Chapitre 1 :
Les ténèbres profondes qui s'emparaient de moi s'éclaircir à cause de Time of Dying du groupe Three Days Grace. C'était surtout mon réveil. Oui, j'aimais le rock.
Je n'étais pas le genre de personne à m'attarder au lit le matin, du moins, pas en semaine où j'avais cours. J'avais toujours été une élève sérieuse et disciplinée, j'en étais assez fière. À 22 ans, je l'étais toujours autant.
Je grognai alors que je cherchais mes lunettes. Il m'était impossible de voir sans et je ne pouvais pas mettre mes lentilles immédiatement. J'arrêtai mon réveil en glissant le doigt sur mon téléphone avant que Mallo vienne me hurler dessus pour l'avoir réveillé.
Mallo était un de mes colocataires. J'habitais en collocation avec des amis que je connaissais depuis le collège. Mallo en faisait partie, c'était un ami avec qui je me découvrais encore des points communs tous les jours. Il y avait Linda, elle aussi adorait le rock et faisait des études pour devenir professeur de dessin. Son meilleur ami Dorian, quant à lui voulait devenir professeur d'anglais. Puis il y avait Lorie qui faisait des études scientifiques pour devenir chercheuse. On était une grande bande malgré tout assez soudée.
Je finis par me rappeler que c'était un jour que je redoutais particulièrement. Ma confidente Pola et mon meilleur ami Dylan avaient emménagé ensemble, comme tout couple ayant des projets. On avait donc voté pour savoir si nous allions les remplacer ou non. On était deux contre trois. Moi et Mallo contre Lorie, Linda et Dorian. Du coup, on allait accueillir nos nouveaux colocataires en fin de journée, et seul Dorian et Linda les avaient vus. On leur avait donc fait confiance, mais on fond de nous, on avait quand même peur. On devait s'assurer d'avoir choisi les meilleurs colocataires pour notre bien être.
Je pris les vêtements que j'avais préparé la veille pour les entraîner avec moi dans la salle de bain. Je traversai donc le couloir de l'étage pour atteindre la pièce qui se trouvait à l'opposer de ma chambre. Je ne passais pas une heure à me préparer, mais quand j'étais stressée ou nerveuse, mes douches de dix minutes pouvaient bien s'allonger à en atteindre les vingt. Dorian et Linda nous avaient donné aucune information sur nos nouveaux colocataires. Après quelques minutes dans la salle de bain à coiffer ma touffe brune abominablement épaisse et à maquiller légèrement mes yeux bleus, j'en ressortis et je vis une jeune fille aux cheveux blonds et aux grands yeux verts attendre appuyée contre le mur. Elle était plus grande que moi – ce n'était pas très compliqué de toute manière avec mon mètre cinquante – et devait sûrement avoir quelques kilos en trop que l'on ne remarquait pas trop.
— Salut Lorie ! Désolé de t'avoir faite attendre mais je suis un peu stressée aujourd'hui, déclarai-je.
Elle hocha légèrement la tête et se détacha peu à peu du mur.
— À cause des nouveaux, n'est-ce pas ? Moi aussi, maintenant je me demande si je n'aurais pas du voté contre. Je n'aime pas que Dorian et Linda ne nous disent rien. Sauf que je n'ai pas envie de piquer une crise.
Je haussai les épaules et lui marmonnai que l'on ne pouvait plus y revenir et que ce qui était décidé ne pouvait plus être rétracté. Elle me souhaita une bonne journée et je la gratifiai d'un sourire avant de dévaler l'escalier.
Par la suite, je pénétrai dans la cuisine américaine où se trouvait un brun à lunette d'origine portugaise qui était en train de recopier quelque chose sur un cahier à spiral ainsi qu'une grande brune, très pâle aux yeux foncés qui dessinait tranquillement alors que son café devait déjà être froid.
— Dorian… Linda. Bonjour.
