Chapitre 11 :
À bientôt, Lucas. C'était quoi ça ? Le plan cul de Linda voulait me revoir. À croire que je lui avais tapée dans l'œil. Il n'allait pas être déçu du voyage : je n'étais pas disposée à me retrouver un nouveau petit copain, et encore moins un plan d'un soir si c'était ce qu'il y voulait. Les études d'abord, niveau relationnel j'en avais déjà bavé assez. Je n'étais pas totalement prête à me réinvestir dans une relation à long terme, même si Lucas avait l'air assez charmant. C'était sûrement un don Juan qui enchaînait conquête sur conquête et plan d'un soir. Vraiment très peu pour moi.
Je dormais sans aucun problème. Même si le lendemain, j'aurais tellement de chose en tête. Et en effet, c'était exactement l'état dans lequel je me retrouvais le matin. J'avais beaucoup trop de chose en la tête. Le fameux Lucas, le mariage de Dylan, le dîner de ce soir, la rencontre entre Dorian et son fils, mes études, les autres… Trop de monde trop de choses en ce moment. J’espérais que tout cela finisse par se calmer. Je devais me concentrer sur mon avenir et tout cela ne m'aidait pas à le faire correctement. J'allais devoir sécher encore deux heures de cours de l'après-midi pour accompagner Dorian. Je me demandais si mes professeurs s'en souciaient, s'ils avaient remarqué. La réponse était sûrement non. Kristia allait peut-être m'en vouloir de l'abandonner une nouvelle fois, mais Dorian était tellement désemparé face à cette situation. Je devais impérativement lui donner un coup de main, lui faire prendre confiance pour aller parler à Vanessa. Je comprenais sa douleur face à elle. Tout lui revenait à la figure, y comprit ses sentiments. Un peu comme ma situation avec Nathan, en plus violent et plus émotionnel.
Je me levai et enfilai mes lunettes pour voir clair le temps de préparer pour pouvoir mettre mes lentilles. Je sélectionnai des vêtements au hasard et partis dans la salle de bain, prendre une douche. Lorsque que je me retournai après avoir fermé la porte, je tressaillis alors que habituellement j'aurais sursauté. Puis je me rappelai son message hier soir alors que je marchais dans la rue avec Mallo. Il voulait me parler. Pourquoi ? Je ne savais pas. Dans la salle de bain ? Je ne sais pas non plus, certainement qu'il aimait bien cette pièce. Puis, c'était ici qu'on avait réellement commencé à reparler, hier matin. Je me demandais ce qu'il voulait exactement de moi. Cela faisait si longtemps, peut-être que je m'étais trompée en me disant qu'il m'avait oubliée et qu'il n'en avait plus rien à faire de moi. Oui, il n'en avait rien à faire de moi, de mon bien-être, de mon confort, de mon état d'esprit, si je n'étais pas anéantie par son retour ou si je n'étais pas retombée amoureuse de lui. Il se fichait éperdument de qui j'avais été, de qui j'étais devenue et de qui je serais, néanmoins, il ne m'avait pas oubliée. Je ne sais pas si je préférais qu'il me zappe totalement de sa vie ou qu'il pense encore un peu à moi. Au fond j'étais un peu égoïste, et j'avais l'envie qu'il pense à moi jusqu'à la fin de ses jours car je ne l'oublierais jamais et que je continuerais à l'avoir dans un coin de ma tête toute ma vie. C'était tellement traître le premier amour lorsque l'on est séparé. Je relevai la tête et je le voyais qui me fixait avec ses yeux bleus profonds. J'en fus désarçonnée intérieurement mais je fis mon possible pour ne pas le montrer. Mais je croyais qu'il avait remarqué. C'était le cas mais il ne le montrait pas. Son visage n'exprimait aucune émotion, ne trahissait aucune attention. C'est mal de l'aimer. Je le savais mais je n'arrivais pas à me le rentrer dans la tête. Je passai devant lui et lâchai mes vêtements devant le miroir accroché au mur carrelé. Il se retourna à mon passage et continua de me regarder. Je le regardai à travers le miroir. Tout était devenu étrange avec nous, entre nous.
