Coquines câlines

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Une réponse à un défi lancé par PsychoPoète (qui entretemps semble avoir déserté l'ADA) :

Pour ce défi, au summum de feux torrides, j’aimerais que vous racontiez une scène.... torride entre deux personnages épris l'un de l'autre.
Relation amoureuse complète ou pas.
L’ébat doit transpirer la passion, cela est selon votre imagination.
Il n’y a aucune autre contrainte, si ce n’est que de créer une scène érotique, charnelle, où il y a intensité et profondeur du ressenti.
On matérialise dans la matière avec vos mots bien choisis.
Il faut que ça aille du gout à lire, presque poétique.
On veut en faire partie, tellement que ça vibre !

Note de Juju : la vraie difficulté consistait ici marier érotisme et délicatesse pour répondre aux attentes de l'auteur du défi. Ce texte est une mini spin-off de ma première oeuvre qui elle, ne faisait pas dans la dentelle :-)

— Eh bien enchantée Julie, moi c’est Pilar.

— Ah ce n’est pas d’ici ça …

— Effectivement, ma Mère est Espagnole. Enfin, était, elle est décédée il y a cinq ans.

— Oh je suis désolée !

J’ai fait la connaissance de Pilar il y a deux jours à peine. Ou plutôt, ça faisait deux jours que le hasard l’amènenait sur le siège voisin du mien dans l’amphi. Pour être franche, à cet instant je mettais effectivement cette rencontre sur le compte du hasard. Il ne fallait pourtant pas être statisticienne pour comprendre que la probabilité qu’une étudiante donnée s’asseye deux jours d’affilée à côté d’une autre devait être bien faible. Surtout dans un auditoire de deux cent places occupé par près de cent étudiants, et a fortiori si les deux étudiantes ne se connaissent pas.
C’est en sortant du cours qu’elle a pris l’initiative d’engager la conversation. Je suis pour ma part quasiment certaine de n’avoir jamais vu cette fille.

— On s’est déjà croisées ? C’est dingue, j’espère que tu ne m’en veux pas mais je n’ai même pas l’impression de t’avoir déjà aperçue.

— Ah non effectivement, ça m’étonnerait. Je suis ce cours en élève libre, dans le cadre de mon mémoire. Je suis en Sciences-éco, les lettres ce n’est pas trop mon truc. Mais comme je bosse sur une approche un peu particulière de la compétitivité, j’ai été amenée à m’intéresser à l’un au l’autre auteur allemand. Bon, je te passe les détails.

— D’accord. En tous cas, si tu as besoin d’un tuyau, tu es tombée sur la plus grande fan de Goethe, Nietzsche et consort … donc n’hésite pas.

Elle sourit.

— Ja wohl !

— Tu n’y es pas … tu dois allonger le « o », comme dans « beau ». « Ja wohl ».

Là elle éclate de rire, dévoilant deux rangées de dents d’une blancheur presqu’artificielle. Son rire est très communicatif et nous rions de concert et de bon coeur.

— Ça te dit un thé ou un café ? Tu m’expliqueras sur quoi tu bosses …

Elle acquiesce et nous nous dirigeons vers La Maison des Desserts, un petit salon de thé dans le vieux Namur, où j'ai mes habitudes. Ils font des bavarois à tomber, j’en salive déjà.

***

Ça fait maintenant dix jours que Pilar et moi avons pris l’habitude de nous retrouver pour déjeuner ou prendre un verre en fin de journée. Il est des êtres avec qui l’on « clique » de suite, sans réellement savoir pourquoi. Il n’a pas fallu une semaine pour que la complicité qui s’installait entre nous ne se mue en liens d’amitié. Nous ne sommes pourtant pas à proprement parler identiques, que du contraire.
Pilar est grande, flamboyante, plutôt extravertie. Elle n’est pas à proprement parler belle, mais son incroyable chevelure bouclée qui dégringole sur ses épaules, son allure de pentathlonienne et son regard de braise lui confèrent une aura presque magnétique. Marc dirait qu’elle a du chien.

Ce soir-là, elle m’avait invitée à manger des tapas maison dans son minuscule studio. La soirée était déjà bien avancée et nous avions un peu forcé sur le Rioja.

— Il faut que j’y aille, il est plus de minuit.
— Oups. Je n’ai pas vu le temps passer. Ca fait quand même super tard ! Tu ne préfères pas dormir ici ? Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée de te farcir ces huit kilomètres à vélo avec ce que tu as bu, et tu n’attraperas plus le dernier bus.

