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Nous nous regardâmes en souriant. Je me voyais déjà remonter la piste vers la maison, mais avant que je n’esquisse le moindre geste de retour, il m’enleveloppa dans la couverture que j’avais laissée tomber à mes pieds lors de notre baiser. Il m’embrassa et me fit basculer vers le sol.
- Par terre ? soufflais-je pendant que je m’allongeai enroulée comme un nem sur l’herbe fraîche . On ne va pas avoir froid ?
Il rit doucement face à mon étonnement tout en écartant un pan de la couette. Il se glissa lentement sur moi en guise de réponse. On resta quelques instants à se regarder dans les yeux. La sensation de notre première rencontre ressurgit de ma mémoire; ce premier jour où le vent nous entourait, nous transportant dans une autre dimension, où le temps et l'espace n’avait pas d'importance. Je ressentis à nouveau les mêmes sensations. Ce sentiment d’être seuls au monde, nos regards nous connectant l'un à l'autre.
Nous fîmes l'amour en silence. Autour de nous, il n’y avait que la brise fraîche carressant les plaines, le va-et-vient des vagues léchant les rochers et au dessus de nous des millions d’étoiles frémissant à l'unisson.
J'atteignis un profond et envahissant extase pour la première fois de ma vie et cela me remplit de questions. En 18 années de vie commune avec un homme qui aurait dû me connaître par cœur, jamais je n'avais connu d'orgasme. Pourquoi avec Jimmy y étais-je parvenue dès la première fois ? Le fait qu'il soit connu et qu'il me voulait moi me donnait-il la confiance en moi et en mon pouvoir de séduction ? Était-ce parce que je pensais que je ne le reverrai plus et que je n'avais rien à prouver ? Ou était-ce justement parce que j'étais enfin moi-même sans retenue, sans tabou et que je faisais enfin ce que je voulais et ce que j'avais décidé, goûtant enfin à l’abandon total ?
L’euphorie de ma soudaine liberté explosant et faisant vibrer tout mon corps me surprit avec délectation. Était-ce donc ça l'harmonie avec soi-même ? La liberté de l'esprit sans concession, sans sacrifice ? Être soi et vivre pour soi ? Cela allait-il durer ou était-ce juste l'effet de l'adrénaline ? Quand nos corps se délasseront vais-je redevenir cette femme indécise, insignifiante et effacée ?
Une longue étreinte suivit notre union. Je ne voulais pas me défaire de lui. Il m’embrassa à nouveau lentement, puis se mit sur le dos à côté de moi sur la couverture qu'il referma sur moi quand j’eus fini de m’installer sur son torse. Je m’endormis rapidement bercée par les battements de son cœur.
Le froid, aux premières lueurs de l’aube, me réveilla. Je frottai ma joue sur son torse doucement comme un chat réclamant une caresse, humant son odeur sur sa peau. Il avait la chair de poule. Je levai ma tête vers lui, posai mon menton sur sa poitrine et le regardai. Il me sourit.
- On va se réchauffer sous la douche ? proposais-je l'œil coquin.
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