The beginning
« ...good afternoon, ladies and gentlemen. The captain Wilson and his crew are pleased to welcome you on board this American Airlines flight. We will be attending to your safety and comfort during this flight... Mesdames et messieurs, le commandant Wilson ... »
Je soupire d'aise, en guettant la piste, l'impatience à son paroxysme. Mon cœur heurte ma poitrine avec frénésie tandis que l'avion se positionne. L'adrénaline me traverse de part en part, les yeux braqués vers le paysage dans l'attente du décollage. Le moment que je préfère, en vérité.
L'engin s'immobilise et ses réacteurs prennent le relais, en un bruit assourdissant qui siffle dans mes oreilles. Cela ne dure que quelques minutes, pendant lesquelles l'excitation est à son comble. Puis l'avion se déplace sur la piste et accélère, produisant de ce fait de petites secousses. Légèrement plaquée contre mon siège, je me sens enfin flotter comme si j'étais sur des coussins d'air. Notre ascension progresse encore jusqu'à se stabiliser, plusieurs mètres au-dessus du sol. C'est le début d'une nouvelle vie.
Les yeux scotchés vers le hublot, je contemple avec nostalgie les vastes étendues de plaines de mon pays natal disparaître. Ce sentiment n'existe qu'un court instant, faisant place à d'autres assez contradictoires : l'euphorie d'un nouvel ailleurs mais aussi l'inquiétude de l'inconnu. Heureuse, je le suis même si je ne sais pas encore ce que sera ma nouvelle destinée. Les craintes effleurent enfin mon esprit trop obstiné à ne retenir que les bons côtés.
Les écouteurs vissés aux oreilles, une musique rock s'écoule lentement et mon esprit papillonne déjà de l'autre côté de l'Atlantique, se berçant de tranquilles certitudes. Je préfère laisser les complications derrière moi et continuer à me convaincre que le meilleur est à venir. La seule fçon de voyager avec minette a été de lui permettre de somnoler quelques heures. De ce fait, dans la soute à bagages, tout doit se passer à merveille.
Six longues heures m'attendent et bien que cela ne m'effraie pas le moins du monde, je fouille mon sac à la recherche du roman que j'ai apporté ; Qui j'ose aimer de Hervé Bazin. Les aventures passionnantes et surnaturelles de l'héroïne me plongent dans une lecture judicieuse.
Quelques heures plus tard, je foule déjà le sol de l'aéroport de Miami, le sac frottant ma hanche au rythme de mes pas. Avec la démarche incertaine et éprouvée de celle restée assise durant de longues heures, je progresse vers le hall. Trainant ma valise d'une main et la caisse de minette de l'autre, mon regard fatigué balaye la foule à la recherche de mon père et de Katelyn. Le brouhaha ambiant finit par me coller la migraine. Réveillée par le mouvement et tout le reste, Soa pousse enfin des miaulements sourds. Posant mon bagage au sol, je suis épuisée par le voyage, et à ce moment, une voix masculine s'élève entre toutes.
_ Ma chérie !
J'aperçois enfin les cheveux noirs de mon père et la blondeur de Katelyn au milieu de tout ce monde. La joie de les retrouver opère sur moi comme un revitalisant, m'offrant les forces nécessaires pour fendre la foule à leur rencontre.
_ Papa ! Kate ! Je suis contente de vous voir !
La joue de mon père se presse affectueusement sur la mienne, un court instant. Bien que je n'apprécie pas les embrassades, je suis heureuse de le retrouver. Une attitude assez contradictoire, je le conçois. Kate m'enlace doucement à son tour, souriante et avenante, comme à son habitude. Bientôt les cris tantôt graves et tantôt aigus de mon chat prennent toute la place. Je grimace comme pour atténuer leur nuisance sonore. Les yeux marrons verts de mon paternel me fixent avec amour avant de se saisir rapidement de mon chargement et de hâter le pas vers la sortie. Les miaulements rauques de minette l'accompagnent attirant de nombreux regards sur son passage. Je ne peux retenir un rire sur le comique de situation. Mon père déteste les lieux bruyants, tout comme moi, d'ailleurs.
