Chapitre 18 - Mystères et confessions

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Je trouve les cours de moins en moins intéressant comparé à la vie que je mène avec Raphaël. Il me paye trois mille euros par mois pour que je l'accompagne à des soirées mais il n'hésite pas à me faire quelques cadeaux de temps en temps. Je discute parfois avec Kelly par téléphone qui veut m'inviter à beaucoup de soirée. À croire qu'elle n'a pas beaucoup d'amis, la pauvre.

En ce samedi après-midi, Kelly et moi sommes dans le salon de la comtesse pour le thé. C'est un évènement réservé aux femmes, invitées lors des soirées de son mari. Les salons du château sont chauds et confortables pour bavarder entre amis.

La comtesse semble m'apprécier et délaisse certaines invitées à mon profit. Kelly s'est jointe à un groupe qui joue aux cartes. Les jumeaux Gunnarson n'ont pas l'air populaire, vu la tête que font les dames en la voyant.

- Je suis contente que Raphaël soit venu avec vous à la dernière soirée, avoue la comtesse. D'habitude, il est très fermé. En votre présence, il semble plus doux.

- Vous connaissez bien Raphaël ? je demande curieuse d'en savoir plus.

- Pas vraiment, il est si fermé, soupire la comtesse. En revanche, nous avons bien connu son père. Que Dieu le garde.

- Que voulez-vous dire madame ?

- Vous n'êtes au courant ? s'étonne la comtesse en se rapprochant de moi.

Je secoue la tête en attendant des explications.

- Diego Castillo est décédé il y a presque trente ans d'une crise cardiaque, chuchote l'aristocrate. Mon mari et lui étaient très proches. C'est pour ça que nous nous inquiétons pour son fils. Cependant, il est un grand homme d'affaire comme son père et c'est une bonne chose.

- Que s'est-il passé ensuite ? je l'encourage, dévorée par la curiosité.

- L'entreprise a été reprise par mon mari le temps que Raphaël grandisse et finisse ses études de commerce. Il a vécu avec sa maman et son demi-frère jusqu'à sa majorité. Malheureusement...

- Alicia j'ai besoin de toi ! me fais sursauter Kelly en interrompant la comtesse.

Elle me prend par le bras en faisant face au regard courroucé de madame. Elle secoue la tête comme pour dire « aucune retenue cette petite ». Je suis moi-même aussi agacée car j'étais sur le point d'apprendre des choses intéressantes sur Raphaël. Jusque-là, sa vie ne me semblait pas extraordinaire mais je sais que je suis encore loin de percer à jour le vrai Raphaël et ses secrets.

Kelly me traîne près de la fenêtre, à l'écart des groupes de femmes.

- Il y a cette dame là-bas qui n'arrête pas de te regarder d'un œil mauvais, commente discrètement Kelly en me la désignant du menton.

- Comme une partie des dames qui ont vu que la comtesse n'a d'yeux que pour moi, je commente en croisant les bras sur ma robe bleu pâle.

- Mais là, elle t'observe depuis le début comme si elle allait te sauter dessus. C'est super flippant, commente-t-elle. Tu ne l'as pas remarqué mais à la soirée de nos retrouvailles elle t'observait aussi.

Je me retourne vers la fameuse observatrice. Elle doit avoir une trentaine d'année mais semble avoir touché à la chirurgie esthétique. Son visage et son corps ne sont pas harmonieux du tout. Elle devait être plus jolie dans le passé mais en voilà une qui a peur de vieillir. Son regard est glacial et sa bouche est pincée comme pour se retenir de commettre une mauvaise action.

- Je la croise à des galas parfois mais je n'ai pas cherché à savoir qui c'était, intervient Kelly.

Je me dirige vers la comtesse qui s'approche de la cheminée avec une amie du même âge.

- Veuillez m'excuser madame la comtesse mais pouvez-vous me dire qui est cette femme-là bas ?

- C'est Jeanne Savage, la femme d'un entrepreneur, me renseigne la comtesse.

- Son mari est complètement fauché à ce qu'il paraît, confie sa voisine. Je ne sais pas ce qu'elle fait encore là.

- Si je peux me permettre, intervient la comtesse, méfiez-vous du frère de mademoiselle Gunnarson et n'approchez pas Jeanne. C'est une mauvaise personne.

- Je suivrais vos conseils madame.

Je me retire dans le couloir lorsque je reçois un message de Raphaël. Il est devant le château et m'attend pour qu'on passe la soirée ensemble. En cette fin d'après-midi d'hiver, je salut mon hôte et quelques invités avant de me quitter la demeure.

- J'espère que ces vipères ne t'ont pas trop embêté, ricane Raphaël au volant de la Ferrari.

- Pourquoi tu dis ça voyons ?

- Parce que je n'aime pas te voir traîner avec les femmes de ce milieu, soupire-t-il. Je ne veux pas que tu penses qu'elles vont t'accepter.

- Et pourquoi donc ?