— T’inquiète, j’en ai vu d’autres. Allez, je file.

J’attrape mon sac, mon casque et ma veste et Pilar m’accompagne jusqu’au hall d’entrée de l’immeuble, où j’ai laissé mon deux-roues. Mais au moment de sortir, je déchante. Il pleut des cordes et un vent glacial vient me fouetter le visage. Une bonne vieille météo de novembre, pourrie à souhait.

— Julie, tu ne peux pas y aller maintenant. Dors ici, tu n’auras qu’à repasser chez toi demain en allant au cours.

Devant les trombes d’eau, je n’ai pas le courage de décliner.

— Et t’inquiète, je peux te filer une brosse à dents, un short et un T-Shirt. On se serrera un peu.

— Ah non hein, je ne veux pas abuser. Je dormirai dans ton petit canapé, et ce n’est pas discutable !

Aussitôt dit, aussitôt fait.
Pilar installe un coussin et une petite couverture sur le sofa et me sort un short et un T-Shirt censés me servir de pyjama.

Tandis qu’elle s’affaire à la salle de bain, je les passe en vitesse.

Ils sont trop grands pour moi mais ça fera l’affaire pour la nuit.
Elle m’appelle, je la rejoins. La salle de bain est minuscule, une douche, un lavabo et on a presque peine à y tenir à deux.

— Tiens, je t’ai trouvé une brosse à dents. Tu as le dentifrice là, le gel et le shampoing sont dans la douche. Je t’ai sorti aussi une serviette, tu prends la bleue là.

Au moment où elle se retourne, sa poitrine effleure la mienne. J’y aurais à peine pris attention si elle n’avait pas eu l’air aussi … perdue. Je ne trouve pas d’autre mot. Elle bredouille :

— T’as … tu … t’as besoin d’autre chose ?

— Non t’inquiète. Bonne nuit.

On se fait la bise. Elle fait mine de quitter la salle de bain, se retourne lentement.

— Ju … Julie.

Elle s’approche. A ce stade, je ne vois rien venir. Rien du tout. Il n’y a d’ailleurs rien à comprendre puisque mon esprit est à des kilomètres d'imaginer ce qui est en train de se passer. Elle aurait pu me dire qu’elle s’était trompée et que c’était la serviette rouge et pas la bleue, me demander de ne pas laisser couler la douche trop longtemps pour qu’on ait toutes deux suffisamment d’eau chaude, je m’y serais attendue.
Mais en lieu et place de ça, elle s’approche si près de moi que son genou effleure ma cuisse, que son bras caresse le mien.
C’est au moment ou une de ses mèches rebelles glisse entre nos deux visages et me chatouille le nez au passage que je comprends.

Elle vient poser son front contre le mien et ferme les yeux.
Les miens sont grands ouverts. Je suis statufiée, pétrifiée, incapable de réagir. Qu’est-ce qu’elle me fait là ?
Une pensée me traverse l’esprit, fulgurante. Elle veut juste un câlin, une étreinte chaleureuse, genre « bonne nuit ma meilleure amie, je t’aime très fort, à demain ».
Mais au fond de moi je devine que je me trompe.
Nos corps se touchent maintenant et ses seins s’écrasent sur les miens, je sens son coeur battre la chamade.
Le mien, lui, s’est arrêté. Je flotte hors du temps, perdue dans l’espace, incapable de réagir, incapable de dire quoi que ce soit.

Incapable même de réfléchir.

C’est sa bouche qui trouve la mienne, sa langue qui s’immisce entre mes lèvres. Je demeure complètement inerte, les yeux grands ouverts, incapable d’accepter son baiser. Incapable aussi de le lui rendre.

Elle s’écarte avec une lenteur infinie.

— Pardon … je … je … j’ai cru …

La Pilar sûre d’elle qui fend la foule avec l’assurance d’un brise-glace a perdu toute sa superbe. On dirait une gamine prise en défaut, les larmes lui montent aux yeux.

Moi par contre, je suis incroyablement calme et sereine.

Je ne ressens à cet instant ni gêne, ni aucune autre émotion.
Juste de la … curiosité.
Je suis touchée aussi, de l’intérêt quelle me porte.
Mais rien de plus.

— Recommence.

— Pardon ? lance-t-elle.

