Des dizaines d’enfants sont portés disparus.

Après celui dont on ne doit pas prononcer le nom, un nouveau fléau s’abat sur nous. Mais que se passe-t-il ?

Nous ne l’avions pas envisagé, mais le Covid19 (oui, je le nomme, car je n’en ai pas peur. Enfin presque pas.) a eu des répercutions atroces sur une catégorie bien précise de personnes : les parents, et surtout, les parents d’adolescents !

Monsieur le Président de la République, je m’adresse à vous : aviez-vous pensé que gérer nos adolescents 24 heures sur 24 allait nous rendre fous ? Je vous le dis, revoyez votre boule de cristal, bientôt le Covid sera le dernier de vos soucis. Vous aurez à gérer les appels de parents désespérés, à bout, ne sachant plus quoi faire, des parents en plein burn out !

Si quelqu’un lit ces lignes, je suis désolée, j’aime mes enfants plus que tout, mais, bordel, il faut le dire, j’ai vraiment envie de les massacrer parfois !

Enfin merci, on est vendredi, et ce soir je compte bien relâcher la pression autour d’un verre de vin !

La journée, comme de routine, a commencé avec mon petit tour en extérieur. Je ne m’en lasse pas, je fais des découvertes tous les jours. Tiens, par exemple ce matin, j’ai remarqué une nouvelle crotte, une crotte différente, trop petite pour être issue de mon gros labrador de 40 kilos, mais trop grosse pour venir de mes chattes (qui soit dit en passant, sont très propres, et ne laissent pas leurs excréments visibles). Mais à qui donc est cette crotte ?

Voilà une excellente énigme avant petit déjeuner. Il n’y a pas à dire, on ne s’ennuie pas pendant ce confinement.

Ensuite tout s’est déroulé comme de coutume, travail, ménage, arbitrage dans les disputes des ados, et tarte aux framboises, histoire d’ajouter un peu de fun à cette journée !

Je n’ai pas écouté les infos, ni regardé la télévision, histoire de ne pas entamer ma bonne humeur du jour.

Arrive enfin l’heure tant attendue, l’heure de l’apéritif du vendredi soir !!

Exprimé comme ça, je me rends compte que cela peut faire de moi une sorte d’accroc, limite dépendante. Quelle tristesse. I don’t care. Je n’ai pas honte de le dire, j’aime être tranquille sur mon canapé, avec mes enfants et mon mari, un petit verre de blanc, des biscuits salés et des mini pizza, car le bonheur, après tout, n’est-il pas dans les piccolini ?

Notre petite routine du soir est de regarder une émission de télé, où la règle est de trouver les paroles manquantes des chansons. Le but de mon mari et mon fils est d’essayer d’entendre les candidats chanter pendant que ma fille et moi vivons un grand moment de karaoké.

Je suis plutôt bonne à ce jeu, j’entends, pour trouver les paroles, pas pour chanter.

Généralement, et c’est encore le cas ce soir, après deux verres de vin, pfffiou, je n’ai plus vraiment envie de faire quoi que ce soit, (deux verres et c’est bon, petite joueuse que je suis) donc, on grignote. Et vient l’heure des informations du soir.

Vu ce qu’on nous raconte, heureusement que j’ai déjà deux verres de vin dans le sang, car il y a de quoi avoir peur. La France compte désormais presque 2 000 morts, on nous apprend que le confinement durera au moins jusqu’au 15 avril, que les avions de l’armée de l’air ont été réquisitionnés pour le transport de malades sur d’autres hôpitaux, qu’il n’y a plus de lit pour accueillir les malades du Covid en Seine Saint Denis et enfin, et pire que tout, on apprend qu’une jeune demoiselle de seize ans, sans problème de santé antérieur, à succombé à cet enfoiré de virus !

En entendant cela, mon fils a peur, et je me mets à sa place. Depuis le début on nous dit que cette tranche d’âge ne craint quasiment rien. Et bim !

De toute façon, plus rien ne m’étonne, on (et je ne sais pas vraiment qui englobe ce « on »), nous dit uniquement ce qu’on veut bien nous dire, info, infox ou autres, finalement comment savoir ce qui est vrai du reste ?

Nous sommes là, tous les quatre, et je sens le malaise dans les yeux de mon fils, et j’ai le sentiment qu’il faut rapidement changer de sujet, car rien ne doit plomber ce moment : on est vendredi soir, le week-end commence, soyons heureux d’être ensemble et en bonne santé.

Le présentateur TV nous montre maintenant des photos de New-York, quasiment déserte. New-York, où nous avons prévu un voyage, THE voyage, en famille dans the big city. Heureusement pas tout de suite. Après. Quand tout ira mieux. Car tout ira mieux ?

C’est le moment parfait pour changer de conversation : j’attrape un biscuit au fromage et je dis à ma fille que quand nous irons aux USA, je lui montrerai la taille et la couleur des cheetos au fromage là-bas. Elle me demande pourquoi, et je lui réponds « Tu vois, à New-York, les cheetos au fromage sont énormes et d’une couleur orange fluo. » Elle ne semble pas me croire, alors je lui réponds qu’ils sont tellement orangés, que pendant les concerts aux USA, les gens les utilisent en guise de briquet, la main levée le cheetos en l’air ! Elle me répond « c’est vrai ? », et là, elle me fait ma journée ! Pouf, oublié les craintes et les morts ! Un cheetos et ça repart ! Je l’aime ma fille.

L’insouciance est retrouvée, un morceau de tarte maison aux framboises et un film en famille, le tour est joué. Rien de tel qu’un moment comme celui-ci pour apprécier les choses simples et parfaites de la vie.

Mon fils dirait : c’est si satisfaisant !

La journée se termine ainsi, dans notre cocon, blottis les uns contre les autres, devant un film qui nous fait tout oublier, avec un sujet très approprié pour donner un peu de joie :

Des meurtres commis par un étrange cavalier sans tête.