- Tu sors un peu de nulle part et tu n'es pas née dans une grande famille.

- Et ça fais de moi un paria c'est ça ? je m'énerve en me tournant vers le paysage.

- Ne te met pas en colère contre moi Alicia. Ce sont les principes de ce milieu. Tu devrais le savoir maintenant, soupire-t-il à nouveau. Tu n'es pas comme elles, je veux juste te protéger de leurs manigances.

- La comtesse semble m'accepter, je souligne. Et de quelles manigances tu parles ?

- Ça n'a pas d'importance, tranche-t-il.

- Ta maman aussi a eu des problèmes pour s'intégrer ?

Raphaël pile net et je suis projetée vers l'avant.

- Qu'est-ce que t'a raconté la comtesse ? demande-t-il d'une voix sombre.

Je lui confis ce que l'aristocrate a bien voulu me dire.

- Malgré tout le respect que je lui dois, cette femme à la langue trop pendue, peste mon chauffeur.

Il redémarre en trombe vers le XVIème arrondissement.

- Que se passe-t-il Raphaël ? je demande inquiète.

- Cette histoire ne te regarde pas Alicia, soupire-t-il. Je ne voulais pas que tu connaisses ma vie de famille.

- Je n'ai pas de famille du tout je te rappelle.

Il s'est fermé sur lui-même et je suis vexée par ses manières. Il ne veut rien me dire alors que nous avons vécu des choses fortes. Raphaël rentre le véhicule dans un garage immense où je découvre plein de voitures.

- Elles sont toutes à moi, se vente-t-il en claquant la portière.

- C'est évident, je grommelle en le suivant dans le couloir qui mène à la pièce de vie.

L'endroit est éclairé par des chandelles et Marie nous rejoint dans le salon.

- Je suis heureuse de vous revoir mademoiselle Alicia, avoue-t-elle en prenant nos manteaux et mon sac.

- Moi aussi Marie, je réplique en lui souriant.

Cette femme est vraiment adorable. Raphaël a de la chance de l'avoir. Ce dernier m'indique qu'il a quelques affaires à régler et s'éclipse dans son bureau. Marie commence à préparer le repas même s'il n'est que six heures. Pour ne pas m'ennuyer, je la rejoins en cuisine afin de l'aider.

- Vous n'êtes pas obligé de faire ça mademoiselle.

- Je tiens à vous aider, j'affirme en pelant les pommes de terre. Qu'allons-nous manger ?

- Un gratin dauphinois avec une mousse au chocolat au coulis de framboise, répond-elle pleine d'entrain. Je suis contente que monsieur ai trouvé quelqu'un.

- Nous ne sommes pas en couple, je contre en cachant ma déception.

- Ce n'est qu'une question de temps, s'enthousiasme la cuisinière. Monsieur Castillo vous apprécie et c'est bien rare. S'il ne vous choisit pas c'est qu'il ne vous mérite pas mademoiselle.

- Vous ne connaissez pas la vérité Marie, je soupire.

- En tant que domestique, j'entends beaucoup de choses, chuchote-t-elle. Monsieur tient à son petit frère plus qu'il ne le laisse penser. C'est Mathias qui a suggéré à monsieur de se payer une fille.

Je laisse tomber mon couteau par terre, choquée par ce qu'elle vient de dire.

- Ne vous affolez pas, me rassure Marie. Monsieur n'aime pas ce genre de choses. Il vous a choisi pour vous aider car il a bien vite remarqué que vous n'étiez pas comme les autres. Je l'ai entendu parler avec Mathias l'autre jour. Ce gamin ne m'inspire pas confiance vous savez. Restez loin de lui.

Encore et toujours des avertissements sur telle ou telle personne. Je ne sais plus quoi penser mais ce que je sais, c'est qu'il a bien des rivalités et de l'hypocrisie entre les élites. Je comprends mieux pourquoi Raphaël veut me tenir éloigner de certaines personnes. Si je saisi bien, je dois me méfier des Gunnarson, de la mystérieuse femme et de Mathias.

- Si vous voulez avoir des informations, demandez à monsieur, soupire Marie. Je travaille pour lui depuis presque dix ans alors je ne vais pas vous révéler tous ses secrets.

Nous cuisinons en silence pendant une longue période. Je commence à me perdre dans ce milieu. Parfois j'aurais préféré ne jamais y être entrée. Mais j'aime cet homme. Je pense être la seule personne à faire battre mon cœur.

Une fois le repas prêt, je vais chercher Raphaël dans son bureau. Nous nous installons à la table décorée avec des chandelles et des pétales de roses. Raphaël lève les yeux en comprenant le manège de Marie. Cette dernière nous apporte les plats et je lui indique que nous avons cuisiné toutes les deux.

Après le repas, nous montons à l'étage et Raphaël défait sa cravate. Pendant que j'étais avec la comtesse il en a profité pour passer au siège de l'entreprise.

- Comme convenu, je vais t'apprendre Alicia, susurre-t-il.

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