Vérité
"Dis la vérité, et tu seras pendu."
Proverbe basque
Le poing serré, Harold frappa violemment sa fille qui s'effondra sur le sol, crachant du sang et complètement sonné :
— Vous êtes complètement fou ! cria Ovide.
— Fou ? Qui traites-tu de fou ? C'est ma fille et je fais ce que je veux ! Pour qui te prends-tu pour me parler de la sorte, misérable ! J'aurai dû faire ce mariage arrangé avec Georges, il y a bien longtemps !
— Comment ça, ce mariage ? demanda difficilement la jeune fille qui se releva avec l'aide de son compagnon.
— On avait prévu avec Charles un mariage entre vous afin d'unir nos deux familles. On ne l'a pas fait tout simplement parce que la mort de sa femme l'avais tant marqué, qu'il ne voulait plus entendre parler de tout ceci. J'avais un homme qui te suivait partout en ville et il m'a rapporté un jour, que tu t'étais affriolé avec un noir. Je n'ai rien dit et rien fait car je ne pensais pas que cela prendrais autant d'importance. Il y a un an, lorsque ton frère, Henry, est décédé, j'ai à nouveau revu Charles, afin de préparer ce mariage. Je leur ai dit que tu étais avec ce garçon mais Georges à tout de même exprimé son souhait de vouloir devenir ton mari. J'ai donc conclut un marché avec les Lee, pour que tu sois mariée à lui rapidement après tes études. En échange de ce mariage, tu aurai aussi pu garder ton nom, afin de perpétuer notre famille qui se serait éteinte avec moi. Tu aurai hérité de tout mon domaine, ainsi que Georges. Vous deviez encore vous revoir étant donné les années qui s'étaient écoulés. Lorsque tu m'as parlé de ta visite, j'ai demandé à ce qu'ils viennent pour que tu puisses revoir ton futur mari mais tu l'as frappé, petite sotte !
— Vous... Vous vouliez que j'épouse un tel homme ? Il est laid et c'est un monstre ! Je ne veux pas de lui comme époux !
— Tu auras ce que je te dirai d'avoir ! s'écria Harold, rouge de colère. Ils arriveront demain et tu partira avec eux ! Tu finira tes études par correspondance que cela te plaise ou non ! Je t'ai laissé bien trop de liberté et sache que je le regrette dès à présent ! Ta tante avait raison, je ne suis qu'un imbécile dont l'idiotie a failli conduire ma fille à sa perte ! Mais cette nuit, j'entends bien réparer mes erreurs, et les tiennes !
Le quinquagénaire sortit de son étui son Remington et le pointa sur son gendre.
— Je vais te tuer, je n'aurai pas dû laisser traîner ton supplice. Voilà encore une erreur de ma part. Mais une balle dans la tête effacera ces erreurs.
— Non, père ! hurla Marie en se mettant entre Ovide et l'arme. Ne faites pas ça !
— Fermes-là ! Tu n'es qu'une... Une traînée ! J'aurai dû te frapper plus fort lorsque tu étais enfant pour t'inculquer les bonnes manières ! Il y a beaucoup de choses que j'aurai dû faire... Tu m'en vois navré. C'est autant de ma faute que de la tienne après tout.
— Vous ne comprenez pas ! Je pensais que me voir comme cela vous rendrez heureux et vous changerai ! Mais je vous l'ai déjà dit... Mon bonheur ne vous importe donc pas, malgré tout ce que je peux dire, vous ne vous souciez pas de moi ! Auriez-vous préféré me voir succombé à la place d'Henry ? Après tout, il était votre petit protégé !
— Si j'avais ce pouvoir, oui, je t'échangerai avec lui.
Marie regarda son père, lorsque son corps tout entier tomba et se mit à trembler. Des larmes sortirent de ses yeux qui ne pouvaient plus regarder l'homme en face d'elle. Harold la regarda avec dédain et braqua son arme sur son adversaire, toujours incapable de réagir.
— C'est moi qui ai demandé à Marie de vous rencontrer. Sans cela, sachez que jamais nous ne nous serions vu, finit-il par avouer.
— Ta sottise t'as donc conduite à ta mort, n'est-ce pas malheureux ?
— Ce qui est malheureux, c'est que je vous ai surestimé. Malgré les craintes de votre fille, j'ai insisté, car pour moi, la famille est la chose a plus importante qui soit. Peu importe ma couleur de peau ou de la vôtre, nous avons Marie en commun. Vous l'aimez, même si vous ne voulez pas le dire. Sinon, pourquoi faire tout cela ? Ce n'est pas uniquement pour vous ce mariage arrangé, c'est aussi pour elle, pour qu'elle soit à l'abri financièrement, alors qu'avec moi, cela sera bien plus difficile. Mais frapper votre fille... Je ne vous le pardonnerai pas. Vous n'êtes qu'un...
Un bruit de détonation coupa la parole au garçon qui se bloqua à nouveau. Le revolver tourné vers le plafond, Harold le dévisagea :
— Tu me prends pour qui ? Je ne suis pas un vulgaire esclave ! Maintenant, je vais te tuer. Mais avant, sache que jamais tu n'aurai eu ta place ici. J'aurai voulu te voir mourir contre Joshua, j'avais misé gros contre toi. Seul Cat avait mis de l'argent sur toi et cet enfoiré a réussi un gros coup. Mais peu importe, on va en finir maintenant.
Marie se releva en un instant et se mit à nouveau entre son compagnon et le Remington.
— Je suis enceinte, père.
Tout le corps d'Harold frissonna, si bien que son doigt se serra et pressa la détente sans qu'il n'en ait conscience.
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