Chapitre 31 :

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Je peux peut-être faire quelque chose pour la sortir de cet état ? demandé-je.

Je ne pense pas Constance, avance Césars en me regardant. Personne n’a jamais réussi à retrouver la conscience de quelqu’un dans cet état, et sans vouloir te vexer, je ne pense pas que tu sois la plus puissante.

Cela ne me coûte pas de me l’avouer, mais je suis d’accord avec Césars et ma colère contre ma mère ne me permet pas de voir les choses sous l’angle de la sauver. Pas après tout ce qu’elle a fait à mon père, ma sœur et moi. Je me relève et je sens l’emprise de Damien sur mon bras.

Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Qu’est-ce que vous comptiez faire ? demande-t-il en approchant sa bouche de mon oreille.

On va faire un coucou aux hauts-dirigeants, déclaré-je avec détermination.

Mais… on ne sait pas où est-ce qu’ils se cachent ? s’étonne-t-il.

Nathanaël si car c’est un enfant des haut-dirigeants. Et j’ai vu dans l’esprit de ma mère… elle était la fille d’un des hauts-dirigeants. J’ai vu l’emplacement.

Ce que je viens de dire a le don de calmer tout le monde. Personnellement, cela me rend plus mal à l’aise qu’autre chose. J’attrape la main de Damien et guide mes amis comme j’ai pu voir ma mère le faire. Nathanaël est déjà devant la porte. Il n’est pas seul, je lâche la main de Damien pour me jeter dans les bras de mon père. Il me lève du sol complètement et j’ai envie de pleurer dans ses bras. Sauf que ce n’est pas vraiment le moment pour les retrouvailles émouvantes. La situation n’est pas propice à cela et c’est dommage mais nous aurons tout le temps plus tard. J’ouvre la bouche, j’ai envie de parler de ma mère, mais le courage s’évanouit. Que pourrai-je bien ? Papa, Léa, j’ai tué maman… non je n’arriverai pas à faire sortir cela de ma bouche. Je sens la main de Damien sur mon bras, je me retourne vers lui, je vois dans ses yeux, ses lèvres qui murmurent silencieusement que cela va aller. Il ne me considère pas comme une meurtrière.

Comment t’as réussi à nous trouver ?

Je t’expliquerai plus tard. On devrait avoir une discussion avec certains hauts-dirigeants, déclaré-je.

Mon père et Gérard défoncent la porte et on entre dans le même endroit que dans le souvenir de ma mère. Je marche sur ses pas, et c’est perturbant. Léa, totalement perdue m’agrippe la main et ne me lâche pas. Je laisse Nathanaël passer en premier. On entre dans un salon où il y a des tables.

PAPA ! Hurle Nathanaël avec toute une colère que je ne lui ai jamais connu.

Et pourtant, je l’ai déjà vu en colère, mais pas autant. Ses poings sont serrés, des petites fissures se voient au sol, et j’ai peur qu’il nous fasse tous écrouler. Mon ami est comme moi, il ne sait pas se canaliser et ses capacités sont dangereuses. Il n’y a personne encore. Mais très vite un homme approche, et je reconnais le frère de ma mère même s’il y a vieilli de plus de deux décennies depuis le souvenir de ma mère. Puis, visiblement, on a beau ne pas connaître notre oncle, lui, nous connaît moi et ma sœur. Il sourit et nous appelle par nos prénoms. Mon père se braque immédiatement et se poste devant nous pour nous protéger.

Où est Katarina ? Demande-t-il avec le sourire.

Maman est morte.

C’est sorti tout seul de ma bouche. C’est plus facile d’annoncer cela à ma sœur et à mon père mais en même temps je m’en veux car ce n’est absolument pas la bonne manière de leur annoncer cela. Ils aiment ma mère eux, moi les sentiments vis-à-vis d’elle sont anesthésiées désormais. Je ne donne pas plus de détails sur sa mort et m’avance comme si je devais protéger tout le monde du haut-dirigeant face à nous.

Calmons nous un peu, fait-il avec un sourire hypocrite.

Je ne me calmerai pas avant d’avoir vu mon père, s’écrit Nathanaël en avançant à mes côtés.

Tu t’énerveras encore plus lorsque tu le verras, rétorqué-je non sans que cela me fasse sourire.

Sauf que je sais que c’est une mauvaise idée qu’il voit son père. Autant éviter un miracle de sa part. Plonger les gens en état végétatif est une chose, faire écrouler la terre sur nous, s’en est une autre. Je le tiens à l’œil pour éviter une catastrophe qui pourrait tous nous tuer. J’aimerai bien vivre un peu avec ma sœur, mon père et tous les autres. J’attrape le bras de Nathanaël lorsqu’un homme qui lui ressemble beaucoup débarque au côté de mon oncle. Je comprends directement que c’est son père à son regard qui se durcit et je suis soulagée de voir Damien lui poser une main sur l’épaule pour lui rappeler qu’il n’est pas seul ici.

