Doucement, elle se releva, comme une fleur qui éclot. La douleur qui lui transperçait le cœur en même temps que le couteau la fit trébucher, osciller d'un pied sur l'autre, au bord des nuages. Enfin, elle tomba. Ses ailes étaient inutiles, sa chute inexorable. Les millions de vies qu'elle avait vécu lui revinrent en mémoire, comme des flashs, ddes extraits de film. De ninja à docteur, de magicien à soldat, en passant par jardinier ou reine. Le ciel était bleu, les nuages qu'elle traversait voyaient leurs gouttelettes rougir de son sang. Elle ne ferma pas les yeux, elle observait sans ciller les oiseaux, le soleil, le monde.

Un bip d'hôpital, comme le compte à rebours de sa mort, sonner dans ses oreilles. Elle perdait prise, la tête lui tournait. Elle se mit à rire alors que la chute s'accélèrait.

Enfant, elle avait été heureuse, peu importe sa vie. Chaque baiser, chaque sourire, chaque regard, elle s'en souvenait. La moindre marque d'affection la ranimer légèrement dans cette chute mortelle. Chaque cadeau reçu, chaque parole prononcée, elle s'en rappelait.

Adolescente, elle avait vécu des disputes, des déceptions, des rejets et des difficultés. Mais elle avait toujours trouvé les gens qui la relevaient, la supportaient et la soignaient. Chaque visage, chaque émotions étaient gravés dans son esprit.

Adulte, l'était-elle vraiment ? C'est quoi être adulte ? L'âge ne fait pas tout, elle le sait... Ce n'est pas à elle de juger de ça mais à la vie. Et celle-ci lui murmure que si, elle a passé ce cap, elle a été adulte. Chaque événements, chaque explosion est dans son âme.

Les battements irréguliers de son cœur, sa respiration saccadée... Tout les mouvements de son corps étaient des rejets de la mort. Elle y était préparée pourtant. Elle avait apprit la Vie, la Mort, le Bien, le Mal, la Vérité et le Faux.

Elle inspira, toussota, cracha un peu de sang et expira. Son corps frêle en chute libre, sa robe blanche vaporeuse tachée de rouge, son cœur élastique, assez grand pour accueillir n'importe qui, un gâchis sans nom que de la voir mourir. Voilà tout ce qui serait déposé au sol lors de la fin. Elle ne s'en inquiéta pas, sa valait le coup.

Pourtant, une larme glissa de ses yeux pour rejoindre les étoiles. Elle essayait de se voiler la face, de se dire que tout était normal, elle ne pouvait pas, tout son être criait la vérité. "Je ne veux pas mourir". Ce murmure, offert au vide, lui échappa. Ce fut le constat qui la frappa après qui la fit rire. "Je VAIS mourir".

Elle pleure, elle rit. Tout se mélange dans une soupe d'émotions indéfinissable. Nul ne s'attendait à la voir tomber du ciel, tous crurent à un ange. Qui sait ?

Le bip se fit de plus en plus incessant que jamais et enfin, elle se posa. Je dis "posa" car on aurait dit que les nuages avaient servis de coussins pour la belle. Les yeux ouverts, débordants de larmes, le sourire aux lèvres, encore un peu sanglantes, elle était morte. La Fin.

Elle l'avait appris à ses dépends. Son corps maigrelet, sa peau laiteuse, ses cheveux d'or, sa bonté. Tout ça morts, gâchés. Sa clémence, sa générositré, son intelligence. Tout ça, au cimetière.

Son âme et son esprit... Nul ne sait...

Mais elle était tombée. Et les gens qui tombent meurent.