Je remarquai de suite les sourires moqueurs de mes amis quand ils s'échangèrent un regard. Je compris de suite qu'il avait un truc en tête et qu'ils comptaient bien le mettre en exécution. Plus jeune, Linda faisait les quatre cents coups avec Lorie car Dorian ne pouvait pas se permettre de désobéir à ses parents. Mais ce denier n'habitait plus chez ses parents. Je n'étais pas d'une humeur joueuse ce matin.
— Je vous préviens, je sais que d'habitude j'ai la pêche quand je sors du lit, mais je ne suis pas d'humeur ce matin. Malgré tout, si vous avez des choses à me dire sur les nouveaux, je suis preneuse, prévins-je en remplissant ma tasse de café.
Je vis le regard de Linda se remplir de malice et je soufflai. Qu'allaient-ils encore me faire ses deux là ? C'était vraiment le duo de choc. Ils m'épuisaient, quelques fois, j'en regrettai presque l'époque où Dorian était aussi discipliné que moi. Je haussai un sourcil, attendant la suite de leur petit jeu, puis je portai un verre de jus d'orange –la meilleure boisson du monde– à ma bouche.
— Eh bien... Tu as de la chance petite chanceuse, je sus d'humeur généreuse aujourd'hui. Alors voici quelques indices sur nos nouveaux amis.
— Nouveaux amis. Parle pas trop vite, bougonnai-je en prenant une bouchée de mon pain grillée. Qui te dis que nous allons vraiment les apprécier. File-moi tes infos ça m'intéresse.
Linda laissa échapper un rire doux. De nous tous, c'était la plus extravertie. Elle s'entendait bien avec tout le monde. Vraiment tout le monde. Cela en devenait presque agaçant et déconcertant pour moi et Mallo. On n'avait pas d'ennemis, mais on n'était pas apprécié de tout le monde. Linda était le genre de fille qui donnait l'illusion d'être parfaite, et quand on apprenait à la connaître, on finissait par distinguer ses quelques défauts. Je relevai la tête et la fixai pour lui faire comprendre que c'était maintenant ou jamais.
— Du calme, petite dragonne ! Tu vas les avoir tes indices… Dans quelques secondes seulement. Bien, tu vas avoir le droit à deux indices mais pas plus. Ce sont de garçons, et ils ont notre âge.
Finalement je leur lançai un regard assassin. Certes je ne savais pas ses détails, mais cela me paraissait évident que cela n'allait pas être deux vieux pépés à la retraite qui réclamaient la visite de leurs petits-enfants et qui nous feraient la morale. Puis, avec Lorie, nous avions réclamé une chose essentielle : pas de filles. Et pour cause, à l'époque, même si elles étaient amies, Pola et Linda se chamaillent pratiquement tout le temps si bien que tout le monde en était fatigué.
— L'indice des garçons n'en est pas un, contrai-je.
Linda leva les yeux aux ciels comme si j'avais dit quelque chose d'exaspérant.
— Désolé mais c'était les seules informations que j'étais disposée à te dire. Mais encore un truc, le père de l'un d'eux va venir avec eux pour inspecter les lieux. Tâches de ne pas être en retard !
Ce n'était pas ma faute si les trajets des transports en communs étaient toujours retardés. Un grand châtain aux yeux marron avec de lunettes et encore des traces d'acné débarqua dans la pièce. C'était Mallo. Je m'empressai de lui rapporter les nouveaux indices peu nombreux que j'avais obtenus. On restait septique et je me demandais soudain si on les connaissait.
— Bon, par contre tu te dépêches. On va chez Pola et Dylan je te rappelle, quand je reviens après avoir mis mes lentilles je veux que tu sois sur le pied de guerre ! Compris ?
— En faites, pourquoi allez-vous les voir ? questionna Dorian qui, à présent mangeait des céréales.
— J'ai un dossier à traiter avec Dylan et Laurianne n'a pas vu Pola depuis longtemps, expliqua Mallo.
