Pseudo : Confidoie Titre : Fleur de nave
Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs c'est périssable;
Puis les bonbons c'est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables
Surtout quand elles sont en boutons...
On entendait vaguement une chanson de Brel provenant des étages, la commandante Carelle et le lieutenant Janeau surnommé« Gymkhana » montèrent rapidement l’escalier jusqu’au second palier, la porte de gauche était entrouverte, Gymkhana, pistolet en main, la poussa doucement du pied, inspecta les lieux du regard avant d’entrer avec précaution suivi de Carelle.
— Rien dans la cuisine, chuchota-t-il
— RAS dans le salon, lui répondit-elle sur le même ton
Trois portes donnaient sur le couloir, après la cuisine, elle poussa celle de droite,
— Rien ici !
— Rien à gauche non plus !
Ils se regardèrent et Janeau donna un grand coup de pied dans la dernière, la clenche lâcha et la porte s'ouvrit d'un coup. Carelle eut un haut-le-coeur en voyant le corps ensanglanté assis sur la cuvette des WC, le pantalon sur les chevilles, les bras ballants, la tête méconnaissable sur la poitrine. Gymkhana releva doucement la tête de la femme...
— Elle est morte confirma-t-il, notre informateur a dit vrai, c'est bien l'auteure de Scribay.
— Tu as vu toutes les fleurs répandues sur le sol ? Un admirateur secret ?
Carelle ramassa l’ordinateur portable de la victime, au sol.
— Regarde : connecté à leur site à la mords-moi-le-nœud. Putain, on en aura bouffé des pages de pseudo-écrivain dans cette enquête. Troisième victime au couteau, et les corps sont de plus en plus mutilés. J’aurais préféré passer mon dimanche confinée, j’te jure ! D'abord deux mecs et maintenant cette femme, tous écrivaillons !
Gymkhana fit abstraction de la vulgarité de sa supérieure et se pencha à son tour sur l’écran :
[RDG] 17/02/2020 21 : 37
Ma chère Gigi,
Ces confidences que nous échangeons en MP affolent mes sens. Nous sommes vraiment sur la même longueur d’onde, nous deux. De mes dix-sept béta-lectrices, aucune ne t'égale. Tu es la plus douce, la plus compréhensive, la plus exigeante. Sous ton égide, je me vois progresser et grandir. Puissè-je, un jour, parvenir au niveau d’excellence de ton « violoniste ».
[RDG] 20/02/2020 22 : 57
Ma chère Gigi, ma muse,
Ce @Ecris-le moi avec des mots d’amour@ a disparu du site depuis notre scribmeet. Pour ma part, il ne me manque pas du tout. Ses commentaires étaient à la limite du jugement de valeur, pas du tout constructifs, tu ne trouves pas ? Insinuer que ton nouveau chapitre de l’Uber n’est pas fluide, quelle honte. Tu es tout à fait comme je t'imaginais, grande, blonde et belle. Comment tant de grâces se trouvent-elles réunies en un seul être ?
[RDG] 21/02/2020 21 : 45
Ma chère Gigi, ma chérie,
Tu ne me réponds plus ici, tu dois être fort occupée par ton jeu. Moi, les hommes, je les reconnais tout de suite, même sous pseudo, ils écrivent de façon formatée, et ne commentent que pour se faire mousser aux dépens des autres. Tu devrais les envoyer promener, comme moi. Qu’est-ce que ça peut leur faire, qu’on aime les phrases longues ? Sais-tu que je les contacte en privé pour te défendre ? Avec un peu de ruse, j’obtiens toujours leur adresse.
[RDG] 14/03/2020 5 h: 22
Ma chère Gigi, Amour de ma vie,
Je risque de disparaître quelques jours, mais je continue à veiller sur toi. Ton fils te ressemble, il est si mignon sur sa trottinette.
— T'as lu ça ? Complètement taré ce mec ! Et cette Gigi-là, elle avait un mec. Regarde sur son smartphone, il y a un message d'un certain LPD qui lui donne rendez-vous demain dans l'hôtel Ibis de Montrouge à dix-sept heures, "comme d'habitude" qu'il dit.
— Je crois comprendre commandant, il est venu la voir avec des fleurs, elle a dû essayer de le raisonner, lui a dit qu'elle avait quelqu'un. il s'est vanté d'avoir tué deux mecs pour elle alors elle a pris peur, s'est réfugiée dans les chiottes. Lui, pendant ce temps, a lu le message sur le smartphone et pris d'une violente crise de rage l'a massacrée, mais on le tient maintenant ce malade...
— Comment ça on le tient ?
— C'est un barjot, demain il sera au rendez vous pour tuer ce LPD, c'est certain, on n'aura plus qu'à le cueillir.
— Comme chantait Brel, les fleurs sont périssables alors on va lui amener des pruneaux...
Confidoie
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