Àune époque, il aurait fallu me payer cher, très cher, pour que j’acquière ne serait-ce qu’une seule plante en pot. Le seul truc vert que je possédais était un carré d’herbe à chats que je n’avais pas eu le cœur à jeter lorsque « Pelé » était mort.

Puis, je t’ai rencontrée.
Tu incarnais ce que j’avais toujours recherché. La beauté, la grâce sur talons aiguille, ta plastique parfaite toujours mise en valeur par des robes épousant la moindre de tes courbes. Ma préférée, une en cuir rouge lacée de la poitrine au nombril ; un véritable ravissement pour les yeux !
Du jour au lendemain, ma vie était devenue un défilé de couleurs et de senteurs.
Ce n’était plus moi qui offrais des fleurs aux femmes, mais toi qui m’en apportais. A chacune de tes visites, pour n’importe quelle occasion.
Je me souviens de la première, c’était une pensée. Tu m’avais dit me l’avoir apportée car, au commencement, nous n’avions que cela pour nous souvenir de cette belle idylle.
Ensuite, ce furent des lys et des crocus, des iris et autres hibiscus ; elles avaient peu a peu remplacé les figurines manga en bikini et les collections de bd ; – heureusement, tu n’as jamais trouvé Druuna dissimulé dans le tiroir secret du meuble de télé. J’imagine quelle tête tu aurais fait !
Mais rien n’était trop beau pour toi. M’afficher à ton bras valait bien ces quelques sacrifices.
Semaine après semaine, un véritable ballet de plantes et de fleurs coupées prenait place dans la salle et dans toutes les pièces.

Au début, je prenais soin de chacune d’elles, doucement, efficacement, puis après, je prenais soin de toi, tendrement, amoureusement. Car enfin, tu avais déposé tes bagages chez moi, dans ce magnifique endroit que tu avais créé. Et rien n’était plus important que ton bonheur.

Bien sûr, ça n’avait pas été simple de creuser ce trou au milieu de la maison. J’avais eu du mal à passer les fondations, mais ça en valait la peine...
Tu es sans doute la plus belle fleur qui existe au sein de ce jardin merveilleux !