Le Fourreau d’Excalibur

Morgane rageait alors que son cœur saignait depuis désormais quelques semaines. Elle avait cherché pendant longtemps quel sort elle réserverait à Arthur et Guenièvre. Elle avait été forcée à cesser sa relation avec Guiomart au point d’en souffrir, alors ils devraient souffrir également !

Mais que faire ? Et surtout que ne pas faire ? Malgré sa colère, elle ne souhaitait pas faire honte à son mentor. Il ne fallait pas que sa vengeance touche le monde. En effet, s’en prendre au roi de Camelot risquait d’avoir des conséquences sur ses sujets et son royaume. Alors que faire ?

Après plusieurs semaines de réflexions, et après avoir s’être renseignée auprès de prêtresses quant à l’avenir d’Albion, elle avait finalement pris sa décision. Discrètement, elle s’était introduite à Camelot de nuit et s’était glissée dans l’armurerie à l’insu de tous. Son objectif : l’épée royale ! Ou plutôt son fourreau… En effet, ce n’était pas Excalibur qui était exceptionnelle mais bien le fourreau qui la contenait. C’était le fourreau qui donnait à la lame son pouvoir si particulier. Si elle n’y était pas rangée régulièrement, elle redevenait une arme ordinaire.

Cela l’arrangeait bien. Il serait bien plus aisé de dérober un fourreau que l’épée des rois. Une fois son larcin vengeur accompli, elle quitta les lieux sans laisser la moindre trace. Mais elle ne garda pas pour autant le fourreau pour elle. Elle n’en avait aucune utilité. Elle n’usait pas d’épée ou d’une quelconque dague pour se battre. Elle préférait de loin la magie. Et encore, elle évitait les combats pour se consacrer à l’art de la guérison.

Elle fit route trois jours et trois nuits durant pour se rendre aux rives du lac aux abords d’Avalon. Là, elle confia son larcin à la Dame du Lac pour qu’elle le conserve jusqu’au jour où le roi se montrerait méritant ou qu’Albion nécessite qu’un tel pouvoir soit de nouveau nécessaire pour sa protection et sa prospérité.

Elle repartit de là et entreprit un long voyage, satisfaite que le roi de Camelot et son épouse soit de nouveau de simples mortels et qu’ils ne soient plus protégés par le pouvoir d’une épée qu’ils ne mériteraient pas.