L'envoûtante créature
Doucement, comme si j’entrais dans une eau gelée, je me suis glissée dans les bras de Morphée. J’y étais si bien et le grand astre nocturne était si haut que je n’eus pas la force de bouger. Ainsi, ce fut sur le roman dans lequel sont couchées et enlacées les milliers de pensées qui sillonnent mon esprit que je me suis endormi. Dans les profondeurs oniriques, j’ai rencontré d’innombrables créatures étranges qui s’apparentaient en aucune mesure à ce que j’avais déjà pu imaginer. Dans leurs chants endiablés, elles me priaient de les suivre, mais je préférais les observer danser sans fin autour d’un feu aux mille couleurs agitant bras, jambes, ailes et cornes de toutes sortes au son d’une musique sortie de nulle part. Sans que m’en soit aperçue une merveilleuse créature c’était installé à mes côtés. Sa chevelure couleur des cieux ne fut que peu de surprises face à ses bras en fines branches de cerisier. Elle évoluait simplement agitant, au gré de ses mouvements, les feuilles dépareillées qui couvraient son corps. Je n’étais que peu sûre de ce qu’elle était, mais je n’eus pas le cœur à donner du sens à une telle vision.
Lorsque les créatures entamèrent un nouveau chant tout aussi indescriptible que le premier, elle attrapa ma main et je sentis son cœur battre contre ma peau. Ou alors était-ce les tambours vers lesquels elle m’entraînait ? Nous sommes entrées dans la danse à notre tour et je fis vœu de ne jamais en sortir. Ses cheveux flottaient dans un vent imperceptible et son sourire blanc comme les premières neiges semblait éclairer l’atmosphère à lui seul. Je ne pouvais détacher mon regard de cet être fantastique qui semblait faire tourner le monde autour de ses yeux émeraude. Je fus bien triste quand vint le jour qui me ramena à la réalité monotone, laissant disparaître dans la brume l’étrange féerie de mes rêves.
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