Erreur élémentaire
Contraites :
Sujet : Un noble rigoureux part dans vers un lointain continent pour trouver un trésor caché.
Le texte doit obligatoirement se terminner par : les vagues l’emportèrent, perdu dans les ténèbres lointaines.
Monsieur Godefffroi fit irruption dans son bureau comme un ouragan. Sous le mouvement de la lourde porte de bois, les dizaines de papiers qui reposaient sur la table s'envolèrent tels autant de grains de sable. Surpris dans son sommeil qu'avait favorisé le doux roulis des vagues, Peats bondit sur ses pieds, aussi raide qu'un piquet.
" Que se passe-t-il ? Un problème Monsieur ?
- Plus qu'un problème, j'en ai bien peur, rétorqua le noble en un soupir. "
Dépité, Monsieur Godeffroi se laissa tomber dans son large fauteuil de velours. Puis, comme si la vue des cartes et des boussoles avait balayé son désepoir, ravivé son instinct d'aventurier dilettante, il se redressa et saisit quelques papiers au hasard.
" Ici, déclara-t-il d'un ton ferme en pointant son doigt décoré de multiples bagues sur l'un des nombreux plans.
- Quoi, "ici" ? "
Intrigué, Peats rejoignit son maître et, malgré sa petite taille, parvint à jeter un coup d'oeil par dessus son épaule. Monsieur Godeffroi désignait une croix, en plein milieu d'un océan.
" Ce n'est pas notre destination Monsieur !
- Non, en effet. J'ai bien inspecté les indices en notre possession, et le trésor repose là, pas dans ce continent mystérieux dont nous avons tant conversé.
- En êtes-vous sûr ?
- Je n'agis jamais au hasard Peats, vous devriez le savoir.
- Bien évidemment Monsieur... Sommes-nous loin de ce point ?
- Non, justement. D'ici quelques instants, notre bateau l'aura dépassé, je dois donc m'hâter d'aller le quérir. "
Peats réprima un hoquet d'étonnement mais, déjà, Monsieur Godeffroi ôtait sa veste ornée et sortait de son bureau. Précipitemment, Peats emboîta le pas du noble. Bien qu'athlétique, l'homme n'avait pas la condition physique nécessaire à ce plongeon, son serviteur en était persuadé.
" Mais, Monsieur, les vagues... Et la profondeur, comment allez-vous respirer ? Et s'il ne se trouve pas là, comment ferez-vous ? l'interrogeait-il, en vain. "
Le noble ne daigna même pas lui répondre. Malgré le regard inquisiteur de l'équipage, il se dirigea vers la planche – au bord de laquelle on faisait d'ordinaire sauter brigands et pirates – et, sans la moindre hésitation, plongea au coeur de l'océan houleux. Alors que sa silhouette fendait les flots, Monsieur Godeffroi reçut le premier assaut de son adversaire, l'obscurité. Le soleil se réflechissait à peine à la surface l'eau, si bien que lui se trouvait aveuglé par les les ombres. En dépit sa rigueur, il n'avait pas prévu ce problème. Résolu à dénicher ce trésor qui lui était promis, il s'enfonça tout de même dans les abysses, ressentit la pression, le courant, la noirceur de l'océan... Tout se confondait autour de lui, appartenait à un flou dérisoire et douloureux. Mais il refusait d'abandonner, même lorsque l'air quitta ses poumons, remplacé par de l'eau, qu'il sentit les ombres l'entourer, l'avaler, l'emmener pour mieu le perdre...
Le noble avait rêvé de mondes mystérieux et étrangers, le voilà satisfait. Le songe devint cauchemar quand les vagues l’emportèrent, perdu dans les ténèbres lointaines.
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