Mon fils… de retour à ce que je vois. Tu as l’air toujours aussi impulsif.

Et toi tu es toujours un pauvre type qui se cache de tout le monde à ce que je vois.

Tu aurais du être à ma place si tu ne pensais pas de la sorte.

Sauf que je ne le serai jamais. Tout le monde va sortir de ce bunker minable !

Car tu penses qu’il n’y a pas de danger à l’extérieure ? Rétorque son père avec un sourire.

Un long silence se propage, et personne ne sait trop quoi faire. J’échange un regard avec Damien. Que faire maintenant ? Ils ne sont pas disposés à nous répondre visiblement. Nathanaël s’échappe de mon emprise et assène à son père un coup de poing. Gérard et Damien le tire vers eux pour qu’il arrête et se calme. Son père à le nez cassé, un œil rouge de sang et le visage ensanglanté. Mon ami n’y est pas allé de mainmorte. Le haut-dirigeant ne se relève pas, mais il rigole, tousse et crache du sang.

Qu’est-ce que cela veut dire ? Demande Césars en aidant les deux autres à retenir Nathanaël.

Mais personne ne lui répond. Mon oncle s’avance et regarde Léa. Ma sœur a peur, et je ne sais pas quoi dire ou quoi faire pour le reculer. Et le haut-dirigeant sourit.

Ta mère voulait te mettre au courant pour que tu travailles pour nous au sein de la société, souffle-t-il avant de se tourner vers moi. Si tu n’étais pas aussi corrompu, toi aussi Constance tu aurais été mise au courant.

Je me saisis de la chance d’être aussi proche de lui et l’agrippe des deux mains par le bras. Damien lâche totalement Nathanaël pour me permettre d’avoir un point d’ancrage pour le retour. L’esprit de mon oncle est multicolore. Il m’éblouit de couleur si fluo que j’ai envie de partir. Mais je ne peux pas me le permettre. Je dois trouver des réponses. Des réponses pour tout le monde.

Donnez moi toutes les informations que vous avez.

Ta mère ne m’a pas parlé de ça…

Normal, ce sont vos expériences sur certains exilés qui amènent à cela. Alors vous avez intérêt à me dire à quoi ces petites expériences vous mènent. Que voulez-vous faire ?

Pourquoi je te répondrai ?

La dernière fois que je n’ai pas su contrôler ma colère, ma capacité a agi sans contrôle et a détruit le cerveau de ma mère.

Il ne répond pas suite à cet avertissement. Est-ce que cela lui fait peur ? J’aimerai bien car cela pourrait m’aider à obtenir toutes les réponses que je veux. Toutes les réponses dont nous avons besoin.

Par quoi veux-tu commencer ?

Pourquoi essayer de rendre des habitants de l’asile comme des habitants de la surface ?

Pour renverser les mutants et prendre le contrôle de la surface bien évidemment.

Et pourquoi torturez-vous les mutants ? Pourquoi les emprisonnez-vous ?

Sors de ma tête et je te répondrai. Je répondrai à l’oral, à tous le monde.

J’hésite… je peux chercher dans sa tête toutes les réponses que je souhaite, mais je sais aussi que j’ai usé trop de mon pouvoir et que je suis trop fatiguée pour cela. Je me laisse embarquer dans les bras de Damien alors qu’un voile noir passe rapidement sous mes yeux. Néanmoins j’entends la voix de mon oncle alors que je m’effondre au sol.

Pensez-vous vraiment qu’il a un hasard pour qu’on ait attrapé des habitants de la surface ? Soyez logique, ils sont beaucoup plus forts que nous tous. Sauf si on me les a vendus.

Qu’est-ce que vous racontez ? Vendre les nôtres ? C’est inimaginable ! s’énerve Césars.

As-tu déjà rencontré le grand chef des mutants jeune homme ? Ou alors votre sorte d’oracle n’est pas au courant du traiter qu’il a passé avec nous.

Comment cela un traité ? Demande Damien.

Je le sens tomber par terre alors qu’il me resserre encore plus pour ne pas me déstabiliser. On est tous les deux à terre, c’est déjà cela. Je suis encore trop sonnée et ma vue trop brouillée pour comprendre que Nathanaël se rue vers son père. Je marmonne faiblement son prénom à défaut d’avoir la force de le crier. Je ne le vois pas mais je comprends qu’il pousse son géniteur violemment contre le mur et il lui hurle dessus.