— Recommence. Juste pour voir.

Je la regarde s’approcher encore une fois. Elle m’enlace et vient se blottir dans mon cou. Ca dure un moment. Je n’ose pas bouger, pas même la toucher. Elle relève doucement la tête. L’air grave. J’ai conscience de ne rien laisser transparaître car à cet instant, je ne sais même pas si j’ai envie qu’elle m’embrasse. Avec le recul, j’imagine le courage qu’il lui a fallu pour se lancer face à cet automate sans vie que j’étais. Bras ballants, yeux grands ouverts. Hagarde j’imagine.

Ses lèvres sont douces.
Elle m’embrasse avec une tendresse infinie.
Sa langue ne s’impose pas, elle vient simplement s’unir à la mienne, la caresse, l’étreint.

C’est le baiser le plus subtil, le plus délicat, le plus respectueux qui m’ait été donné jusqu’alors.

C’est à ce moment que je reprends le contrôle de mon corps.
J’ordonne à mes yeux de se fermer.
Et il se ferment.
Je demande à mes mains de se poser sur ses hanches.
Et elles obéissent.
Je libère ma langue.
Et elle s’encourt à la rencontre de celle de Pilar, l’enlace, la dévore. C’est moi maintenant qui fouille sa bouche tandis que mes mains parcourent son corps, ses flancs, ses seins.

Elle me repousse en douceur.

— Hola dis-donc … doucement.

Je n’ai aucune envie d’arrêter. Comme une enfant qui découvre une nouvelle friandise, j’en veux plus. J’en veux encore.

C’est moi cette fois qui viens à elle. Mes mains glissent dans ses cheveux tandis que mes lèvres cherchent les siennes.
Mon Dieu, comme c’est doux.
Elle me rend mon baiser.

— Tu veux qu’on fasse l’amour ?

J’acquiesce d’un hochement de tête. Nul besoin de parler, elle sait que pour moi c’est nouveau et cela suffit à me rassurer. J'ai accumulé les petits copains ces derniers mois, bien plus que de raison, mais là ...

Elle passe une main sous mon T Shirt trop grand et caresse longuement mon ventre puis mes seins.
Ses gestes sont précis et délicats.
Elle m’entraîne à sa suite et entreprend de me déshabiller, avec une telle lenteur et des gestes si calculés que l’on dirait une chorégraphie. Je m’allonge sur le petit lit en la regardant se dénuder. C’est au moment où je découvre son corps que l’excitation se manifeste réellement. Un mélange d’appréhension, de curiosité et d’envie. Une escadrille de papillons s’envole dans mon ventre.

Sa taille est aussi fine que ses muscles sont saillants. J’en suis certaine maintenant, elle doit pratiquer un sport à un excellent niveau. Le moindre de ses muscles est dessiné avec une précision anatomique, à chacun de ses mouvements on peut les voir glisser et se contracter sous la peau. A certains endroits, on peut carrément distinguer les fibres musculaires. Ses seins que je croyais un peu lourds sont au contraire très ronds et très fermes. Pour un peu, on les croirait refaits mais quand ma main s’y pose, j’ai la conviction que ce n’est pas le cas. Ses hanches sont bien marquées, des hanches faites pour enfanter. Elles donnent naissances à des cuisses parfaites, solides et fuselées.

Nous passons un temps fou à nous chercher, nous explorer, nous trouver.
Nos peaux s’embrassent et prennent la mesure l’une de l’autre, se caressent et s’unissent.
Nos corps, à coeur, se confondent.
Ses lèvres affolent mes seins tandis que mes tétons, sous sa langue, se font durs comme la pierre.

Une avalanche de baisers dévale mon ventre, tourbillonne dans mon nombril et vient mourir à la naissance de mon sexe.

Je retiens mon souffle puis soupire quand d’ un baiser aérien, elle vient cueillir les perles de rosées sur ma fleur frémissante. C'est tendre et doux.
Elle assiège ma forteresse, n'attendant probablement qu'un signe pour mener l'assaut.
C'est si bon, trop bon. Mon bassin se porte à sa rencontre tandis qu'un baiser plus appuyé m'arrache un gémissement.

C’est le moment qu’elle choisit pour passer à l’attaque.

Une bouche vorace s’empare de mes lèvres intimes, encercle mon bouton magique avant de lui porter une estocade du bout de la langue.
Je perds pied.

