Masques
Promenade où la mousse a poussé
Sous nos pas son odeur fade et molle
Et je guette à ton bras enlacée
Effluves et cris montant du sol
J’entends toute la nausée des femmes
Les froufrous des jupons blancs tachés
Les rires faux des grands messieurs-dames
Qui font la cour en buvant du thé
Moi je hais les parfums hors de prix
La trop feinte passion des amants
Les baisers froids, les paupières qui,
Tels les cœurs, battent trop lentement
Deux roses rouges dans la baignoire
Les flutes de champagne ébréchées
Qui dansent là où l’eau a gelé
Comme enlacées dans la nuit noire
Ravi-moi ravissant ravisseur
Brouillard occulte tout, on n’y voit goutte
Tu devines à peine que je pleure
Là-dessu le grand saule s’égoutte
Allons loin des foules, loin des villes,
Dans un bois, près d’un lac scintillant
Simplement où l’amour est facile
Où la vie nait dans un froissement
Je tremblote car il est bien tard,
Tu pardonnes mes douces folies
Mes pieds dans la vase de la mare
Les salissures de mon esprit
Arrache donc mon cœur et mon âme
Pétris-moi, amour, de tes mains fortes
Sans souci des piques ni des lames
Qui transpercent mon corps, je suis morte
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