Début de roman (pour Isabelle K.)

Et soudain, un rayon de soleil éclaircit le ciel couvert.

Le rayon de lumière providentielle désignait son chemin. Tel un phare, cette simple demeure aux lattes en bois identique aux voisines, s'annonçait comme le but final d'une quête.

Il s'immobilisa quelques instants devant la porte et respira profondément une fois, deux fois. Autant que nécessaire pour retrouver son calme... et le conserver.

Enfin apaisé, l'angoisse dissipée, il leva sa main droite laissa un index ganté presser fermement la sonnette, suffisamment long pour ne pas avoir à insister.

De l'intérieur, le bruit des pas résonna et sa tension monta. Désormais, c'est en apnée qu'il attendait l'ouverture de la porte.

Un "J'arrive !" précéda le petit cliquetis du Judas, qu'il fixa du regard en esquissant un léger sourire.

Silence mortuaire. Il comprit alors que sa présence n'était pas désirée. Néanmoins, il demeura là, tête baissée, cherchant les mots précis pour entamer un éventuel dialogue… ou le fuir cordialement.

Finalement, la porte s'ouvrit dans un fracas violent.

— Vous ? Que faites-vous là ? Comment osez- vous !

Autrefois, il aurait comparé cette femme furieuse à une harpie, une mégère, la belle-mère dont personne ne veut. Ce n'était plus le cas maintenant. Ses cris, sa colère n'avait pas changé depuis leur dernière entrevue. C'était quand déjà ? Deux ans ? Le temps passe vite ou lentement selon le degré de douleur. Pour lui, sa douleur a été chimiquement anesthésiée, mais pas pour cette femme. Il était évident que pour elle, la situation n'avait fait qu'empirer depuis leur dernière rencontre.

Il n'eut pas d'autre choix que de recevoir l'avalanche d'insultes sans rien dire, sans baisser le regard. Lorsqu'elle eut terminée, d'une petite voix il s'excusa poliment de l'avoir importunée, qu'il espérait que sa fille allait bien, qu'il aurait voulu qu'elle sache qu'il...

— Dégagez ! l'interrompit la femme, la voix cassée par les sanglots et la colère. Partez ! Partez immédiatement !

Contrairement à leur dernière rencontre, il fut ému cette fois-ci par le désarroi de cette femme. Elle l'avait bouleversé. Était-ce de la tristesse ou du désespoir qu'elle ressentait ? Il ne lui incombait pas d'en savoir plus et fit demi tour. Lorsqu'il descendit du perron, le ciel s'assombrit à nouveau.

— Attendez !

Il se retourna et vit la dame courir vers lui, le visage dévasté par les larmes. Contre toute attente, elle saisit ses manches, et le serra fort dans ses bras. Ses yeux suppliants gorgés de larmes l'agrippèrent aussi fort que ses mains.

— Ramenez-la moi ! S'il vous plaît ! Trouvez-la ! Trouvez ma fille ! Je sais que vous pouvez! Je vous en prie ! Cela fait deux ans qu'elle est partie ! Je n'en ai plus de nouvelles !

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