7.Premier écart
Les bonnes résolutions d'Elsa ne durèrent que trop peu. Très vite, son naturel reprit le dessus, avec un goût démesuré pour la provocation, avant ou après les cours. Son nouveau boy-friend l'accompagnait désormais systématiquement à la porte de ma salle. Ils n'hésitaient pas à s'enlacer, à s'embrasser sous mes yeux. Les mains baladeuses de son petit ami sur son postérieur, voire carrément dans sa culotte - ou son string, à l'époque nous n'étions pas encore assez intimes pour que je le sache vraiment - tout cela était voulu, délibéré pour me troubler. Parfois, j'intervenais pour leur dire que ce n'était ni le moment ni l'endroit pour s'adonner à ce genre de plaisir.
Un soir, après avoir rassemblé mes affaires, je les surpris même en train de baiser dans la montée d'escalier de l'école de musique. Je dus les apostropher et les chasser de ce lieu pour pouvoir en fermer les portes. Elsa me toisa alors d'un regard défiant. Je pris sur moi pour ne pas lui montrer ma rage, je ne voulais pas lui offrir cette satisfaction. Néanmoins, je bouillonnais à l'intérieur, l'indignation et la jalousie me tenaillaient. Son comportement m'exaspérait, mais plus je lui en faisais la remarque, moins elle m'écoutait. Aussi, je décidais de devenir intransigeant durant mes cours, et nos rapports se détérioraient de semaine en semaine.
Puis, à la mi-novembre vint l'inéluctable, cet instant que je repoussais depuis si longtemps. Alors que j'allais à nouveau lui reprocher son laxisme avec une irritation palpable, elle su manœuvrer pour m'amadouer en évoquant mon sujet de prédilection, ma passion pour la musique.
- Tu sais, Patrick, je n'ai plus cette fascination pour le piano, celle que j'ai ressentie lorsque je t'ai entendu en jouer la première fois. Aussi, j'aimerais savoir comment tu as su que cet instrument allait faire partie intégrante de ta vie ?
- Ca remonte loin, à l'époque de mon enfance. J'avais cinq ans lorsque j'ai entendu pour la première fois ma grand-mère maternelle jouer la "Lettre à Elise" de Beethoven au piano. Son interprétation m'avait ébloui. Elle n'aimait pas jouer en public ni se donner en spectacle, mais depuis ce fameux jour où elle m'émerveilla, elle se mettait au piano à chaque fois que je le lui demandais. C'est elle qui m'a appris à jouer. Puis ce fut l'entrée au conservatoire contre l'avis de mon père pour qui ces futilités ne permettaient pas de gagner sa vie. Et pour toi, dis-moi, qu'évoque le piano ?
- Un instrument hyper érotique sur lequel le craquant Richard Gere culbute la féline Julia Roberts dans "Pretty Woman"…
- Tu es vraiment obsédée par le sexe !
- Oui, pourquoi ? Pas toi ?
- Je n'y pense pas continuellement non.
- Oh, à d'autres hein !
- Non, franchement, je t'assure...
- Arrête ton cinoche, Patrick, t'es comme tous les mecs ! Alors ne me dis pas que c'est mon QI qui t'intéresse quand tu louches sur mon décolleté…
Elle avait encore marqué un point. Mais comment pouvais-je détourner mes yeux de sa poitrine opulente lorsqu'elle l'affichait ainsi. Je ne savais quoi répondre, je rougissais à vue d'œil. Sans se départir de son sourire narquois, elle finit par poser sa main sur mon entrejambe et mesura ainsi l'étendue de mon excitation, de mon envie d'elle, si impérieuse.
- Non, je ne pense pas que ce soit mon QI qui te fasse pareil effet !
Oh Elsa, si tu avais pu ôté rapidement ta main de cet endroit, j'aurais eu beaucoup moins de difficultés à contrôler mon esprit volage et mes mains baladeuses ! Mais elle continua en déboutonnant mon jean, en usant de ses doigts et de sa bouche pour me donner du plaisir. Je fermai les yeux, j'étais bien, comme dans un rêve. Elle avait allumé le feu en moi, je voulais plus, bien plus que cela. Je la relevai, enlevai prestement ses vêtements, trop avide d’elle, pour caresser sa peau, ses seins et abandonner ma langue et mes phalanges fébriles dans ses abîmes rousses. Rousses comme la crinière de Mylène, dont la voix susurre à l'oreille des hommes qu' "il n'y a que ça qui nous gouverne" (1), le sexe sous toutes ses formes, au féminin de préférence. Je l'allongeai sur le dos sur le capot fermé du piano à queue qui n'avait jamais aussi bien porté son nom.
Et je la pris comme dans ses fantasmes, coulissant d’abord lentement entre ses cuisses qu’elle resserrait autour de mon bassin comme une invitation à l’aimer. Son antre était chaud et humide de désir pour ma verge qui la forait en profondeur dans un lent va-et-vient. Puis, ses râles de plaisir, conjugués aux miens, me convièrent à honorer plus violemment son corps et sa chatte, mes coups de boutoir s’accélérant brutalement dans un rythme plus convulsif, mes mains agrippées à ses hanches, cherchant à tout prix à décupler notre extase charnelle jusqu’au tréfonds de ses entrailles, encouragé par son timbre amplifié de la jouissance que mon vit lui procurait. Au bord du coït suprême, je me retins en me retirant de son intimité si exquise pour la pénétrer presque aussitôt en levrette, dans une position plus animale. Le va-et-vient que je lui assénai avec fougue, sans plus aucune retenue, toujours soutenue par ses tonalités suraiguës, décupla mon plaisir orgasmique qui explosa en elle dans un souffle guttural ; nous restâmes ainsi un moment l'un dans l'autre, nos deux corps fatigués enchevêtrés sur le piano dans une position inconfortable, mais tellement délectable…
Je ne la raccompagnai pas, j'avais besoin de marcher après notre joute charnelle, pour faire le point, réfléchir, peut-être même oublier. Après un dernier baiser fougueux et passionné, je refermai les portes de l'école et partis me balader sur le littoral.
(1) : Paroles extraites de la chanson de Mylène "L'âme-stram-gram".
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