Posant doucement sa main sur mon épaule, Katelyn m'encourage à lui emboîter le pas. Ses grands yeux bleus m'observent avec bienveillance alors qu'elle s'enquiert de mon état de fatigue latent. Agée de dix ans de plus que moi, Kate sait rester sobre tout en conservant une certaine classe vestimentaire. Ses longs cheveux retombent dans son dos en une cascade de boucles blondes sur une robe teintée de couleurs claires. Complimentée pour mes progrès dans la langue de Shakespeare, je m'efforce de donner le meilleur de moi-même mais l'épuisement a bientôt raison de moi. L'air chaud de Miami commence à bruler ma peau et à pénétrer mes pores, réchauffant aussi bien mon cœur que mon esprit. La chaleur agit sur moi comme une thérapie et éloignen les ondes négatives.
Le parking de l'aéroport est rempli de voitures tout aussi étonnantes les unes que les autres ; des Mustang, des Dodge, des Chevrolet. Mon cœur tambourine plus vite à chaque découverte et mon regard s'accroche sur chaque détail. J'ai l'impression d'être dans un film. Lorsque je me rapproche de la V8 de mon père, j'accuse le coup un moment, figée sur place. Je n'imaginais pas une seule minute que je monterai dans un de ses petits bijoux. La passion des voitures est une des choses que j'ai en commun avec lui.
Installée à bord de la Chevrolet Camaro, j'embrasse le paysage qui défile sous mes yeux ébahis pendant que minette ne cesse de chanter à tue-tête. Cassant les oreilles de tout le monde, au passage. Caressant son poil ébène, je m'applique à la rassurer tout en profitant de la vue. Mon regard se promène vers les routes bordées de palmiers qui offrent un cadre idyllique. C'est tellement séduisant que je me perds dans leur contemplation. Non pas que je n'aie jamais vu ces sortes d'arbres mais plutôt qu'ils ont une majesté bien différente de ceux que je connais sur la Côte d'Azur. Mon effervescence est pour beaucoup dans ce jugement.
Alors que la voiture longe la Sw 27th avenue, je découvre un endroit au climat chaud et humide, rempli de nombreux gratte-ciels lorsque l'on passe à proximité de Downtown. Un cadre paradisiaque en bordure de ces routes immenses. Si vastes que le paysage en devient presque gigantesque. Et cette immensité est quelque peu angoissante pour moi, qui n'y suis pas habituée. Mon cœur se serre à cette seule idée et ajoute une pointe d'inquiétude à mon enthousiasme sautillant.
Laissant de côté cet aspect insolite, je profite de la petite balade, à travers certains quartiers comme Little Havana, paré de ses habitations aux couleurs vives, Coral Ways, un quartier résidentiel un peu sobre. Des lieux que Katelyn me promet de me faire visiter prochainement.
Quelques minutes plus tard, nous arrivons sur Coconut grove, un des quartiers chics de Miami. Mon père me rappelle que l'Océan n'est qu'à quelques mètres, que le temps est sublime toute l'année et qu'il est certain que je vais adorer. J'en suis convaincue moi aussi.
Lorsque la voiture s'arrête sur E. Glencoe street, nous déchargeons mes bagages pendant que je me tiens devant cette vaste villa dont mon père m'a longuement parlé ;
D'un style contemporain, elle s'étale sur quelques mètres, entourées de majestueux palmiers. Ses murs d'albâtre tranchent avec les tons siennes du toit. Le rez-de-chaussée compte un séjour et une cuisine américaine aussi grand que l'appartement que nous avons sur Aix-en-Provence. Derrière et donnant sur une immense terrasse avec solarium, une piscine dont les eaux turquoises m'évoquent le paradis.
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