Chapitre 12 - Ton envie pour moi
Lorsque j'ouvre les yeux, le soleil filtre à travers les épais rideaux. Je m'étire silencieusement pour ne pas réveiller Raphaël. Il dort toujours très tard. Je suppose qu'à Paris il doit beaucoup veiller à cause de ses responsabilités.
Je me faufile discrètement hors de la pièce pour rejoindre le bar. Je voulais lui préparer le petit déjeuner mais il n'y a pas de cuisine puisque ce sont les employés qui viennent nous l'apporter.
Je descends dans les cuisines de l'hôtel sans me faire repérer. Je me vêtis de la tenue règlementaire pour passer incognito, puis je dépose des pancakes, des fruits et une tasse sur un plateau en argent. Je sais que Raphaël boit toujours du café alors que moi je préfère le thé.
Le personnel est tellement occupé à préparer des centaines de viennoiseries et petits fours, qu'ils ne me remarquent pas sortir en douce. Je grimpe dans l'ascenseur de service, désert à cette heure-ci puis rejoint ma chambre en espérant que Raphaël dorme toujours.
Je m'assieds sur le lit et pose une main sur son bras. À mon contact, il ouvre les yeux puis se tourne vers moi.
- Alicia ?
- Je t'ai préparé ton petit déjeuner, j'explique en lui désignant le plateau posé la table de chevet.
Raphaël me dévisage avec étonnement.
- Merci beaucoup, dit-il en me faisant un bisou sur la joue.
Je me décale pour qu'il puisse prendre son plateau.
- Je les ai préparés comme si j'étais en mission commando, je m'esclaffe. Je ne sais pas ce qui se serait produit si j'avais été prise la main dans le sac.
- En effet, enchéri-t-il en riant. Je ne pense pas qu'ils soient habitués à voir des clients fortunés traîner dans les cuisines.
- C'est vrai que cet hôtel accueille de grandes célébrités. Ça doit faire partir des bonnes manières de ne pas traîner dans les cuisines.
- En parlant de ça, s'exclame Raphaël. Il n'y a que la noblesse et l'aristocratie qui pratique encore le baisemain.
- Tu dis ça par rapport à la soirée au musée et Rachid, je souligne.
- Dans le monde du business on se serre la main. On fait la bise, si la personne est dans notre cercle personnel, argumente-t-il.
- J'ai appris quelque peu l'étiquette des nobles, j'avoue en le regardant manger.
- Tu seras parfaite parmi eux. Je serais fier de te présenter aux soirées VIP ou plutôt te jeter dans ce monde de requin. Mais je t'avoue que je n'y assiste plus depuis un moment.
- Je comprends tu sois occupé mais il faut que tu sortes de temps en temps.
- Je ne suis jamais autant sorti que cette semaine, ricane-t-il.
- Tu ne vois pas tes amis ?
- Je n'ai pas d'amis Alicia, affirme-t-il d'un ton plus dur. Tout le monde est hypocrite autour de moi.
Il redevient le Raphaël que j'ai rencontré au début mais il est comme ça, et je l'accepte.
- Je suis ton amie Raphaël, je souffle en le prenant dans mes bras sans renverser le plateau. Laisse certaines personnes t'aimer.
Il me rend mon étreinte.
- Ça va faire dix ans que Marie travaille pour moi, se confie-t-il. Je suis sûr qu'elle rêve de voir des bambins remplir cette villa trop grande pour moi.
- Je suis sûre qu'elle t'apprécie.
Raphaël n'ajoute rien et repousse son plateau vide. Je repense aux étranges paroles de la quadragénaire.
- Pourquoi Marie semblait étonné de voir une femme te rendre visite ? je demande curieuse de peut-être percer un secret.
Il se crispe légèrement avant de se détendre.
- Je n'ai jamais eu de femme dans ma vie, alors elle a dû se faire des idées, ajoute-t-il simplement.
C'est bizarre, son corps ne dit pas la même chose, il se crispe légèrement. Je suis sûre qu'il y a quelque chose d'autre.
- Je veux t'offrir une vie meilleure Alicia parce que je t'apprécie mais je ne sortirais jamais avec toi.
Quelque part en moi quelque chose s'éteint mais je ne suis pas surprise par cet aveu. Je ne suis pas amoureuse de lui et pour cause il n'aura pas ma virginité. Je sais maintenant qu'il a des arrières pensés, mais ce n'est pas une obsession, alors ça ne me dérange pas.
