10.Corps à corps et répétitions
Le mercredi suivant, j’attendais Elsa pour son cours… ou pour autre chose. Mais je ne savais pas si elle reviendrait. Peut-être était-elle parvenue à son unique but, que cela lui suffisait. J'avais laissé la porte entrouverte et m'étais mis au piano. J'interprétais "A la gueule des noyés" de Calogero (1). Elsa apparut dans l'encadrement de la porte. Elle m'écoutait chanter et m'accompagner au piano, mais je ne la voyais pas, les yeux rivés sur ma partition.
" Il sait que l'aube est infidèle
Et son destin comme cette houle
Qui ne déploie jamais ses ailes ;
Il sait que rien n'est plus cruel
Que le silence que la mer roule
Comme une caresse ou un appel
Il sait (…)
Alors les dents serrées
Il jette ses galets
A la gueule des noyés
Pour voir la mer pleurer "
Elsa m'applaudit en souriant. Mes yeux croisèrent son regard et je lui rendis son sourire. Ses mèches rousses encadraient son merveilleux visage. Sa peau était pure, son teint lumineux, elle était magnifique. De sa démarche féline, elle s'avança vers moi :
- Bonjour Patrick.
- Salut Elsa. Tu es là depuis longtemps ?
- Suffisamment pour apprécier ton talent.
- Merci, répondis-je, empourpré par son compliment, son admiration. Ta venue est une surprise !
- Vraiment ? Agréable j'espère…
- Très agréable, oui ! Apparemment, mes cours ne te lassent pas… Que veux-tu faire aujourd'hui ?
- La même chose que la dernière fois…
Elle me donna un baiser, aussi fougueux que passionné.
- Je ne savais pas que la musique classique te plaisait autant ! repris-je, à moitié sonné et quelque peu décontenancé par la spontanéité de son élan.
- Tu sais très bien ce que je veux dire…
Ses mains et sa bouche s'occupèrent de mon corps avant que je ne m'occupe du sien. Une effusion charnelle moins empressée que la précédente, plus douce, plus tendre, le temps devenant désormais notre allié dans cette parenthèse que l'on s'accordait. Il n'y avait dès lors plus aucun doute dans mon esprit, mes leçons de piano allaient se transformer en rendez-vous galants hebdomadaires avec elle... Cette idée, à mesure que je l'effeuillais de son corsage et des bonnets qui emprisonnaient ses seins, vertigineux Everest dont mes mains, ma langue et ma bouche aimaient se repaître, ne fit qu'accroître le désir incandescent qui érigeait prodigieusement ma verge. Nous étions complètement nus, soupirant des plaisirs que l'on se donnait l'un à l'autre, nos yeux s'accrochant, se happant parfois dans un sourire évanescent répondant à ces caresses et à l'amour que l'on se faisait. Je ne la baisais pas, c'était bien plus fort, infiniment plus fort que ça. Parce que quand on aime, la jouissance de ces moments volés n'en est que décuplée...
Au fil de nos séances, il me fallait néanmoins la préparer aux "Instants de Noël". Nos joutes charnelles se ponctuaient donc de quelques répétitions. J'avais privilégié le chant, contournant ainsi la difficulté de lui apprendre à jouer un morceau. J'avais choisi un duo, une chanson méconnue qu'Yvette Hammond et Calogero interprétaient ensemble sur son deuxième album, "Juste un peu de silence". Seulement, une heure de répétition par semaine, surtout lorsque les corps s'emmêlaient, c’était un peu court. Nous débordions fréquemment sur l'horaire prévu, rendant ainsi la mère de mes filles de plus en plus irascible. Le parfum d'Elsa sur mon corps ou mes vêtements n'arrangeait rien. Je finis tout de même par lui demander la fragrance qu'elle portait. Elle me répondit "Secret Elixir" d'Eau Jeune, un vrai philtre d'amour qui me faisait totalement chavirer.
(1) : chanson écrite par Françoise Hardy et Calogero.
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