Question 413
Salut... aujourd'hui, je vous délivre du lourd. Non seulement parce que je suis lourd, mais j'ai envie de râler un peu. Si ce genre de sujet ne vous intéresse pas, passez par-dessus. De toute façon, je ne force personne à répondre.
Est-ce que ça vous étonnerait si je vous disais que je n'aime pas vraiment les histoires de Boys Love (yaoi) ? Je crois que c'est parce qu'il y a beaucoup trop de clichés dans ces livres qui me chatouillent un peu. La dernière fois que j'ai critiqué le genre, étant moi-même un homme gay, on m'a dit "chacun ses goûts", ouais bah... Je trouve ça navrant d'essayer de m'investir dans ces histoires, mais je décroche facilement parce que je trouve certains détails irritants ou irréalistes. C'est quoi cette allergie des hommes barbus, poilus, gros, difformes, imparfaits ? Pourquoi faut-il forcément féminiser les hommes dans certaines de ces histoires ? Enfin, je connais déjà la réponse : c'est pour que les lectrices puissent mieux s'immerser dans ces personnages. Mais qu'en est-il des hommes gays, ceuxs qui sont au centres de ces intrigues, mais qui ne sont pas le lectorat cible ?
On dit souvent que la plume d'une femme est différente de celle d'un homme et je commence à comprendre pourquoi. Désolé si cet argument sexiste vous irrite (moi même il m'écoeur, mais c'est juste pour vois faire comprendre mon truc. Le yaoi (boys love) est généralement un genre littéraire auquel des femmes hétérosexuelles écrivent justement pour répondre aux fantasmes de d'autres lectrices hétérosexuelles. Il n'est donc pas commun (je n'ai pas dis impossible) de voir des lectrices bisexuelles ou lesbiennes d'en lire, et j'en passe. C'est une forme d'écriture plutôt niche et disons que les rares auteurs hommes ou qui s'identifient au genre masculin ont tendance à écrire les histoires d'amour gay avec un angle différent. Je ne sais pas ce qui m'irrite le plus : le fait qu'on se limite à des physiques stéréotypés de mecs imberbes,faibles et ultra soumis à leurs mecs arrogants... ou bien le fait que les mentalités hommes/femmes soient souvent très différentes au point où quand on lit ces histoires, les garçons se mettent à agir de manières très féminines.
Mon homophobie intériorisée a tendance à me gêner. Je ne dis pas que les hommes féminins, c'est mal. Je trouve seulement que c'est un cliché que de croire que tous les hommes gays sont forcément comme ça. Et je n'ose pas toucher à l'omégaverse, parce que c'est pour moi un genre de littérature qui n'est pas vraiment fait pour moi. D'autant plus que ça renforcie davantage les stéréotypes mentionnés plus haut. Non mais franchement, des fois je lis ces oeuvres et je me demande si ces auteurs ont rencontrés que deux archétypes d'hommes gay dans leur entourage. Nous sommes pourtant plus nombreux... et nous sommes tous si différents... Je vous jure, des fois je me force à lire certains chapitres et je trouve que ça nous rammène à plusieurs années en arrière. Des années de progrès faites par les alliances LBGT+, parties en fumées.
Bref, des fois j'ai envie de dire : ce n'est pas parce qu'on fétichise certaines choses qu'on respecte forcément la cause. Il n'y a rien de mal de dire qu'on supporte une cause... mais j'ai des doutes quand je vois qu'on fétichise mon homosexualité et qu'on le réduit à des fantasmes féminins. Je fais un peu un parallèle avec l'appropriation culturelle. C'est comme si vous disait d'arrêter de vous déguiser en autochtones ou de faire le black face. C'est comme ça que je me sens quand je lis du yaoi - écrit par des femmes, pour des femmes. Et je ne suis pas le seul qui se sente ainsi. Je me sens mieux quand je lis des oeuvres gays écrites par des hommes, pour les hommes des communautés dans lesquelles j'ai tendance à visiter.
J'avoue que c'est un sujet brûlant et que je risque de ne pas faire l'unanimité avec cette question (et le sujet traité). C'est aussi la raison pour laquelle j'hésite à écrire des romances gays ou des trucs érotiques gays. Parce que forcément, mon écriture n'est pas la même que ce que j'ai tendance à lire sur les réseaux sociaux comme Wattpad ou Scribay. Je me suis parfois fait reproché par le passé d'écrire des personnages trop dégueulasses ou d'écrire des passages vraiment trop répugnants pour être lus dans des histoires érotiques. Du coup, je n'en écris plus. Faut dire que la définition d'érotisme varie d'une personne à l'autre. Les plumes féminines que j'ai lues ont tendance à être plus fleuries alors que les plumes masculines sont beaucoup plus crues, détaillées et moins poétiques. Oui, je généralise beaucoup mais je ne fais que vous partager mes expériences.
Bref, je suis désolé si tout ça pouvait choquer quelqu'un. Vous avez le droit de ne pas être d'accord avec ce qui a été mentionné dans ce texte. Quand à moi, j'espère que je serais à nouveau à l'aise pour écrire des romances gays sans pour autant me faire lancer des piques sur mes préférences particulières et mon désire de m'éloigner des clichés hollywoodiens - parce qu'on peut se le dire : c'est chiant de toujours tomber sur les mêmes corps d'adonis. Il n'y a pas que ça dans la vie.
Ah ouais, je n'ose pas m'attaquer au yuri (girls love), parce que c'est un sujet qui ne m'est pas du tout familier. J'imagine que certaines lesbiennes ne se retrouvent pas dans ces histoires non plus. Mais j'ai cru comprendre que le yuri est aussi beaucoup plus écrit par la gent féminine que masculine. Du coup, je me demande comment les lesbiennes et les bisexuelles réagissent quand elles tombent sur un yuri écrit par une plume masculine, avec des termes tellement gênant que ça en ferait rougir une nonne.
Bon, je me prends trop la tête avec des riens dans le fond. Peut-être que ma plus grosse bête noire dans tout ça, ce sont ces maudits clichés qui sont parfois un peu misandristes (aversion pour les hommes).
Si je n'ai qu'un conseil pour les gens qui débutent dans toute catégorie de littérature, avant de choquer qui que ce soit, n'hésitez pas à demander conseil à des gens qui vivent justement ce que vous souhaitez écrire. Nous ne sommes pas que des fantasmes. Nous existons et nous sommes multiples, avec des ambitions différentes, des formes différentes, des goûts différents. Pourquoi se limiter aux mêmes codes tout le temps ? Ça devient redondant. Diversifiez vos plumes ! Au pire, mettez des tags (balises) dans les descriptions de vos textes pour éviter de choquer les âmes sensibles. Mais bon, fallait que je m'y attende de tomber sur ces clichés, encore et encore. C'est le genre de lecture qui veut ça. C'est juste désolant de devoir justifier mes propres personnages gays quand des lectrices réalisent que je ne suis pas les "bons codes" du boys love.
PS: Mes excuses les plus sincères au femmes qui penseront sûrement que j'attaque la féminité. Je suis homo, donc quand je lis des trucs gays, je recherche forcément des trucs auxquels je m'identifie. Je vais sûrement passer pour un 'ros mysogine mais bon... c'est comme ça. Chaque fois que j'ouvre ma gueule sur le sujet du yaoi, je me fais plus d'ennemies que d'alliées. Ce n'est pas du tout comme si je déclarais la guerre aux yaoistes, mais... Oups...
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