Chapitre 5 :

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Pour m'assurer de dormir, je pris des somnifères. Je n'en prenais pas quotidiennement, mais au fil des années, je m'endormais de plus en plus tard et me levais de plus en plus tôt. Cela m'aidait à être en forme lors des journées importantes. J'avais vraiment des problèmes pour dormir depuis le collège, et par la suite cela ne c'était pas arrangé. Ce soir-là, j'avais trop de chose en tête pour pouvoir espérer dormir de mon propre chef.

Le lendemain matin, je sautai du lit avant de me rendre compte que j'allais devoir affronter plusieurs choses aujourd'hui. Je soupirai et balançai mon poing dans le vide pour me défouler. Bien évidemment cela ne me donnait aucune satisfaction.

J'espérai que ma petite discussion avec Dylan le ferait réaliser qu'il devait se battre pour retrouver Pola. Pour que tout se passe mieux dans leur couple. C'est pour cela que je passerai chez eux. Mais avant, il fallait que j'emmène Inès à l'école, ensuite à mes cours, je passerai le déjeuner chez mes deux meilleurs amis avec Nina, une autre amie du collège avec qui on avait gardé contact, après les deux cours de l'après-midi, j'irai chez mes parents leur confier Inès.

J'aimais bien ma nièce, mais pour le moment je n'avais pas le temps de m'occuper d'elle. De toute manière, la colocation n'était pas le meilleur environnement pour une petite fille de son âge. Elle serait mieux chez mes parents. En y repensant, cela faisait un moment que je ne les avais pas revus. Je pouvais déjà anticiper ce qu'ils allaient me dire. Et j'en étais déjà ennuyée !

J'allais réveiller Inès avant d'oublier. Elle savait se préparer toute seule. Je descendis et préparai nos petits-déjeuners. Dorian était lui aussi déjà levé. C'était normal. On était mercredi, c'était le jour où il m'emmenait à la fac. Nathan et Clément étaient déjà levés eux aussi. Nathan paraissait tout endormis et je ne pus m'empêcher de repenser que sur certains points il n'avait pas changé. Le matin, il était toujours endormi, mais après le repas du midi, il débordait d'énergie. On ne pouvait plus l'arrêter. Je rentrai deux tasses dans le micro-ondes et sortis du placard deux sachets contenants chacun deux croissants industriels.

— Est-ce que je t'emmène comme d'habitude ? demanda Dorian en tournant sa cuillère dans sa tasse.

Je secouai la tête de droite à gauche avant de formuler des explications :

— Je n'ai pas envie de t'embêter avec Inès. Je l'emmènerai à l'école à pied et j'irai en cours à pied. Ce n'est pas très loin son école. Je pourrai rendre visite à mon frère tous les jours si je le voudrais. De toute façon ce midi je mange chez Pola et Dylan avec Nina.

— Tu mangeras sûrement avec Mallo. Il n'est pas rentré hier. Il travaille tout le temps avec Dylan en ce moment. On ne le voit plus trop… Tu lui diras de revenir de temps en temps quand même ? rigola Dorian.

— Tu n'as pas de voiture ? me demanda Clément.

— Après la retraite de mon père, mes parents n'ont plus trop les moyens pour m'en acheter une.

Inès arriva et nous prîmes notre petit déjeuner. Le silence régnait et je remarquai que les deux nouveaux colocations et ma nièce avaient assez mal dormi. Avec Dorian nous discutâmes de Mallo et de son travail étouffant avec Dylan. Il était clair que nous devions les prévenir et les obliger à travailler moins pour qu’ils ne ruinent pas leurs santés. Je comptais les prévenir ce midi.

Je fus beaucoup dévisagée lorsque j’amenais Inès à son école. Les mamans ne me connaissaient pas et apparemment beaucoup de rumeurs couraient sur mon frère. Des rumeurs comme quoi il avait une maîtresse. Je voyais déjà leurs regards noirs et malveillants sur moi tout en continuant leur job de commère. Tout ce qui m'énervait. Je m'approchai de l'institutrice avec un sourire.

