Va-et-vient
Si les Minivillois s’amusèrent à l’idée qu’une telle boîte existe, personne ne savait qui l’avait déposée là : toutes les associations d’endimanchés prétendaient que cette trouvaille n’était pas de leur fait, la mairie, comme à son habitude, clamait haut et fort n’être responsable de rien, la bibliothécaire, enfin, rouspétait parce que son taux de fréquentation - celui de la bibliothèque, pas de son utérus - aurait chuté de 20 à 5 % : une hérésie !
Personne ne pensa que l’été était responsable de ce phénomène pas si curieux : les gens trainaient leur gras et leurs muscles dans les eaux fangeuses du lac, cramaient au soleil, avec ou sans monoï, allongés sur des serviettes aussi sales que leurs pieds : un monde sans livre, un monde de corps.
Tandis que ces minivillois clapotaient gaiement, des livres étaient enfin déposés et disparaissaient à toute heure du jour et de l’ennui : quelques classiques cornés, soulignés par d’anciens étudiants, imposaient leur omniprésence dans le paysage culturel, avec leurs couvertures jaunies. Quelques romans obscurs s’intercalaient entre des romans de gare qui avaient toujours la cote malgré l’absence pas si regrettable de gare : un véritable mystère !
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