Chapitre 43 - Résistance
Comment avait-il pu survivre aux meilleurs combattants Eflamme ? Pouvait-elle se fier à ceux qui venaient de mettre à mort cinq hommes, de sang-froid ? Les questions paralysaient la danseuse, puis elle décida de remettre son masque. Hésiter ne lui servirait à rien, hormis faire transparaître de la faiblesse. Il en était hors de question. Quel rôle devait-elle jouer auprès de ces Naïadiens ? Après plusieurs hésitations, elle en conclut que la vérité était sans doute le pari le moins risqué.
Elle se redressa malgré la douleur des blessures encore récentes, releva le menton et prononça plus fort qu’elle ne l’aurait cru :
— J’ai trahi le roi Eflamme.
— Et il envoie ses meilleurs hommes aux trousses d’une simple Femme de l’Eau ?
— Je suis sa favorite.
Un sourire radieux s’afficha sur le visage de l’homme tandis qu’une femme à la peau bleu nuit avançait à ses côtés.
— Une putain vendue à la cause Eflamme, lâcha L’oïse avec dégoût tout en crachant sur le sol.
— Arrête, tous ceux qui se dressent contre le Peuple du Feu sont nos alliés, encore plus l’une des nôtres.
— Tu es bien complaisant, R’win.
— Et toi, intransigeante. S’ils la capturent, elle est bonne pour l’échafaud. Autant qu’elle vienne avec nous, mais si tu l’accueilles ainsi peut-être préférera-t-elle encore laisser une chance à ce salopard de roi.
Un grognement.
— Merci infiniment pour votre aide, mais je pense qu’il nous faut quitter les lieux au plus vite. Nous allons chez les Eoles, s’impatienta Kamal.
— Qui es-tu, d’abord ? questionna L’oïse.
— Je suis…
— Il est mon garde personnel. Il a choisi de fuir avec moi, mentit R’yline.
Après tout, si ces gens s’opposaient au gouvernement Eflamme, la sécurité de Kamal serait certainement mise à mal s’ils apprenaient son ascendance.
Des points lumineux apparurent au loin.
— Allons-y et vite ! trancha R’win.
Kamal attrapa les paquetages qu’ils se répartirent avant de fuir dans une zone marécageuse. L’oïse aidait R’yline à avancer et tous progressaient dans un silence cérémonieux. Puis, d’un coup, R’win s’arrêta, enchaîna plusieurs signes avec ses mains et la mare adjacente disparut pour laisser place à l’entrée d’un tunnel.
— Par ici !
Lorsqu’ils arrivèrent devant un sas de portes en acier, R’yline sentit son monde vaciller. Malgré l’aide reçue pendant leur progression, il lui avait coûté de suivre la cadence et son corps en payait désormais le prix. Elle sentit ses jambes devenir cotonneuses. Le sol se rapprochait trop vite.
Elle fut rattrapée in extremis par les bras rassurants de Kamal.
Une fois les portes franchies, ils découvrirent un village sous-marin, probablement au fond d’un lac, offrant un ciel ondulant où se déplaçaient poissons et serpents marins. Une sorte de dôme invisible permettait de rester au sec et de pouvoir respirer un air étonnement frais. Malgré son épuisement, la favorite fut émue de la beauté du lieu et des reflets mouvants tout autour d’eux. Kamal semblait aussi hypnotisé qu’elle. Elle sentit un besoin de l'avoir contre elle, mais se retint par peur de mettre en évidence le lien qui les unissait. Moins leurs hôtes en savaient sur eux, mieux cela garantissait leur sécurité. Elle fut conduite dans une large demeure où on lui intima de s’allonger avant qu’une vieille femme ne vienne l’ausculter et ne lui prodigue toutes sortes de soins. Le soulagement des élancements la convainquit de se laisser faire et, peu après le départ de la soigneuse, R’yline sombra dans un sommeil profond.
Elle se réveilla alors que le village était toujours plongé dans le noir. Kamal dormait assis sur une chaise, la tête au creux de ses bras posés sur les couvertures. R’yline lui caressa les cheveux. Elle le sentit bouger et grogner. La Naïadienne hésita afin de ne pas le réveiller mais le besoin de le toucher fut plus prégnant. Elle effleura sa joue, ses lèvres. Kamal ouvrit un œil et l’observa.
— Comment te sens-tu ?
— Mieux. Pourtant, je n’ai presque pas dormi puisqu’il fait toujours nuit.
Le prince se redressa.
— Tu es restée alitée tout un solaris sans te réveiller. Je suis rassuré de te voir reprendre des couleurs.
Il déposa un baiser sur son front. R’yline leva la tête pour toucher ses lèvres. Un goût déjà si familier, réconfortant. Et électrisant. Elle tira la chemise de son pantalon.
— Tu es sûr ? s’enquit le prince.
Elle hocha la tête, les yeux brillants d’envie. Elle aurait mal, sans doute. Mais pouvait-elle se priver de lui jusqu’à son rétablissement complet ? Aucunement. Il finit d’ôter le vêtement avant de se lever pour enlever les draps. La main hâlée se glissa sous la robe pour venir caresser son mollet puis remonter vers la cuisse. Il modela quelques instants cette chair tendre tout en l’embrassant avec plus d’envie. R’yline parcourait le corps de son amant de ses mains fines. Le désir lui fit bientôt oublier toute la souffrance, tous les doutes quant au succès de leur fuite ou l’éventuelle lassitude à venir du prince. Leurs corps savaient l'évidence. La main du prince remonta un peu plus vers la zone érogène tout en prenant soin de ne pas s’y arrêter. Les mains bleutées défirent la ceinture, mais ne purent aller plus loin. Elle voulut caresser l’entrejambe de son amant mais ce dernier la renversa sur les coussins, remontant encore ses doigts de quelques centimètres. La tension dans le corps d’R’yline la prenait en tenaille : quand allait-il enfin assouvir le feu qui attisait tout son être ? Pourtant, Kamal n’en fit rien. Il caressa de nouveau l’intérieur de la cuisse tout en déposant des baisers sur la gorge de sa dulcinée. R’yline laissa échapper un faible gémissement. Comment parvenait-il à la rendre aussi vulnérable et forte à la fois ? Elle, la fille de l’Eau, brûlait pour lui !
Alors qu’il déposait un baiser entre ses deux seins, la main du prince remonta, enfin, vers le pubis. La favorite sentit une libération alors que les doigts lui offraient l’ivresse tant désirée. Pourtant, ce n’était pas encore assez. Elle avait besoin de le sentir en elle. La danseuse ôta sa robe pour s’offrir à son amant. Pourtant, Kamal résistait.
Cette fois, décidée à le sentir céder, elle le repoussa, le forçant à se lever. Surpris, il se laissa faire et la jeune femme le déshabilla à gestes lents. Elle vit son désir. R’yline effleura son pénis de ses lèvres avant de remonter vers son visage et de venir l’embrasser avec fougue. La sensation du membre durci la fit mouiller davantage.
Cette fois, elle voulait de nouveau le sentir dominer le jeu, alors la danseuse s’accouda sur le lit, offrant ses fesses à la vue de son amant. Il les palpa avant de s’unir à elle fougeusement. Chaque pénétration provoquait un séisme de jouissance dont elle se délectait. Elle n’eut pas à feindre et s’autorisa à gémir pleinement. L’ardeur du prince redoubla faisant bouger la poitrine généreuse au rythme des va-et-vient de plus en plus rapides. Ils n’étaient qu’un. Et le serait toujours, en cet instant elle en fut convaincue.
Annotations
Versions