Mon journal intime
Je finis l'exercice avant la fin du temps imparti. Comme il me reste encore plusieurs minutes d'attente, je sors mon journal intime de mon sac pour y noter les événements de la journée.
Ce carnet est mon seul et unique confident. Je lui raconte tout ce que je vis et je lui exprime mes sentiments et mes pensées à l'écrit. Cela me fait toujours du bien d'extérioriser ce que je ressens au travers des mots. J'ai souvent les idées plus claires ensuite.
Une fois que je finis d'écrire, je le ferme et le pose de côté. Au même moment, le professeur nous annonce :
- Le temps est écoulé ! Posez tous vos stylos, nous allons corriger cet exercice ensemble.
Mes camarades s'exécutent et je reporte mon attention sur le tableau pour suivre la correction. Quelques minutes plus tard, la sonnerie retentit. Nous rangeons tous nos affaires et quittons la salle de classe.
Cette fois-ci, je ne me rends pas à la bibliothèque parce que j'ai un rendez-vous chez le dentiste. Comme prévu, maman m'attend devant l'école, dans sa voiture. Je m'installe à côté d'elle, attache ma ceinture de sécurité et elle démarre le véhicule.
Durant le trajet, elle me demande :
- Tu as passé une bonne journée, Kiyoko ?
- Oui, maman.
- Les leçons ne sont pas trop difficiles ? Tu t'en sors bien ?
- Oui, ne t'en fais pas.
- C'est bien, commente-t-elle simplement.
Une fois la consultation chez le dentiste terminée, nous rentrons à la maison. Je vais dans ma chambre pour faire mes devoirs et ce n'est qu'alors que je remarque que mon journal intime manque à l'appel. Je vide mon sac, fouille tous mes tiroirs, mon armoire et regarde sous mon lit, mais ne le trouve pas. Je cours dans le salon pour demander à maman :
- Est-ce que tu n'aurais pas vu un carnet rose, par hasard ?
- Non, pourquoi ?
- Je ne le trouve plus.
- Tu as bien cherché ?
- Oui, maman, mais je ne l'ai vu nulle part.
- Tu l'as sûrement oublié quelque part. Réfléchis bien au dernier endroit où tu l'as vu, ce sera un bon début de piste.
Je suis son conseil et me concentre pour me souvenir du dernier lieu où j'ai vu mon journal intime. C'était à l'école, lorsque j'y ai raconté ma matinée ! Je l'ai ensuite posé sur le coin de mon pupitre et depuis, je ne l'ai plus revu. Cela voudrait dire que je l'ai laissé là-bas ? Oh, non ! Il suffit qu'un de mes camarade de classe un peu trop curieux le remarque pour qu'il le lise et découvre mes secrets ! Ce serait un violation de ma vie privée et intime ! Personne n'a le droit de faire une chose pareille, mais je sais bien que cela n'empêche pas certains de le réaliser malgré tout.
Oh, me voilà bien ! Je ne peux même pas aller le récupérer tout de suite puisque l'école est déjà fermée. Je dois attendre le lendemain matin, mais en attendant, quelqu'un l'a sûrement déjà entre les mains. Quelle catastrophe !
Je ne parviens pas à penser à autre chose et je passe une nuit agitée à cause de ma nervosité.
Le lendemain matin, lorsque mon réveil sonne, je me dépêche de me lever et de me préparer pour arriver le plus rapidement possible à l'école.
Je mets des collants violets et une robe bleue à manches longues, puis enfile une veste noire et passe la bandoulière de mon sac par-dessus mon épaule.
Je suis sur le point de quitter l'appartement lorsque maman me demande d'une voix autoritaire :
- Où vas-tu comme ça ?
- Je vais à l'école.
- Tu n'as même pas encore pris ton petit déjeuner. Viens t'asseoir.
- S'il te plait, maman, je suis pressée . . .
- On ne discute pas, rétorque-t-elle fermement. Viens manger.
Je pousse un soupir, mais obéis et m'installe à table. Je mange mon omelettre et mon riz aux légumes aussi vite que possible et demande à maman :
- C'est bon ? Je peux y aller, maintenant ?
- Vas-y et travaille bien en classe, d'accord ?
- Promis ! dis-je en me levant et en courant dans l'entrée pour enfiler mes chaussures noires.
Je cours jusqu'à l'école et, une fois arrivée devant le bâtiment scolaire, je m'engouffre dedans et me précipite vers la salle de classe. Je regarde sur mon pupitre, mais mon journal intime n'y est pas. Je me penche pour voir sous le meuble, mais toujours rien. Je fouille toute la classe en vain. Je pousse un long soupir de désespoir. On dirait bien que, comme je l'ai prévu, quelqu'un l'a déjà emporté. Je ne le reverrai peut-être jamais !
Cette pensée m'attriste et je tremble à l'idée de savoir que mes pensées et mes sentiments les plus intimes sont écrits noir sur blanc sous les yeux de quelqu'un d'autre, dont je ne sais d'ailleurs même pas qui il est.
Au même moment, j'entends une voix m'interpeller :
- Ah, c'est toi, Kiyoko ! Viens vite !
Je me retourne pour faire face à la fille fantôme et dis avec étonnement :
- Mizuki ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Dépêche-toi de récupérer ton journal intime avant que quelqu'un ne le prenne !
- Oh, tu sais où il est ? !
- Oui, suis-moi !
Elle flotte à travers la salle de classe et s'engouffe dans le couloir. Je la suis jusqu'à dans le coin qui se trouve à côté des toilettes des garçons. Mon carnet gît là, sur sol. Mon visage s'illumine d'un grand sourire et je le prends précipitamment pour le serrer contre moi, ravie de le retrouver, en m'exclamant :
- Oh, merci Mizuki ! Qu'aurais-je fait sans toi ?
- Je t'en prie, dit-elle modestement.
- Oh mais dis-moi, comment s'est-il retrouvé ici ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je vais tout te raconter, mais allons discuter dans un coin plus tranquille afin de ne pas être dérangées par les autres. Je ne veux pas qu'ils se mettent encore à crier en me voyant . . . déclare-t-elle avec un air triste.
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