Oui, je m'appelais Laurianne. Ce n'était pas le meilleur prénom je trouvais, mais ce n'était pas le pire, loin de là je pensais. Vraiment, les pires à mes yeux étaient ceux du Moyen Âge, c'était tout simplement trop éloigné de notre époque.
Je partis dans ma chambre pour mettre mes lentilles puis m'assurai que je n'avais oublié aucun cahier dans mon sac avant de le plaquer sur mon épaule droite. Bien évidemment, Mallo, qui représentait la lenteur incarnée tel un escargot ou une tortue, n’était pas prêt. Je poussai un long soupire avant de jeter mon sac sur le canapé et de m'y affaler puis pris la télécommande pour zapper. J'attendais toujours Mallo avec Dorian quand on était au collège… En vérité, j'attendais toujours tout le monde. J'étais toujours prête en avance alors que les autres non. À force de changer de chaîne toutes les trois secondes, je tombai sur ma série préférée et décidai de rester devant l'épisode que j'avais pourtant déjà vu.
— Mallo ! Grouille ! Je n'ai pas que cela à faire de t'attendre ! Depuis que je te connais cela doit bien faire plus de mille fois que je t'attends ! hurlai-je à pleine voix.
— Es-tu certaine de ton chiffre ? Je sais que notre Mallo est le vainqueur du concours international de la lenteur mais quand même.
C'était Lorie qui venait tout juste de descendre. Dorian vint s'asseoir à mes côtés puis se rongea les ongles. Très mauvais tic qu'il avait. Je connaissais beaucoup de personnes qui faisait la même chose et je trouvais cela impressionnant le nombre de personnes accomplissant cette action. Je ne faisais pas partie de ses personnes. Mon tic, c'était de me mordre les lèvres, une habitude depuis le collège. Je n'arrivais pas à m'en débarrasser.
— Je peux même t'assurer qu'on a bien dû l'attendre plus de mille fois. Ce gars est la lenteur incarnée, je te jure, compléta Dorian.
— Je vous entends !
— Alors dépêche-toi, Escargot !
On l'entendit bougonner tout haut ce qui nous fîmes vraiment rire. Après quelques minutes, il finit enfin par arriver. Nous partîmes donc pour rendre visite à nos deux amis. Mallo était assez stressé, car il travaillait sur un dossier important avec Dylan, et aussi parce qu'il était en proie au stress à chaque instant. Au collège, je pensais être la personne la plus stressée avant de l'avoir rencontré. Cela me faisait rire parfois. Nous marchâmes pendant une bonne dizaine de minutes, puis nous nous engouffrâmes dans le métro.
J'enfonçai mes écouteurs dans mes oreilles pour écouter ma musique. Du rock bien sûr, plus précisément mon groupe préféré : My Chemical Romance. Mallo, lui, réalisais minutieusement son dossier. Il m'avait brièvement expliquée que c'était un des dossiers les plus importants qu'ils n'avaient jamais eus à traiter. Dire qu'il était dans le monde du travail alors que je n'étais qu'étudiante en journalisme. La plupart des gens faisaient encore des études. En tous cas, dans notre groupe, tous à part Mallo et Dylan se trouvait au université ou à la fac.
Nous sortîmes puis, après quelques minutes de marches dans Paris, on se retrouva devant un vieil immeuble qui allait bientôt se faire rénover. Mallo appuya sur le bouton et je poussai la porte. Nous montâmes l'escalier jusqu'au deuxième étage et on toqua au numéro 36. La porte s'ouvrit sur une jolie blonde aux yeux marron et à lunette. Elle était plus grande que moi et quelques centimètres plus petite que Mallo. La jeune femme me sourit et je la serrai dans mes bras.
— Coucou, toi. Contente de te voir Laurianne. Salut Mallo, déclara-t-elle.