— Mon frère et sa femme ont dû s'absenter. Je reprends Inès ce soir mais mes parents s'en occuperont à partir de demain matin.

La maîtresse me remercia de l'en avoir informé. Bien évidemment c'était à prévoir, mon frère ne l'avait pas prévu, ou alors avait prévu de le faire plus tard en coup de vent. Je soupirai et fis un sourire aimable aux mamans qui se lancèrent des regards perdus. Au moins, elles avaient fermé leurs bouches. C'était le moins qu'elles puissent faire. Je les aurais insultés si je ne savais pas que je risquai d'y retourner. Hors de leurs champs de vision, je soufflai et serrai les poings. Quelles bandes d'idiotes elles formaient. Je ne supportai pas que l'on dise des balivernes sur mes frères et mes parents. Mes frères étaient des hommes biens et éduqués. Raoul ne méritait pas de subir ses rumeurs abjectes. Je coinçai une mèche de cheveux et soulevai ma manche pour consulter ma montre. À cette heure-là, je n'aurais pas le temps de marcher assez vite pour assister au premier cours de la journée. Tant pis. Alors que je marchais sur le trottoir une voiture s'arrêta devant moi et la vitre passagère de devant s'ouvrit.

— Monte !

Je reconnus immédiatement Nathan à sa voix et je me retournai pour m'appuyer contre la portière.

— Pourquoi je monterai ?

— Parce que tu vas être en retard en cours si tu continues à pied, déclara-t-il. Et fait pas cette tête ! Je sais très bien que tu as horreur d'en rater. Monte.

Je levai les yeux aux ciels. Je ne voulais pas passer de moment seul avec lui, pourtant il avait raison : je ne voulais pas être en retard. Je soupirai et montai dans sa voiture à contrecœur. Pendant tout le trajet je fis une tête d'enterrement. Je ne profitai même pas de la musique. Nathan ne parla qu'à la fin du trajet.

— Bon écoute… Avec ce qui c'est passé entre nous, je comprends que tu ne veuilles pas me parler. Mais désormais nous sommes colocataires, et il y aura sûrement des moments où on sera tous seul. On ne pourrait pas mieux d'entendre ? Pour le bien de la colocation.

Je ne lui répondis pas. Il n'avait pas tort. Mais que cette remarque vienne de lui. Je ne le supportai tout simplement pas. Lorsque la voiture s'arrêta, je détachai ma ceinture de sécurité et prit mon sac et tournai ma tête vers lui. Je connaissais cette expression intense et concentré. Il attendait une réponse de ma part.

— La prochaine fois que tu vas en colocation. Assure-toi de prévenir ton ex que tu sors avec sa meilleure amie.

Il s'apprêtait à répondre mais je couperai court et sortit du véhicule. Je contemplai ma fac lorsqu'un détail me chiffonna. Comment a-t-il su que c'était ici ? Je me retournai mais il était déjà parti.

La matinée ne fut pas très riche en événements mais plutôt très calme. Trop calme. Lorsque je sorti, je rejoignis une jeune femme de mon âge plus grande que moi aux cheveux bruns, frisés et toujours attachés. Elle portait des lunettes.

— Nina ! m'exclamai-je.

— Laurianne ! fit-elle à son tour.

Je lui fis un signe de la main et elle me répondit par le même. Puis je lui fis la bise et on partit vers chez Pola qui nous attendait sûrement. Je serrai la bretelle de mon sac qu’il ne tombe pas de mon épaule et je discutai tranquillement avec Nina.

— Je suis dégoûtée je ne peux plus faire de travaux publics dans animal Crossing ! m'informa-t-elle.

— On devrait y rejouer avec Malia ou Lia, proposai-je.

Nina hocha la tête. Avec nos deux autres amies avaient qui on s'était assez éloignée, on formait le clan d'animal Crossing. Un jeu démodé que nous continuons à adorer et à y jouer. Pendant quelques années nous avions jouées toutes ensemble. Cela datait assez. Nous montions l'escalier puis je toquai à l'appartement de mes deux meilleurs amis. Ce fut Pola qui nous accueillie. Je remarquai immédiatement qu'elle n'allait pas mieux qu'hier. J'allais devoir encore essayer de résoudre les problèmes, je pensais pourtant que Dylan avait compris. Apparemment non. Pola avait déjà mis les paquets sur la table. Aujourd'hui, c'était Kebab.

