19. Ce corps est à moi

Ce corps
que j’ai trop souvent offert
comme un abri
à ceux qui n’en faisaient qu’un passage.

Ce corps
que j’ai laissé toucher
sans toujours oser dire
ce que j’acceptais,
ce que je refusais.

Ce corps
que j’ai parfois détesté,
plié,
caché,
brisé sous les regards
qui ne voyaient pas.

Aujourd’hui,
je pose mes mains sur lui
sans honte,
sans excuses.

Je lui parle bas.
Je lui dis pardon.
Je lui dis merci.

Chaque courbe,
chaque cicatrice,
chaque pli de peau
porte mon histoire.

Ce corps est à moi.
À moi seule.

Il n’est plus un terrain
pour les conquêtes des autres.
Il est ma terre ferme,
mon rivage.

Et je l’aime
comme on aime enfin
une maison
où l’on choisit d’habiter.