De part et d'autre
Au pays de la Durance, j’ai mis toute mon éloquence à te parler du ciel bleu, je ne pouvais pas faire mieux
Au canton de Pennes le Sec j’ai mis c’que j’avais dans l’bec à te conter le soleil, j’pouvais pas faire de merveilles
En métropole de Paris, j’ai mis tout c’que j’avais dit, à te parler d’herbe verte mais la cour était déserte
Dans la ville de Marseille, j’ai tiré de mon réveil, les paroles de berceuses mais ma voix n’est pas porteuse
Dis, quand m’écouteras-tu ? Anonner les sons du vécu ?
Dis, quand m’écouteras-tu ? Annoncer le temps des vertus ?
Dans la plaine de Saint Denis, j’ai mis tout mon appétit du langage à te chanter le plus beau d’tous les étés
Au tréfond des catacombes, trébuchant avant qu’je tombe, j’t’ai parlé du ciel ouvert mais le lieu était couvert
Au fin fond de ma mémoire j’ai raconté mes histoires mais tu ne m’écoutais pas tout le plaisir est pour moi
Dans le royaume de l’Hadès, j’ai redit toutes les messes en latin et en français mais jamais tu n’m’entendais
Dis, quand m’écouteras-tu ? Anonner les sons du vécu ?
Dis, quand m’écouteras-tu ? Annoncer le temps des vertus ?
Avançant dans le métro, croassant comme un corbeau, je t’ai raconté le jour, à jamais et à toujours
Sur une ligne téléphérique, je t’appris toute mon éthique, mais tu regardais la neige et pas mon visage tout beige
Dans notre conversation, tu étais une version de toi-même en épilogue, dédaignant mon monologue
Et enfin quand je me tus, tu me regardas vaincu, je compris dans ton sourire l’exigence d’un soupir
Dis, quand m’écouteras-tu ? Anonner les sons du vécu ?
Dis, quand m’écouteras-tu ? Annoncer le temps des vertus ?
Alors tu parlas tout bas, murmurant ici et là que les fleurs étaient faciles que les hommes étaient dociles
Tu me racontas ta vie empreinte de maladie du bonheur fané qui pleure la solution du malheur
Tu me fis frissonner là, devant mes yeux un pourquoi, tour à tour tu m’expliquas c’que ça voulait dire pour toi
Et enfin quand tu te tus, nous nous retrouvâmes perdus entre des paroles sottes et de la neige dans les bottes
Dis, quand nous écouterons-nous ? Anonner les sons qui sont doux
Dis, quand nous écouterons-nous ? Annoncer le temps du redoux
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