— Mallo a dormi sur le canapé ? me renseignai-je en m'asseyant dessus.

— Oui, ils ont travaillé très tard, soupira Pola en se posant à mes côtés, imitée par Nina.

— Ça n'a pas l'air d'aller, souleva Nina.

— Problème de communication, répondis-je. Pola, je pense que si tu lui en parles toi-même cela le fera réagir. Tu devais essayer.

— J'essayerai…

Je n'aimais pas voir mon amie dans cet état. Elle ne méritait pas cela. Vraiment pas. Je devais essayer de comprendre pourquoi mon meilleur ami s'éloignait de plus en plus de sa copine alors qu'il venait de déménager. Je soufflai. Devrais-je vraiment essayer de comprendre l'attitude de mon meilleur ami ? Oui, parce que j'étais curieuse et que je ne comprenais pas sa réaction alors que je le connaissais depuis la maternelle. Peut-être avait-il peur de s'engager. Venant de lui, cela ne m'étonnerai pas.

— Et vous savez quoi ? Alors que je fouillai dans mon sac de cartouche de 3DS, je suis tombée sur celle de Tomodachi Life ! se félicita Nina.

— Attends… C'est pas le jeu où j'avais pas d'amis à part Tom ?

— Si, si ! Je t'avais habillé en marier et j'avais habillé Dylan en extraterrestre !

— Je m'en souviens, même Martin était en couplé avec ta grand-mère, renchéris-je.

— Attendez… Si je me rappelle bien dans celui de Nina le test de relation ne me mettait jamais en couple ! se remémora Pola. Dans le mien aussi, et Laurianne n'avait que 2 pourcents avec Nathan.

— Et pourtant dans le mien ils ont fini en couple !

J'eus un rire gêné. Que je sois ou non en couple virtuellement avec Nathan ne me faisait ni chaud ni froid. Dans la vraie vie, c'était autre chose. En vrai, tout me gênait. C'était incroyablement idiot.

— En faites, ça c'est bien passé avec les nouveaux colocataires ? questionna Pola.

Je mis un moment avant de répondre.

— Devine qui ils sont, sortis-je en m'enfonçant dans le sofa.

— Clément et Nathan, répondit directement Nina.

Pola me regarda surprise et je secouai la tête pour confirmer la nouvelle.

— Ma pauvre !

— Et encore. Ce n'est pas ça le pire. Déjà il cherche la communication avec moi, il m'a emmenée en cours après que j'ai déposé Inès. Et à votre, avec qui est-il en couple actuellement ?

Mallo et Dylan firent leur apparition et je dévoilai l'identité de nos colocataires à Mallo.

— Tu ne m'abandonnes plus jamais dans ce genre de situation ! aboyai-je à Mallo.

Il confirma en éclatant de rire et on s'installa tous à table. J'échangeai des regards avec Pola et Nina. Les filles avaient bien compris que l'arrivée de Nathan m'avait complètement perturbée.

— Je viens d'y repenser… En faites avec qui il est en couple, Nathan ? relança Pola.

— Vanessa.

Dylan en lâcha sa fourchette. Assez choqué. Seul Mallo avait l'air de ne pas être trop étonné. Au moins il pouvait apaiser l'ambiance assez embarrassante pour moi. Dylan était assez en colère car il avait vue Vanessa récemment et elle ne lui avait pas dit.

— Mallo… Comment tu le sais je n'ai toujours pas de voiture, Linda est partie, Dorian aussi. Et il reste ta voiture et je dois déposer Inès chez mes parents et à pied ça prendrait quelques jours. Alors, tu pourrais me prêter ta voiture pour aujourd'hui, s'il-te-plaît ?

— Sans soucis mais il va falloir que tu rentres à la maison car j’ai laissé les clés dans ma chambre.

— Pas de problème.

On discuta un moment et je partis avec Nina chez moi. La journée était loin de se terminer.

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