant rien, il passe à la suivante. Là, il retient un haut le cœur. C'est un carnage. Il y en a partout. Sur les murs, sur le lit, sur les vêtements. La lumière elle même semble atteinte. Calen repousse du bout du pied une culotte tachée de cette couleur répugnante et se fait violence pour ne pas détourner le regard. Du rose. Partout du rose.
N'y tenant plus, il recule et claque la porte, fermant les yeux pour retrouver le noir réconfortant.
- Qu'est-s'tu fous là ?
Maxime, leader
- Comprenez, je venais de surprendre Calen quitter la piaule de Sarah, l'air au bord de la mort. Je savais pas ce qu'il se passait moi je jouais juste tranquillement et pis bim, ils disent que Sarah elle est morte et donc ils ont le droit de crier. Eh bah non, ils ont pas le droit de crier même si Sarah elle est morte !
Il secoue la tête.
- A cause de tout ça, j'ai pas arrêté de perdre et c'était trop rageant.
Calen se retourne d'un coup, son teint verdâtre virant au blanc crémeux.
- Oh ! Ah, euh, bonjour Max ? Comment ça va ? Ça va Max ? Max, ça va ?
Maxime penche la tête sur la droite, sceptique.
- T'es sûr que t'es normal ?
- Oh mais tout est normal ! Personne est dans le jacuzzi et personne est en train de chercher personne qui a mis personne dans le jacuzzi. Non non, personne.
- T'es bizarre, en conclut son collègue.
Maxime passe ses doigts dans sa barbe emmêlée, trouve des miettes de chips et, ravi, les fourre dans sa bouche. Calen, lui, est toujours planté dans le couloir, borné, attendant la sentence du leader.
Rappelons-nous, leur relation a été conflictuelle dès le premier jour...
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