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J’ouvris les yeux lentement. Je me redressai sur les coudes. Le soleil n’était pas bien haut ; il ne devait pas être bien tard. Un peu désorientée, je mis un petit temps à remettre mes souvenirs en place.

Lentement, je tournai la tête vers son lit avec la boule au ventre, peur de voir le lit vide. Etait-il encore là ? Avais-je rêvé ?

Le soulagement m’envahit quand je le vis dormir sur le dos, les bras en croix, un rayon de soleil dansant sur son torse. Et il ronfla soudain bruyamment. J’eus un petit rire nerveux, mais me tus rapidement.

J’entendis en bas des tintements de verres et de couverts. Fanny et Andreas étaient réveillés.

Quand je fus en bas des escaliers, ils me regardèrent l'air interrogateur.

- Il dort profondément, leur répondis-je.

Ma sœur enclencha la machine à café et se mit à rire :

- Les gars ! Il y a Jimmy Harrys à poil dans notre maison ! Je n’arrive pas à y croire ! Quand les copines vont savoir ça !! dit-elle montant dans les aiguës.

Andreas l’interrompit visiblement excédé par le comportement de sa femme :

- Il est hors de question que tu avertisses qui que ce soit ! C’est clair !?

Étonnée par le ton de son mari, elle ne répondit rien et resta bouche bée …

- Excuse-moi ma chérie, enchaina-t-il rapidement. C’est juste que tu fais tellement ta midinette que ça me met hors de moi..

- Mais tu es jaloux ?! lui sourit-elle tendrement avant de l'enlacer.

Elle l’embrassa délicatement.

Je les enviai immédiatement. Cet amour, cette complicité me rendit nauséeuse. Je détournai les yeux et allai me servir du café. Je m’installai dehors sur la table du jardin, avec une tartine et regardai le paysage apaisé. Le temps était bien plus agréable qu’hier. Le soleil brillait et le vent s’était arrêté. Il n’y avait que de petits souffles rafraîchissants de temps en temps.

- Descends de là, me dit ma petite sœur. On mange là où tu poses tes fesses !

Ma petite sœur, toujours un peu maniaque, me regardait avec son assiette de petit déjeuner, où tous les aliments étaient bien rangés, calculés selon le nombre de calories. Et moi, assise sur la table, tartine de miel dégoulinant sur les doigts, je me sentis soudain la petite sœur. Elle était sur certains aspects tellement plus mûre que moi.

Penaude, je descendis de la table et m’installai sur le banc en face de ma sœur.

On prit notre petit-déjeuner tranquillement. L’air était plus frais. Les rayons de soleil nous réchauffaient doucement. Le parfait Andreas débarrassa la table et fit la vaisselle. Je m’installai sur le transat et profitai encore un peu de la chaleur du soleil, puis allai prendre ma douche dans la salle de bain de la chambre parentale pour ne pas déranger notre invité de fortune.

Vers midi, Mon beau-frère vérifia si il allait bien.

- Il dort toujours, dit-il en descendant les marches. On va déjeuner sans lui.

Ma sœur fit une moue de déception en mélangeant la salade. Ayant déjà dressé la table, je retournai dans le jardin et ôtai la quatrième assiette.

On déjeuna encore dans la tranquillité.

En fin de repas, Fanny retourna à l’intérieur pour aller chercher le dessert, elle revint en courant dehors avec la tarte aux pommes qu’elle jeta sur la table et, toute excitée, chuchota : « La porte de la chambre s’est ouverte… il descend ! »

Au même moment, on vit Jimmy Harrys sur le pas de porte. On le suivit du regard comme des suricates au-dessus de leur terrier. Il s’installa en face d'Andreas à côté de moi, sans un mot, les yeux crispés. Andreas, le sourire aux lèvres, se releva, entra un instant dans la maison et revint à sa place. Il déposa une tasse de café, un verre d’eau avec une aspirine pétillante et des lunettes de soleil devant Jimmy qui sourit en les mettant. Il but plusieurs gorgées de café tandis que nous étions tous à le dévisager, suspendus dans le silence, attendant une phrase, un mot, n’importe quoi.

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