Le Vide
Elle était vide, la boîte, vide à un point qu’elle ressemblait à une maison de poupée échouée aux Emmaüs, tellement vide qu’il était difficile de comprendre son utilité.
Ceux qui l’aperçurent, pressés par la vie, qu’ils aillent au travail ou joggent dans des combinaisons moulantes, s’arrêtèrent devant, intrigués : jamais ils n’avaient vu pareil petit chalet, loin de ceux que l’on offre aux oiseaux - comme si les volatiles en avaient besoin, alors que tant d’arbres ouvrent sans rechigner leurs bras crochus.
Ces passants la considéraient d’un air étrange, jusqu’à ce que leurs yeux endoloris par des nuits fragmentées se posent sur l’inscription expliquant le mystère : boite à livres. Certains sourirent bêtement, d’autres levèrent les épaules en guise de consternation, et tous partirent vers leur matin.
Mais la boîte à livres les intriguait : quelques heures plus tard, elle s’insinuait en eux, et avec elle, mille pensées : qui donc l’a construite ? Qui l’a posée ici ? Pourquoi la gazette de Miniville n’en parlait pas ? Et surtout, question primordiale : pourquoi ne contenait-elle aucun livre, ne serait-ce que pour montrer l’exemple ?
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