- Nous sommes le 25 décembre en passant.
- Oh mon Dieu ! J'ai complètement oublié ! je m'exclame catastrophée.
Avec une chaleur pareille et mes partiels j'ai totalement négligé cette fête. On peut dire que ces vacances de Noël sont inoubliables.
Raphaël se penche sous le lit et sors un gros carton rectangulaire. Je me demande quelle folie il a encore fait.
- Le dernier MacBook Pro, je lis sur l'étiquette. Merci infiniment.
- Je sais que tu en auras besoin. J'ai vu l'état de ton ordinateur et c'est une vraie épave, ri-t-il.
- N'insulte pas mon ordinateur ! je rigole en lui jetant un coussin à la figure.
J'aime ces moments de complicité. Il me repousse doucement puis je me redresse mal à l'aise.
- Je n'ai rien à t'offrir moi.
- Bien sûr que si.
Raphaël me renverse sur le lit pour m'embrasser tendrement. Il essaye de passer une main sous mes vêtements mais je l'en empêche en roulant sur le dos.
- Depuis combien de temps tu ne l'as pas fait ? je demande exaspérée en me levant.
- Je ne sais pas... hésite-t-il. Environ un an. Je ne suis pas un adepte, même si plus jeune je passais plus de temps dans les jupes des filles que dans mes cours d'économie.
Je lève les yeux au ciel puis je sors pour prendre une douche dans ma chambre. J'ai préparé le petit déjeuner en vitesse alors je n'ai pas eu le temps pour me faire belle.
Nous avons passé l'après-midi dans un immense magasin de voitures de luxe. Je suis montée dans une Ferrari, Lamborghini, Aston Martin ou encore une Maserati.
- J'ai déjà une Mercedes et une Audi, a commenté Raphaël. Pour un millionnaire ce n'est rien alors j'aimerais investir dans une voiture encore plus classe.
Après avoir testé plusieurs voitures, monsieur n'a toujours pas fait son choix.
Le soir venu, je suis installée dans le canapé, en face Raphaël. Il est en train de lire un livre d'économie « bien entendu » tandis que je révise mes cours sur mon nouvel ordinateur.
Il me jette des coups d'œil nerveux de temps à autre. Lui nerveux ? C'est l'homme le plus stable que je connaisse : rien ne le touche.
- Je vais me doucher, tranche-t-il en se levant brusquement.
Qu'est-ce qu'il lui arrive ? Il a un comportement étrange depuis que nous sommes rentrés.
Au bout de quelques minutes, je pose mon ordinateur pour me rendre dans sa chambre. J'attends sur le lit que Raphaël sorte de la salle de bain.
Des bruits sourds me parviennent de la pièce et je m'avance lentement. Je pousse doucement la porte de la salle de bain restée entre ouverte. Raphaël est dos à moi sous la douche. J'oriente mon regard sur sa nuque pour ne pas avoir ses fesses dans mon champ de vision.
- Alicia... gémis-t-il.
Je me détourne vite de la porte pour m'effondrer sur le lit.
Oh mon Dieu. Il est en train de se masturber en pensant à moi. Je lui fais donc tant d'effet que ça ? Ou est-ce parce que je suis en nuisette ?
Quelques minutes plus tard, Raphaël sort de la salle de bain, les cheveux mouillés et une serviette autour de la taille. J'aimerais tant lui retirer.
Mais pourquoi je pense à ça ? C'est la première fois que ce genre de pensées concernant les hommes me traverse l'esprit. J'ai l'impression d'être une perverse et je me sens coupable.
Une fois que Raphaël est prêt à se coucher, je m'approche de lui pour le prendre dans mes bras afin qu'il se relâche.
- Je te sens tendu depuis tout à l'heure, je murmure.
Ensuite, je me mets sur la pointe des pieds pour lui donner un baiser sur la bouche. Je romps notre étreinte car je sens quelque chose durcir contre mon ventre.
- Seigneur ! Tu devrais vraiment apprendre à te contrôler, je lui reproche en m'allongeant dans le lit.
- Je ne connais pas le contrôle avec toi Alicia. Ça me fait peur.
Je sais combien ces derniers mots ont dû lui coûter alors je lui prends la main pour qu'il vienne près de moi dans la couchette.
- Laisse-moi t'apprendre Alicia, chuchote Raphaël près de mon oreille.
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