Je fis la bise à mon amie avant de me diriger vers le salon, jeune homme aux cheveux blonds cendrées et aux yeux bleus était assis sur le canapé. Dylan, mon meilleur ami. Je le connaissais depuis la petite section de maternelle. Sois, depuis pratiquement toujours. Il me fit un sourire et je lui serrai la main. Il n'avait jamais voulu me faire la bise et persistait à me le rappeler, c'était assez amusant. Je me rappelais qu'on avait fais les quatre cents coups ensemble au lycée, et plein d'autres détails. On avait eu nos lunettes la même année, nos lentilles aussi. On n'avait pas été souvent dans la même classe et pourtant, cela ne nous avait pas éloignée. C'était cool.
— Ça se passe bien à la fac ? se renseigna-t-il.
— Ouais… La routine quoi. J'espère que tu n'es pas trop stressé car Mallo si.
— J'ai l'habitude, je sais comment le calmer.
Je notai dans mon esprit à lui demander comment il faisait. Depuis le temps que j'essayais ! Mallo et Dylan partirent dans le bureau de ce dernier. Pola s'assit sur le canapé et tapota la place à côté d'elle pour m'inviter à m'asseoir.
— En faites, tu as survécu au dîner avec les beaux-parents, remarquai-je en gloussant.
— M'en parle pas ! commença Pola en se tapant le front. Ses parents lui mettent tellement la pression que j'avais envie de leur hurler dessus. Je vais devoir apprendre à les accepter. Sa sœur aussi d'ailleurs. Mais elle est bête, mais tellement bête. J'en ai vu des idiotes mais elle, c'est la reine. Elle montre tous les clichés sur les blondes.
— Ses parents l'ont toujours suivi de près et tout fait pour qu'il soit le premier partout en tout et qu'il puisse rentrer dans de grande école. La dernière fois que j'ai parlé à sa sœur, elle devait avoir sept ans.
— Je peux t'assurer qu'elle n'a plus sept ans mais que cet âge correspond à son mental. Linda m'a dit que vous allez accueillir les nouveaux colocataires aujourd'hui. Es-tu certaines que ça va ?
— Non, admis-je. Je ne voulais pas de nouveaux colocataires et Dorian et Linda ne nous ont rien dis sur eux. Du coup, ça me stresse et ça m'énerve.
— Ne t'inquiète pas, ça se passera bien.
Je ne doutais pas du fait que cela allait bien se passer, mais de savoir si j'allais bien m'entendre avec eux. Pola baissa le son du téléviseur et replaça la pile de magazine mal entreposée sur la table basse.
— Sais-tu sur qui je suis tombée hier en rentrant de la fac ?
Elle ne me laissa pas le temps de deviner.
— Nathan.
Je me concentrai pour ne pas perdre mes moyens à l'entente de ce prénom.
— Il n'a pas changé. Toujours aussi drôle et aussi embêtant. Intelligent aussi, et tu te dirais sûrement qu'il est toujours beau voir même encore plus.
Alors que Pola continua à parler de lui, je fis un grand effort pour contenir mon calme. Je pouvais donc le revoir à tout moment, en plus il venait de reprendre contact avec Pola.
Nathan… Ce prénom m'avait hantée jours et nuits pendant des mois et des mois. Nathan était mon premier et seul amour. Aux yeux de tout le monde, notre histoire avait duré deux ans, mais en vérité, elle avait durée six ans. C'était une relation passionnelle, intense et incroyablement compliquée. Je ne comptais plus le nombre de fois qu'on avait rompue puis qu'on s'était remis ensemble par la suite. On c'était rencontré à nos treize ans et on c'était définitivement quitter à nos dix-neuf ans. Nos amis n'étaient pas au courant, et on ne se montrait pas trop en public. Je ne savais pas si c'était une relation étrange ou normale. Une chose était certaine : après notre rupture on ne c'était plus jamais revu. Jamais.
Et je me sentis soudainement mal. Pola me connaissait jusqu'au bout des ongles. Elle avait donc remarqué.
— Qu'est-ce qui ne va pas ? me demanda ma confidente en me prenant par les épaules.
Je devais au moins le dire à elle.
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