Une rencontre surprenante
Sacha entra dans la galerie d'art, ses hauts talons claquant sur le parquet. Elle se dirigea vers l'homme chargé de l'accueil des visiteurs, lui présenta sa carte de visite accompagnée d'un large sourire en spécifiant qu'elle était désolée pour son retard, puis attendit en faisant cliqueter nerveusement ses ongles vernis sur le comptoir. L'homme parcourut du regard son grand agenda, laissant glisser son index le long des noms écrits en colonne puis, ayant enfin trouvé celui qu'il cherchait, indiqua à la jeune femme où patienter, le temps de prévenir Mme Frelet.
Sacha se retrouva donc assise devant un magnifique portrait noir et blanc d'un homme au dos musclé recouvert d'un énorme tatouage . Elle était en train de détailler l'oeuvre quand Lou Frelet s'approcha d'elle.
- Vous devez être Sacha.
- Sacha Line, oui. Enchantée ! C'est un réel honneur de vous rencontrer en personne Mme Frelet !
- Je vous en pris, appelez moi Lou. Suivez moi, je vais vous faire un tour de la galerie, puis nous irons dans les studios prendre un petit thé. Vous aimez le thé ?
Sacha avait du mal à suivre le rythme de la conversation tant Lou enchaînait les sujets rapidement tout en présentant les différents tableaux de la galerie. Elle fut séduite par l'énergie de cette femme qui, sortie de nullepart et en l'espace de cinq ans, s'était fait une place dans le monde de la photographie. Lou avait ouvert ses locaux en proposant une exposition de ses propres photos et avait gagné peu à peu en notoriété au fur et à mesure des critiques élogieuses qu'elle recevait sur les réseaux sociaux. Face à cette nouvelle artiste en devenir, les journaux s'étaient intéressés à cette inconnue qui avait réussit à s'imposer dans ce monde de requins sans avoir à passer sous le bureau.
Repositionnant une mèche rebelle, Lou cessa de parler quand elle remarqua que son interlocutrice ne prenait plus de note sur son calepin.
- Pardon, j'ai tendance à parler très vite quand je suis enthousiaste. Mais en même temps, comprenez moi Sacha, je suis tellement heureuse que vous soyez là pour m'interviewer ! Le Photograph Art Magazine a toujours été mon préféré et j'ai du mal à croire ce qui est en train de se passer... Depuis combien de temps travaillez vous pour le journal ?
- Oh... Ca doit faire à peu près... une semaine maintenant.
- Et vous êtes si jeune ! Félicitation ! Vous avez rencontrez Gabrielle Ticaz ? Est-elle si impressionnante qu'on le dit ?
Sacha rougit jusqu'aux oreilles au souvenir de la tension sexuelle entre elle et sa directrice, sentant son corps réagir à l'excitation que Lou avait provoquée inconsciemment. Son pantalon de cuir lui parut soudain trop étroit et elle regretta presque de ne pas avoir mis de soutien gorge quand elle remarqua que ses tétons durcis tendaient le tissus de son débardeur. Lou remarqua le trouble de la journaliste mais se méprit sur son origine. En posant sa main sur le bras de Sacha pour lui signifier son soutien, elle accentua sans le savoir la confusion de la jeune femme.
- Ca doit être un réel défi de travailler pour une femme aussi puissante que Gabrielle Ticaz. Allons, venez avec moi, on va échanger les rôles pour un temps : je pose les questions et vous me racontez votre vie.
De nouveau, Sacha sentit son poul accélérer. Or ce n'était plus à cause de Gabrielle mais à cause des lèvres souriantes de l'artiste passionnée. La main de cette dernière avait provoqué des picotements aux endroits où leur peau avaient été en contact.
Caché derrière la monture écaille des larges lunettes de la jeune photographe, un discret grain de beauté habillait le côté de son l'oeil droit. Ses yeux étaient maquillés très légèrement contrairement à sa bouche, rendue hypnotisante par un rouge à lèvre écarlate. Sacha fut fascinée par les mouvements de ces lèvres, qui s'entrouvraient, se touchaient, s'étiraient au fil de la conversation. Une danse sensuelle qu'elle aurait voulu regarder des heures durant. Ses émotions étaient en pagaille, surtout quand Lou se mordit la lèvre inférieure dans un tic, et posa par la suite son stylo à l'endroit même où ses dents avaient laissé leurs marques quelques secondes plus tot.
- Voilà donc mon studio. Il vient tout juste d'être rénové, comme vous pouvez le voir. François, peut on avoir une tasse de thé, s'il te plait ?
En attendant les boissons, Lou conduisit son invitée dans le sofa placé non loin de la baie vitrée. En s'asseyant, Sacha ne put retenir un gémissement quand la dentelle de sa culotte vint se frotter à sa féminité déjà trempée. Les yeux rivés vers le sol, elle se racla la gorge, espérant que la musique avait étouffé le soupir provoquant qu'elle venait de pousser. Quand elle releva la tête, Lou fixait sa poitrine sans vergogne. Son coeur rata un battement.
- Vous avez de magnifiques seins. Avez-vous déjà posé nue ? Laissez moi vous prendre en photo après l'interview !
Sacha resta sans voix, sous le choc. Elle tenta de répondre mais les mots restèrent bloqués. Elle ne pouvait détacher ses yeux de ceux de la séduisante blonde qui détaillait son anatomie. De nouveau, son tic érotique liait ses dents et ses lèvres.
- Vous permettez ?
Lou attrapa le menton de la journaliste, le fit pivoter et glissa son doigt le long de la mâchoire. Elle continua en suivant la ligne du cou, de la clavicule puis de l'épaule. Après une pause, elle rompit le contact dans un rire léger.
- Remarquable ! J'aimerais que vous veniez samedi pour une séance. Ce n'est pas négociable. Bon, maintenant, dites moi tout !
L'interview se déroula normalement. Lou Frelet avait reprit son attitude professionnelle et Sacha put en faire de même. Après trois heure de questions, les deux femmes se saluèrent, non sans avoir fixé un horaire pour leur prochaine rencontre. Lou raccompagna son invitée puis retourna à ses activités. De nouveau troublée par l'approche très tactile de l'artiste, Sacha resta un moment devant l'entrée de la galerie afin de retrouver ses esprits. Quand elle se mit en marche, elle bouscula un homme au physique méditerranéen. Se confondant en excuses, elle s'assura que le bouquet qu'il portait n'était pas trop écrasé puis rentra chez elle en taxi. Elle voulait au plus vite échapper à cette journée éreintante autant physiquement que psychologiquement.
Une fois chez elle, elle enfila son kimono de soie, se servit un verre de Bergerac et s'affala devant son ordinateur. Elle avait un article à écrire mais le souvenir du stylo plaqué sur les lèvres entrouvertes de Lou la hantait. Elle dénoua alors sa ceinture et laissa ses caresses la libérer de ses démons.
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