Chapitre 22 - Trahison
J'ai passé beaucoup de temps avec Sarah ce week-end mais je n'ai pas pu me sortir de la tête ce message codé. Mon amie n'est pas idiote et j'ai donc dû inventer une excuse. Je lui ai dit que ça n'allait pas trop entre mon copain et moi. Elle m'a réconforté et donné des conseils mais je suis embarrassée de lui cacher la vérité.
Durant plusieurs heures, j'ai joué mon rôle à la perfection. J'ai dit à Sarah que je participais à un concours pour gagner de l'argent et que je dois impérativement déchiffrer le code noté sur le papier que je lui tends. Mon amie connaît un membre du club informatique et a proposé de lui rendre visite.
J'ai attendu impatiemment la fin des cours pour me précipiter au club informatique. Sarah se dirige vers un étudiant boutonneux à lunette qui semble absorbé par son ordinateur.
- Excuse-moi, je cherche le président Steven, annonce-t-elle en posant une main sur son épaule.
Le jeune homme se retourne et nous observe quelques secondes comme si nous venions d'une autre dimension.
- Je...heu, bredouille-t-il.
- Sarah ? demande une voix.
Je fais volte-face vers un étudiant au look BCBG et avenant.
- On ne s'est pas vu depuis juin, commente-t-il en s'approchant.
Mon amie rougie en détournant le regard, ne sachant pas quoi dire. Je ne savais pas qu'elle craquait pour les geeks. En plus, Steven est plutôt mignon dans son genre.
- Je suis Steven, étudiant en Master 1 de mathématique, m'informe-t-il en souriant.
- Nous avons quelque chose à te demander, dit Sarah après s'être remise de ces émotions. J'aimerais que tu déchiffres ce code.
Elle lui tend le papier jaune avec le suivie de lettre et de chiffre. Steven regarde attentivement le code avant de lever les yeux vers nous.
- Ça ne devrait pas me prendre longtemps, avoue-t-il en s'éloignant dans la pièce d'à côté.
- Depuis quand tu craques pour lui ? Je lui chuchote à l'oreille. Petite cachotière.
- Il m'a donné des cours de math en première et terminale, se confie-t-elle gênée. Steven est très intelligent et tellement gentil avec moi que je n'ai pas pu lui résister.
- Invite-le à sortir, je suis sûr qu'il accepterait. Qui ne voudrait pas sortir avec toi ?
Elle me regarde embarrassée avant d'acquiescer.
- Depuis que tu sors avec ton avocat, ton look est beaucoup plus chic, me complimente-t-elle en changeant de sujet. Où trouves-tu des bottes Chanel ?
- Dans un magasin qui vend du luxe à des prix cassés, je me justifie sans en rajouter. N'oublie pas de demander un rencard à Steven avant de partir.
Je lui fais un clin d'œil puis j'affronte son regard courroucé. Mon amie n'a jamais eu de petit ami malgré son incroyable beauté alors elle n'est pas habituée à ce genre de moquerie. Quand on parle du loup, celui-ci revient.
- C'est un code employé par les romains il y a plusieurs siècles, m'informe-t-il. Il est relativement connu et simple à déchiffrer. Cependant le message est très étrange c'est pour ça que j'ai vérifié plusieurs fois. Je suppose que c'est pour un jeu de rôle.
Il me tend le papier avec la phrase déchiffrée.
« EMPOISONNEMENT 17H BUREAU » dit le message.
Je regarde ma montre et je constate horrifiée qu'il est reste moins de trente minutes avant l'heure fatidique.
- Je dois y aller Sarah. On se voit demain.
Je me précipite hors du bâtiment avant de courir aussi vite que je le peux au métro. Le temps est horriblement long et chaque seconde rapproche Raphaël de la mort. Je suis tellement en colère contre Mathias d'avoir monté un assassinat. Je suis davantage tourmentée par la raison qui l'a poussé à le faire.
La rame s'arrête dans le quartier des affaires et je sprinte vers l'immeuble de la société sans faire attention aux regards outrés des passants que je bouscule.
Je jaillis dans le hall mais je me fais arrêter par un vigile.
- Où allez-vous comme ça mademoiselle ? demande-t-il sur un ton dur.
- Je dois voir Raphaël ! je réponds d'un air désespéré.
- Monsieur Castillo est débordé. Il faut prendre rendez-vous, gronde-t-il
- Laisse-là passer, intervient son collègue. C'est la protégée du directeur.
Le vigile marque un temps d'arrêt avant de s'écarter pour me laisser la voie libre. L'ascenseur entreprend une montée interminable vers le dernier étage. Il est presque l'heure lorsque je jaillis dans le bureau du directeur sous les regards surpris de Raphaël et Mathias. Tous les deux s'apprêtent à prendre le thé mais je suis là pour les en empêcher.
