13. J’ai avalé trop de silence
Une minute de lecture
13. J’ai avalé trop de silence
J’ai avalé trop de silence,
à force de vouloir
ne pas déranger.
Je retenais mes mots
comme on retient sa respiration
sous l’eau.
Et je suis restée là,
sous la surface,
à faire semblant de flotter.
J’ai mordu ma langue
quand elle voulait crier,
souri quand je voulais hurler.
Et personne n’a rien vu.
Chaque silence était un mur.
Et j’ai vécu entourée de murs
que j’ai moi-même construits.
Je me disais :
ça passera,
ça ira,
je suis forte.
Mais même les murs
finissent par se fissurer
quand on n’a plus rien à leur dire.
J’ai avalé trop de silence
et maintenant,
il parle à ma place.
Dans mes gestes raides,
dans mes soupirs trop longs,
dans mes nuits
où je dors mal
parce que je pense encore
à tout ce que je n’ai pas dit.
Annotations