C’est cela votre but final ? Détruire le monde à nouveau comme nos ancêtres en entrant directement en guerre sans même prendre le temps de connaître les mutants… mais c’est juste horrible ! Quel est votre but dans tout cela ?

Mon fils ! Tu ne connais pas tout l’étendue de notre planète, déclare son père avec le souffle saccadé. D’autres personnes sont dangereuses sur cette planète, et on doit se défendre.

Donc c’est pour se défendre que l’on torture une autre population et qu’on veut transformer les autres en machine de guerre sans réflexion ? Quelles autres conneries tu veux donc m’inventer ? Dis la vérité pour une fois ! Hurle Nathanaël dans toute la salle.

Je me relève enfin, non sans m’appuyer largement sur Damien. J’ai la bouche sèche et je n’arrive pas à sortir quelques paroles de ma bouche avec la fatigue, mais il faut croire que j’ai réussi à transmettre ma pensée à Damien car il le fait pour moi. Le père de Nathanaël regarde son collègue, mon oncle, et il fait éloigner Nathanaël qui revient vers nous.

Oui on faisait des expériences sur les mutants pour construire une armée. Cela fait des décennies que nous ne sommes pas allés sur la terre ferme, mais d’autres bunkers ont découvert des extraterrestres dangereux en plus des mutants. Pire, certaines populations de mutants se sont alliés à eux pour nous détruire. On devait absolument réagir à cela, sinon on serait mort, explique mon oncle d’une voix tremblante.

Son annonce lance un vent de panique dans la salle. Sauf pour Césars qui semble bien déterminer à en savoir plus. Il s’avance vers mon oncle. Il exerce son pouvoir pour immobiliser les deux hauts-dirigeants du bunker. Il joue intelligemment.

Vous avez parlé d’un traité tout à l’heure, dit-il froidement. Un traité passé par le chef des mutants avec les dirigeants des bunkers ? Dans quel but ? Pour quoi faire ?

J’ai déjà ma petite idée en tête. Le pire, c’est que ni mon oncle, ni le père de Nathanaël ne répondent à la question de Césars. Ils ne répondront pas d’eux-même. Ma vision devient plus tête mais je continue à m’appuyer sur Damien. Il supporte une bonne partie de mon poids mais tient bon.

Le chef des mutants a accepté ses arrestations et ses expériences en échange de quelque chose. N’est-ce pas ? N’ai-je pas raison ?

Tu es aussi intelligente que ta mère, déclare mon oncle en s’approchant de moi ce qui rendit Damien particulièrement tendu. Tu as raison. En leur fournissant de l’argent et eux en nous fournissant des personnes, nous pouvions avancer chacun de notre côté, d’autant plus qu’on avait un même objectif : éradiquer les mutants alliés des extraterrestres ainsi que les extraterrestres.

En formant une armée de mutants à votre botte, terminé-je en imaginant ce que cela aurait pu faire.

Vous êtres libres de penser que ce que l’on a fait c’est mal, mais nous cherchions juste à protéger nos populations et notre planète quitte à blesser ou tuer certains des nôtres, déclare le père de Nathanaël.

Le silence s’étend sur un long moment : tout le monde doit prendre conscience des révélations du père de Nathanaël. C’est tout à fait effarant de savoir que notre espèce est menacée par des parfaits envahisseurs de la planète. Pire encore, que certains se sont alliés à eux, et que notre planète est encore plus un champ de guerre et de destruction qu’on ne le pensait. Cela fait très peur. Mon oncle s’approche un peu plus de nous et surtout de moi. Je me rends compte qu’il va s’adresser spécialement à moi : il me fixe et tout son corps est tourné vers le mien. Peut-être que je lui rappelle ma mère ?

Tu dois nous aider à sauver tout le monde.

Pourquoi on vous aiderait ? s’agace Nathanaël.

Peut-être parce que vous avez envie de vivre une fois pour toute à la surface ? Peut-être que vous avez envie de vivre tout court ? Et non finir mort, tué ou rendu en esclave par des envahisseurs incontrôlables.

Cela me fait frissonner, car je sais que le pire, c’est qu’il a totalement raison si ce qu’il dit c’est la vérité. Je serre un peu plus la main de Damien en tournant mon visage vers lui : il est aussi inquiet que Nathanaël et moi. Je lance un regard avec Nathanaël. Il n’est pas spécialement enthousiasme à l’idée mais je distingue sa résignation, puis je pivote vers mon oncle :

Bien… c’est quoi le plan ?

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