C’est un tourbillon de sensations.

Comment fait-elle pour être aussi … présente ?
Sa langue descend profaner mes chairs et s’immisce au plus profond de ma petite grotte, et pourtant, du nez ou de sa lèvre, je n’en sais rien, elle continue d’affoler mon bouton d’amour.
Pas une seconde ce dernier n’est délaissé.

C’est divin, magique. Nouveau.

Jamais bouche ne m’avait à ce point procuré un tel plaisir.

Quand je tente de me redresser pour lui rendre ses caresses indécentes, elle me repousse doucement.

— Laisse toi faire …

— Non … non … je veux … je veux essayer.

Tout en continuant à me dévorer, elle rampe sur mon corps et vient se placer à califourchon au-dessus de moi.
Sa tête entre mes cuisses, ses seins sur mon ventre et les miens plaqués au sien, je contemple son sexe à quelques centimètres seulement de mon visage.
Du bout des doigts, j’effleure son clitoris. Elle se cambre, m’invitant à poursuivre. Je joue avec son bouton et très vite la rosée vient orner la commissure de ses lèvres.
Je risque un baiser.
Ses chairs sont tendres et tièdes, elles frémissent au contact de mes lèvres.
J’ai un mal fou à ordonner mes gestes, déconcentrée que je suis par sa langue besogneuse qui me fouille sans pudeur.
Je m’y risque moi aussi et de ma langue, titille son bourgeon.
Puis ses lèvres.
Curieuse, je lape sa vulve. Juste pour la goûter.
Sa liqueur d’amour est très dense, un peu âcre.
C’est tout sauf engageant.
Mais je veux lui rendre ses caresses et prends donc sur moi.
J’écarte doucement les pétales de sa fleur palpitante et y plonge la langue, elle se cambre et pousse un soupir.

— Mmmmmhhh

J’enfonce ma langue plus encore, pour sentir aussitôt la sienne entrer plus profondément en moi.
A partir de là je perds le contrôle, ne sachant qui des deux imprime le rythme. Plus j’y vais, plus elle me dévore … ou est-ce le contraire ?
Soudée à elle, je jouis la première et mes gestes se font si désordonnés qu’elle doit s’aider de sa main pour y parvenir elle aussi. Elle se tend comme un arc quand l’orgasme la cueille puis s’écroule sur moi, inerte.

***

Il fait encore nuit quand je me réveille, lovée dans ses bras, en proie à une multitude de pensées contradictoires. Je n’arrive pas à me prononcer sur ce qui vient de m’arriver.
J’ai sans aucun doute pris beaucoup de plaisir et la douceur des bras de Pilar, sa délicatesse et son attention permanente, omniprésente, n’en finissent pas de me combler.
Pourtant, elle reste une très bonne copine, peut-être au mieux une amie. Pas une amante ni même une partenaire sexuelle.
Qu’est-ce que je raconte ? Il y a quelques heures encore, nous nous dévorions mutuellement. Bien sûr que c’est une partenaire sexuelle ! Ou pas. Je ne sais pas, je ne sais plus.

Elle soupire et me serre fort.
Je me retourne. Dans la lueur blafarde de l’éclairage nocturne, je devine à peine ses yeux entrouverts.

— Hola Chiquita …

— Coucou Pilar …

— C’était ta première fois n’est-ce pas ? Avec une fille je veux dire …

Je souris.

— Oui? J’ai été si nulle ?

— Pas du tout. J’ai passé une merveilleuse soirée. Le jeu en valait le risque.

— Merci.

Je ne sais pas trop quoi dire. Je suppose qu’elle fait allusion au fait qu’on ne saute pas facilement sur une personne du même sexe sans avoir au moins un signal de sa part. Je n’ai pas trop envie de m’étendre sur les états d’âmes qui il y a encore dix minutes étaient les miens. Mais elle enchaîne.

— Je dois t’avouer que depuis le deuxième jour dans l’amphi, ça me trottait dans la tête. J’espère vraiment que de ton côté, c’est sans regret.

Je ne trouve rien à dire mais pour la rassurer, je me tourne vers elle et viens l’enlacer du mieux que je peux, enserrant sa cuisse entre les miennes comme pour mieux nous emboiter encore. C’est tout naturellement que mes lèvres trouvent les siennes et si les mots ne parviennent pas à sortir, c’est tout mon corps qui lui crie « encore » …

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