18.L'amour en solitaire

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La veille de mes retrouvailles avec Elsa, je passais la soirée seul dans mon nouveau meublé de 30 mètres carré. Je tournais comme un lion en cage. Un peu plus tôt dans la journée, j'avais reçu le texto d'Anna qui me disait qu'elle se doutait de mon absence de sentiment amoureux à son égard. Elle regrettait simplement ma lâcheté, celle de n'avoir pas su le lui avouer les yeux dans les yeux. Elle ne m'en voulait pas, elle m'assurait que notre amitié n'en était pas affectée, qu'elle s'était donnée à moi en connaissance de cause. Elle ne disait rien de ses illusions déçues. Je ne pouvais abuser davantage de sa gentillesse et de son corps, noyer à nouveau mon ennui et ma solitude dans ses bras pour la laisser tomber le lendemain. Il fallait que je me fasse à cette nouvelle vie. Sans femme et sans enfants.


Assis devant mon écran, je songeais à Elsa. Elle me manquait. Terriblement. Physiquement même. Je décidai d'insérer le film pornographique que j'avais loué en fin d'après-midi en prévision de cette soirée en solitaire dans le lecteur de DVD. La vision des aventures sexuelles de Rocco Sifredi et de son sexe d'étalon, très éloignées de celles plus terre à terre de "Rocco et ses frères", ne m'enthousiasma guère. La platitude du scénario n'y était pour rien, je m'y étais préparé. Mais regarder ce genre de vidéo tout seul devant son écran, en se masturbant comme un adolescent boutonneux rêvant de sa première expérience, c'était frustrant. La projection en présence d'Elsa n'en aurait été que plus agréable. Les images nous auraient stimulés. Après m'être abandonné dans sa bouche et entre ses mains expertes, nous aurions enchaîné les positions en essayant de reproduire les figures plus ou moins acrobatiques de Rocco avec ses partenaires.


Elsa. Je ne l'avais pas revue depuis "Les Instants de Noël ". Je ne l'avais même pas rappelée. J'avais peur. Peur de m'être trompé. Peur que ma séparation d'avec Valériane n'ait été trop tardive pour la retenir, et finalement vaine. Peur que mes sacrifices familiaux n'aient servi à rien, que les braises de notre amour ne suffisent pour ranimer la flamme de notre passion éphémère.


Je m'endormis ainsi, des images contradictoires se bousculant dans ma tête, avachi sur le canapé, à moitié nu, la verge rabougrie et le sperme maculant mon torse et mon abdomen. Le parfait cliché du pervers se paluchant à longueur de journée devant des films de cul, à cent mille lieues de ce que j'étais, de ce que je voulais être, un séducteur, un homme à femmes.


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