Gare aux loups-garous !

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Cela fait maintenant plusieurs jours que nous sommes seuls, tous les quatre, dans cette forêt. Arwen, qui connait bien la forêt, puisqu'elle y vit depuis sa naissance, m'a appris tout ce qu'il faut savoir pour y survivre : allumer un feu, construire un abri contre le vent et les intempéries et, surtout, trouver de l'eau et de la nourriture. En ce qui concerne le premier point, c'est simple. Il suffit de casser la couche de glace de la rivière pour récupérer l'eau qui coule en-dessous, ou bien de faire fondre de la neige, mais pour la nourriture, c'est une autre affaire. Comme nous sommes en plein hiver, les végétaux comestibles sont très rares et difficiles à trouver. Il est donc plus simple de chasser. Enfin, simple quand on s'y connait. Je ne suis pas encore très habile au tir à l'arc, bien qu'Arwen m'affirme que je me débrouille très bien. Quoiqu'il en soit, c'est moi qui ai tué le lièvre qui cuit actuellement sur le feu.

Arwen et moi observons sa cuisson en silence. Azur, quant à lui, bien qu'il fixe aussi le feu, est plus interessé par les cendres qui s'y forment que par la viande. Blanche, la licorne de mon amie, creuse la neige avec ses sabots, à la recherche d'un peu d'herbe à brouter.

La lune est pleine et brille dans le ciel obscur, créant de magnifiques reflets argentés sur la neige. Le calme règne dans la forêt. Seul le sifflement du vent est audible.

C'est alors qu'un bruit nous parvient. On dirait le hurlement d'un loup. Je demande donc à Arwen :

- Il y a des loups dans cette forêt ?

- Oui, quelques uns, me répond la jeune rousse, mais ce que tu viens d'entendre n'en est pas un.

- Qu'est-ce que c'est, alors ?

- C'est un loup-garou. Son cri ressemble beaucoup à celui d'un loup, mais avec le temps, j'ai appris à faire la différence entre les deux. Les loups-garous sont bien plus dangereux. Contrairement aux animaux dont ils prennent la forme, ils ne craignent pas les humains et les elfes et n'hésitent pas à les attaquer s'ils en croisent.

- Si je comprends bien, nous sommes en danger.

- Oui.

- Alors que devons-nous faire ?

- Survivre jusqu'à l'aube. Ce n'est qu'alors qu'ils retrouvent forme humaine.

En disant ces mots, elle attrape son arc et ses flèches, prête à nous défendre. De mon côté, je sors ma baguette en ébène. Il est temps de vérifier l'efficacité de mes entrainements.

Des bruits de pas et de grognements inhumains retentissent bientôt. Ils semblent s'approcher, devenant de plus en plus fort. Azur se redresse et reste immobile quelques secondes, écoutant attentivement, puis il hume l'air. Il arrondit alors son dos, déploie ses ailes et montre les crocs, en grognant. Blanche, quant à elle, se tourne vers l'origine des étranges bruits et baisse la tête de façon à pointer sa corne dans cette direction, en râclant le sol de ses sabots.

- Allez vous-en, ordonne Arwen d'un ton calme, mais autoritaire. Vous ne ferez pas le poids face à ces créatures et nous ne pourrons pas combattre convenablement si nous sommes occupées à vous protéger. Allez, partez !

La licorne obéit aussitôt à sa maitresse, mais vient d'abord frotter ses naseaux contre son visage pour lui témoigner une marque d'affection. Azur ne suit pas l'élégante créature qui s'éloigne au galop. Il reste auprès de moi. Je me penche donc vers lui pour lui parler, d'une voix douce :

- Je te remercie de vouloir me protéger, mais Arwen a raison, tu n'es pas de taille à affronter un loup-garou. Et, surtout, je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. S'il te plait, Azur, va-t-en. On se revoit tout à l'heure.

Il me fixe de ses petits yeux bleus, hésitant. Je lui souris :

- Fais-moi confiance.

Alors il déploie ses ailes et s'envole dans la même direction que celle empruntée par la licorne un peu plus tôt. La jeune elfe me dit :

- Tu peux partir avec eux, si tu veux. Je pourrai me débrouiller seule.

- Non, je reste à tes côtés. Je te dois bien ça après tout ce que tu as fait pour moi.

- Alors nous resterons toujours ensemble, pour le meilleur comme pour le pire ?

- Oui.

Nous échangeons un sourire. Au même moment émerge d'entre les arbres une imposante créature recouverte d'une fourrure argentée. Elle a de petits yeux noirs et d'énormes canines blanches dépassent de sa gueule. En nous remarquant, elle grogne férocement et nous menace de ses longues griffes acérées.

Lorsqu'elle se jette sur nous pour nous attaquer, mon amie fait apparaitre une longue liane dans sa main dont elle se sert pour attraper l'une des jambes du loup-garou, le faisant trébucher. Elle dégaine ensuite l'une de ses flèches et la place rapidement dans son arc pour tirer sur la créature, la touchant du premier coup. Le loup-garou pousse un terrible hurlement lorsque la flèche vient se planter dans son dos.

Pendant ce temps, un bruit attire mon attention, il provient de derrière nous. Je me retourne pour voir arriver deux autres loups-garous. Bon sang, il y en a une meute entière ou quoi ? !

Je pointe ma baguette sur le plus proche et prononce la formule du sortilège de répulsion :

- Repulsio !

Cela a pour effet de projeter la bête plusieurs mètres en arrière. Je m'attaque ensuite à la deuxième :

- Ignis !

Oui, le sortilège du feu peut aussi s'avérer très utile lors des combats. Le pelage brun du loup-garou s'enflamme. Ce dernier hurle à cause de la douleur causée par les brûlures. Son congénère, furieux, se jette sur moi. Je recule précipitamment, mais ne parvient pas à esquiver ses griffes acérées, qui viennent entailler ma chaire au niveau du bras. Je pousse un cri de douleur et tombe au sol. Mon sang commence à se répandre sur la neige blanche, la tâchant d'une flaque écarlate.

Arwen se retourne en sursaut en entendant mon cri de douleur et, me voyant au sol, blessée, elle crie :

- Emma !

L'une des créatures nocturnes en profite pour l'attaquer, mais elle parvient à esquiver son assaut avec une grande agilité. Elle décoche ensuite une flèche, que le loup-garou esquive à son tour.

Mon amie elfique s'efforce à présent de me protéger de ces terribles bêtes, car la douleur causée par ma blessure est si violente qu'elle m'étourdit. Je suis incapable de me relever. Je ferme les yeux et pense :

" Nous sommes encerclées, nous ne pouvons donc pas fuir. Et quand bien même Arwen tient face à eux jusqu'à l'aube, je me serai déjà vidée de mon sang d'ici là. Sans compter la forte probabilité qu'elle finisse elle aussi blessée ou tuée avant le lever du soleil. Ah, nous sommes vraiment dans la panade ! À moins qu'un miracle n'intervienne, je ne vois vraiment pas comment on peut s'en sortir."

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