Suggestion

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Elle était nue. Nue et splendide. À part sa petite culotte, ce fin tissu de dentelle noire qui cachait sa féminité. Ses deux prunelles émeraude le fixaient intensément, d'une manière presque indécente. Elle plongea sa main dans sa boîte de céréales pour amener son contenu à sa bouche. Le bruit caractéristique de mastications ajouta à cette atmosphère pesante et lourde un rien de tension.

Adhara pensait autrefois que la suggestion était un atout dans la séduction. Une jupe courte qui laissait entrevoir une culotte sans en dévoiler plus, laissant la possibilité aux autres d’imaginer, de rêver. Mais ce qu’il admirait ici était bien au-delà de la perfection de ses affabulations et détrompait cette vérité. Lui qui désirait détailler les tatouages de la jeune femme avait désormais le loisir de les apprécier tout son soûl. Son corps entier réagissait à tous ces stimuli visuels, surtout une zone en particulier. Et cela n’échappa pas à la brune qui afficha un sourire en coin.

Immobile, le tuahine essayait néanmoins de garder son sang-froid. La propension d’Hedony à aguicher l’excédait, il voulait lui résister même si cela lui coûtait cher, surtout qu’il ne voulait pas baisser les yeux. Elle ne devait pas le déstabiliser. Que son corps réagisse, qu’il ait cette envie de la prendre dans ses bras et la baiser bestialement sur la table ne devait rien changer à son inébranlable self-control. Son ventre se nouait, sa respiration devenait plus difficile. Il serra le poing quand, enfin, Hedony baissa les yeux. Adhara s'imaginait avoir gagné un combat, qu’il succombe après ou non. Si elle n’utilisait aucun pouvoir, il pouvait se dire qu’il avait la capacité de lui tenir tête. Mais que se passerait-il si elle l’utilisait ?

« Ça ne te fait rien ? » demanda la succube en remettant les céréales à leur place.

Elle n’avait pas l’habitude d’essuyer des refus, quels qu’ils soient. En son for intérieur, elle espérait qu’il s’abaisse à ses plus bas instincts. Qu’il se décide à faire les quatre pas qui les séparaient l’un de l’autre et qu’il plaque son corps contre le sien, qu’elle sente son sexe se presser sur son entrejambe, qu’il lui déchire le dernier vêtement qu’il lui restait. Qu’il s’abandonne, qu’il assouvisse ses plus vils fantasmes.

En général, ça fonctionnait. C’était un jeu qu’elle s’amusait à jouer avec les hommes qu’elle estimait sûrs d’eux, belliqueux et rebelles. Elle imaginait Adhara faire partie de ceux qui voulaient essayer de la mater sans jamais y arriver. Peut-être était-il trop timide ? Son jeu n’était pas le même quand elle était face à quelqu’un de plus introverti. Non. La franchise dans son regard, cette lueur de défi dans ses yeux lui prouvait le contraire. Son charme ne fonctionnait-il plus ? Ou alors ne fonctionnait-il pas sur lui ?

« Si. Beaucoup même. » la rassura-t-il.

Elle sourit. Allons bon, pourquoi ne faisait-il aucun pas vers elle alors ? Elle pencha la tête pour scruter l’expression de son visage. Adhara déglutit mais garda son masque d’indifférence, solide comme un roc. Elle se mordit la lèvre. Devait-elle céder la première ? Ils n'allaient tout de même pas se regarder des heures comme chiens de faïence ?

« Et tu restes là ? »

Que voulait-elle qu’il réponde ? Elle s’était assise sur un coin de la table du salon alors qu’il restait bêtement debout. Malgré ses tentatives pour l’ignorer et éviter son regard inquisiteur, son attention était irrémédiablement ramenée à elle, à son corps, ses tatouages et à sa manière de se pincer les lèvres.

« Non… » Répondit-il en inspirant profondément.

Elle croisa les bras sur sa poitrine et haussa les sourcils, curieuse de le voir venir. Avec ce soupçon de provocation.

Il serra encore les poings, sensible à ces incitations libidineuses, puis s’ébranla.

« Oh et puis merde ! »

Adhara fit les quatre pas qui le séparaient d’elle, prêt à laisser ses plus bas instincts dicter sa conduite comme elle le désirait. Il plaqua sa bouche sur la sienne avec une ardeur fiévreuse ; ses mains moites se refermèrent sur son corps gracile comme un étau, la rapprochant de lui. Hedony répondit avec ce même état d’excitation à ses gestes précipités, elle l’embrassa avec fougue et écarta les cuisses lorsqu’il la tira vers lui. Désormais tout contre le tuahine, elle sentait son pantalon frotter contre le fin tissu qu’il lui restait. Elle émit un petit gémissement, de plaisir et de frustration. C’était la douceur de sa peau et la dureté de son sexe qu’elle voulait sentir à travers sa culotte. Ses mains descendirent sur le torse du jeune homme et elle remonta son pull. Son tee-shirt valsa et ils atterrirent sur le tapis. Elle contempla Adhara. Elle le détaillait comme on détaillerait un trophée. Son corps n'était pas auss sculpté comme qu'un haltérophile, son torse était lisse mais durant l’effort, ses muscles saillaient sous sa peau.

Leurs regards s’accrochèrent, un instant, avec une intensité profonde. Leurs lèvres se frôlaient et leurs souffles s’emmêlaient, comme si leur opposition revenait brusquement et qu’ils désiraient voir lequel des deux céderait en premier. Hedony afficha un sourire espiègle. Adhara garda son expression sérieuse mais il enfouit sa tête dans le cou de la brune. Ses lèvres se posèrent sur son épaule en un délicat baiser puis il descendit, lentement, sur sa clavicule et glissa jusqu’à sa poitrine. Il titilla la pointe de son sein gauche de sa langue. Hedony tira sa tête en arrière, les yeux fermés, offrant son corps au tuahine dans un soupir.

D’une main, il défit sa ceinture et de l’autre il s’insinua dans la culotte de la jeune femme qui se mordit les lèvres. Mais au même moment, la porte de l’entrée de l’immeuble grinça sur ses gonds, deux étages plus bas. Les pas dans les escaliers ressemblaient à tous ceux qu’ils avaient entendus dans la journée. Le bois craquait sous les pieds des passants dans un rythme régulier sans jamais s’arrêter à leur étage.

Adhara comptait baisser son pantalon quand une clé s’inséra dans la serrure et que la porte s’ouvrit. Le tuahine se figea.

« Hedony ? » fit une voix dans son dos.

La jeune femme s’était raidie dans les bras d’Adhara. Elle se pencha pour voir derrière lui et ce fut visiblement le geste de trop pour la table, car elle finit par céder sous son poids. Hedony tomba dans un fracas de bois cassé, mais se releva aussitôt pour courir vers son invité qui faisait déjà demi-tour.

« Hakim ! Attends ! »

Elle agrippa sa veste mais le jeune homme ne s’arrêta pas pour autant. Il sortit de l’appartement et commença à descendre. Elle tenta de le retenir. Il continuait sa descente.

« Non, Hakim, attends ! Je t’en supplie ! Je t’en prie ! Je vais tout t’expliquer ! »

Les larmes lui montèrent aux joues, sa voix s’enraillait quand elle parlait. Le cœur serré, elle finit par lâcher sa prise, remonta la volée de marches et s'habilla pour courir après lui.

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