Chapitre 4 :
Ce que mon père m’a donné fonctionne bien. Je crois bien que je suis partie pour utiliser tous les comprimés qu’il m’a donnés. Est-ce que cela s’appelle se droguer ? Je ne pense pas, sinon mon père ne m’en aurait pas donné. Cela doit juste être un médicament. Quoique… J’arrête d’y réfléchir. Je n’ai pas le temps pour cela. Si d’ordinaire j’ai une heure pour me préparer et je rejoins mes parents et ma sœur qui travaillent déjà une heure, pour le petit-déjeuner, maintenant c’est différent. Je dois me rendre le plus vite possible à la cantine pour manger et me rendre dans l’aile pour enfants et adolescents et entendre ce que le chef et le professeur indiquent à ma classe. On ne nous donne pas vraiment d’information sur la période de tests, on ne sait absolument pas comment cela se passe. Mais Léa m’a dit que les chefs nous surveillent quelques fois.
On n’a pas le choix à des vêtements hypers originaux dans les bunkers, mais j’ai l’habitude de m’habiller tout en gris. Néanmoins, même si je n’apprécie pas spécialement cette tenue, je ne la déteste pas d’habitude. Je ne jette pas un coup d’œil au miroir comme l’aurait fait ma mère et je me précipite, presque en courant prendre mon petit-déjeuner.
Je suis vraiment seule pour manger cette fois. Les autres personnes de mon âge sont ensemble et je peux reconnaître les regards hostiles de certaines personnes. Je ne baisse pas la tête et leur lance un regard noir alors que j’ai comme l’envie de les baffer. Cela fait longtemps que je n’ai pas eu ce genre de pulsions. Ce que mon père m’a donné à l’air de faire revenir mes problèmes de colères. Je me pose à une table toute seule et tourne le dos à la plupart des autres adolescents. Je n’ai aucune envie de tenter de m’intégrer, je ne l’ai jamais fait auparavant, ce n’est pas aujourd’hui que je le ferais. Pas pendant cette période, encore moins.
Je contemple mon bol et la barre de céréales que j’ai le droit d’emporter pendant la journée. Je me force encore une fois à manger et à tout avaler sauf que je n’ai pas le droit de retourner dans ma salle, vomir aux toilettes. Je ne suis pas la première arrivée, mais je suis la première à partir. Je range mon plateau où il faut et pars dans l’aile pour enfants, où il y a les salles de cours. Je me retrouve nez à nez avec Henry. Décidément… je pense que nous allons souvent nous croiser pendant quatre jours, et mon petit doigt me dit que mon père n’est absolument pas derrière tout cela ! Ce n’est pas un simple hasard, je le sais.
— Constance ! Comment cela va ? Te sens-tu prêtes pour la période de tests ? déclara Henry avec un sourire.
— Absolument pas, avoué-je avec franchise. Mais il faut bien faire tout cela. C’est une obligation, je n’ai pas vraiment le choix…
— Tu t’en sortiras !
Je ne lui réponds pas puis file d’un pas plus pressé dans ma salle de classe habituelle depuis sept ans. Face de crapaud est là lui aussi. Il me lance un regard sévère que j’ignore et je me place sur une table contre un mur et j’enfouis ma tête dans mes bras. Maintenant, je n’ai plus qu’à attendre que les autres personnes de ma classe se dépêchent de se préparer. Heureusement pour moi et les autres qui sont déjà prêts, on ne dut pas attendre très longtemps. Dire que les mois derniers, je n’avais pas cours à cause de cela. Une fois que tout le monde est installé, face de crapaud prend une pile de feuilles dans ses mains et les distribue par ordre alphabétique. C’est le mini emploi du temps de la semaine de tests. Les quatre derniers jours où on n’est pas encore considéré comme des adultes. Les quatre derniers jours où on mène une vie moins dure. Les quatre derniers jours qui vont tout décider.
— Vous passez en même temps les examens de toutes les matières que l’on a vues depuis votre plus jeune âge, informe le professeur d’une voix toujours aussi froide qu’habituellement. Ces examens s’étaleront sur deux jours, les deux premiers pour vous tous. Après, il vous faudra aller à l’aile des salles de tests et d’analyses. Je pense que je ne vous apprends rien si je vous indique que vous pouvez y accéder aisément depuis la cantine. Les chefs vous l’indiqueront de toute manière. Maintenant… ramenez vos trousses. Les examens se passent ici. DÉPÊCHEZ-VOUS !
Je déteste cet homme qui me lance un regard sombre. Je me lève en même temps que les autres mais je me fais retenir par face de crapaud qui veut visiblement me parler. Cela tombe mal, je n’ai pas vraiment besoin de cela. Je compte l’ignorer, mais il agrippe mon bras avec signification et je me pousse sur le côté pour laisser passer les autres qui me dévisagent avant de partir.
— Qu’est-ce que vous voulez encore ? soupiré-je en haussant le sourcil droit.
— Tu as les capacités pour devenir encadreuse ou scientifique… tu ne peux pas choisir, tâche juste de réussir ces examens avec brio, sinon ils ne chercheront pas plus loin, et tu finiras comme ta sœur et ta mère. Pas que ce soit mon problème et que j’en ai quelque chose à faire, mais gâcher un potentiel m’horripile.
Je le dévisage avec incompréhension. Cet homme que je déteste et qui me déteste m’avertis de ma situation. C’est l’impensable !
— Maintenant, va-t’en.
Je ne me fais pas prier. Je détale hors de la salle pour aller chercher ma trousse. Mes camarades sont déjà de retour et je coure pour trouver l’objet rempli de stylos, de crayons à papiers et de tout le nécessaire pour pouvoir commencer la période de tests. Personne n’a volé ma place et personne ne se met à côté de moi. C’est parfait. Je dispose les objets sur ma table et souffle fort : mon destin commence à se jouer dès maintenant et j’allais devoir donner le meilleur de moi-même pour obtenir une occupation qui ne me dégoûte pas. Face de crapaud distribue les sujets d’une matière alors qu’un chef, qui n’est pas Henry, mais qui est tout aussi costaud mais semble beaucoup moins sympathique, débarque dans la salle avec une démarche lourde mais rapide pour se poster devant le tableau, face à nous. Je détourne le regard, et fixe ma copie double à petits carreaux blancs.
— Bonne chance pour votre période de tests ! annonce-t-il avant que tout le monde le merci d’une même voix monotone et sans joie. Je suis chargé de vous rappeler, que cette période est déterminante pour votre vie et que chaque épreuve et analyse comptent autant que n’importe quelle autre !
Il balaye la classe de son regard puis repart. Il a sûrement d’autre chose à faire plus intéressante. Mon professeur regarde sa montre avant d’être prêt à appuyer sur un ordinateur. Si je me souviens bien, Léa m’a dit que c’était pour juger notre niveau, mais je me demande comme cela peut être possible alors qu’il n’est pas connecté aux élèves. Léa n’a pas du bien comprendre lorsqu’elle a passé ses tests.
— Il n’y a pas de temps limité, mais le chronomètre annoncera facilement votre niveau. C’est parti !
Mon bon travail pendant des années a intérêt à payer, sinon je m’énerverais si je ne finis pas dans une bonne section. Je serais plus qu’énerver dans ce cas, je serais furax.
Annotations
Versions