- Quelle est cette interruption soudaine Alicia ? demande Raphaël mécontent.
- Je ne parlerais pas sans la présence de James.
Mon ton est ferme et mon regard indique que quelque chose de grave se prépare. Raphaël pianote sur son clavier de téléphone et Mathias me lance un regard étrange.
- Que se passe-t-il enfin ? redemande Mathias d'un air innocent.
Quelques minutes plus tard, le garde du corps arrive et les deux hommes se lèvent du sofa. Je sais que James a un contrat de confidentialité et par conséquent n'ébruitera pas l'affaire.
- Cet homme est un manipulateur, je commence en désignant Mathias. Il a monté un plan avec Guillaume pour éliminer Raphaël. Ils avaient prévu de l'empoisonner pour se venger et prendre sa place.
Les trois hommes sont sous le choc mais c'est Mathias qui intervient en premier.
- Cette femme est une menteuse, se défend-il. Elle essaye de m'éjecter de la famille pour prendre ma place.
- Inutile de le nier puisque j'ai surpris ta conversation ce week-end, j'enchérit sans me laisser démonter.
Je suis moi-même surprise par mon courage. Avant de rencontrer Raphaël, je n'étais qu'une personne faible. Aujourd'hui, je suis plus forte et prête à défier un homme dangereux.
Sans un mot James s'approche de Mathias et le plaque contre le sofa pour lui fouiller les poches.
- Arrêtez tout de suite ! hurle ce dernier. Je ne suis pas un meurtrier.
Le garde du corps sort de sa poche intérieure un sachet avec une poudre étrange. Raphaël se tourne vers son frère, le regard dur.
- Pourquoi Mathias ? demande-t-il sans laisser transparaître ses émotions. Tu es mon frère.
Il se libère de James avant d'épousseter son costume et se tourner vers Raphaël.
- J'ai fait tout ça pour elle ! rage-t-il en lui lançant un regard mauvais. Je sais depuis très longtemps que c'est toi qui l'as tué parce que tu n'as pas supporté cette trahison. Depuis ce jour tu l'as détesté et déguisé le meurtre.
- Jamais je n'aurais fait une chose pareille ! s'emporte Raphaël. Je ne suis pas un monstre Mathias. Je n'arrive pas à croire que tu serais prêt à me tuer.
- J'étais sur le point d'y arriver si cette pute ne m'en avais pas empêché, ricane-t-il. Je me suis servi d'elle pour t'éloigner de ton travail. J'aurais dû me douter que les filles comme elles fourrent leur nez partout.
- Laisse-la en dehors de cette histoire, gronde le directeur en s'approchant de moi.
- Je voulais devenir directeur de l'entreprise, rajoute Mathias.
- Je ne vais pas porter plainte contre toi, soupire Raphaël blessé par le comportement de son frère. Cependant, je ne veux plus jamais te voir, toi ainsi que Guillaume. Tu reconnais ma puissance Mathias, alors si par malheur tu décides d'entreprendre des représailles contre moi ou Alicia je te détruirais. Je ne veux pas que tu me pousses à anéantir toute ta vie professionnelle alors je veux que tu quittes le pays et que tu refasses ta vie ailleurs.
Je trouve Raphaël bien trop clément mais je ne peux pas lui en vouloir. Tout le monde finis toujours par le trahir. Le fait que ce soit son frère avec qui il a grandi doit être un réel coup dur.
- Je récupère tout tes biens et James t'envoi dans le premier avion pour Tahiti, affirme-t-il. Passez par derrière pour ne pas être vu. N'hésite pas à utiliser les grands moyens s'il se montre turbulent.
Le garde du corps maîtrise Mathias sans problème malgré sa musculature. Ils sortent tous les deux du bureau.
- Nous rentrons Alicia. Je finirais mon travail demain, ordonne-t-il d'un ton froid. Par sécurité, je veux que tu dormes chez moi ce soir.
- Je veux d'abord que tu m'expliques pourquoi Mathias voulait en arriver au meurtre ? je demande perdue et au bord de la crise de nerf.
J'ai vraiment eu très peur pour Raphaël. Je n'en suis toujours pas remise alors que lui prend les choses avec tellement de calme.
- Je récompenserais la personne qui vient de me sauver la vie avec courage, avoue-t-il en ignorant ma dernière phrase. Je te dois beaucoup.
Nous descendons au garage pour prendre la Ferrari puis mon amant emprunte la route qui mène à la villa. Il ne laisse rien paraître mais je sais qu'au fond de lui il souffre beaucoup. À nouveau il se renferme et je le sens m'échapper encore une fois.
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