— Tu voulais me parler, fis-je en me retournant.
Il me semblait qu'il me jugeait du regard et me contemplait des pieds jusqu'à la tête. Je ne me sentis pas plus gênée que d'habitude. Mais je n'arrivais toujours pas à le comprendre.
— Oui. Je voulais te parler, répondit-il finalement.
Je haussai les sourcils, pour qu'il en vienne au fait. Je ne savais pas de quoi il voulait me parler, mais moi aujourd'hui, j'avais encore une journée bien chargée, je n'avais pas vraiment envie de perdre mon temps. Mais je compris qu'il n'avait pas vraiment un but précis pour la conversation, qu'il n'avait rien à me dire, rien à questionner. Il voulait que je lui parle, que je dise un truc qui lui plaise ou non.
— Pourquoi es-tu revenu dans ma vie ? soufflai-je d'une voix si faible que je ne pensais pas qu'il puisse entendre.
Mais il entendit tout de même.
— Je ne savais pas que tu habitais ici avec eux.
Il me mentait, je le savais. Même s'il paraissait sincère, il ne l'était pas. Il me mentait.
— Tu me mens. Linda ne te l'aurait pas dit mais Dorian te l'a dit. Il y a pensé. Je le sais très bien, même s'il ne l'a pas affirmé je sais qu'il l'a fait. Puis, je pense que tu aurais dû deviner. Moi, rester avec mes parents ? J'ai toujours voulu avoir mon indépendance.
— Je te connais Laurianne.
— Alors pourquoi tu me mens ?
Il soupira et je me retournai pour lui faire face. Les bras croisés contre ma poitrine. J'attendais. Mais je n'eus jamais de réponse. Ce fut toujours moi qui parlais et j'étais surprise de ma voix qui se faisait plus froide et distante.
— Tu penses vraiment me connaître ? J'ai changé, je ne suis plus l'adolescente d’antan ou la jeune femme de dix-neuf lorsqu'on s'est quitté.
Mon cœur me fit mal lorsque j'évoquais notre rupture. Je ne savais pas si c'était nécessaire. Je vis juste l'éclat de son regard s’assombrir alors que je regardais partout autour de moi pour ne pas rencontrer son regard.
— Tu n'as pas tant changé que cela. Tu as grandi mais tu es toujours petite, tu as toujours les mêmes yeux mais sans tes lunettes, tu n'as plus tes bagues mais ton sourire à toujours le même effet et tu as toujours les même cheveux mais tu les as laissés pousser. Tu es toujours la même.
— Je ne suis pas celle que tu as quittée. J'ai vécu depuis, je n'ai plus exactement le même caractère et les mêmes réactions.
– Ne dis pas de bêtises, Laurianne. Ce n'est pas parce que l'on change que certaines personnes que tu as aimées et qui te comprenaient, soudainement ne te comprennent plus.
— Qu'est-ce que tu en sais ? objectai-je.
— J'en sais, c'est tout. Il y a encore une part de toi que je connais.
— Et une autre que tu ne connais pas, répliquai-je sèchement.
— Laurianne… Je n'ai pas envie de me disputer avec toi, il en est hors de question.
J'allais tousser mais je me suis retenue. Trop surprise pour savoir quoi rétorquer, je restai devant lui la bouche ouverte, une peu trop ouverte.
— Tu n'as pas répondu à ma question principale, commençai-je au bout d'un moment. Tu savais très bien que je vivais ici. Alors pourquoi es-tu revenu ?
— As-tu aussi posé cette question à Vanessa ?
— Je ne sais plus. Mais c'est la seule chose que j'ai à te dire !
Je ne savais pas si mon ton ou ce que je disais l'affectai. Je pensais qu'au fond je voulais qu'il souffre car il m'avait faite souffrir lui aussi. Mais cela ne l'affectait sûrement pas. Son visage restait toujours impassible et ne savait exprimer réellement que deux choses : la douleur lorsqu'il avait une blessure et la joie lorsqu'il rigolait avec ses amis. J'avais déjà vu sa tristesse ou sa peur à l'époque, mais plus maintenant puisque ce n'était plus pareil entre nous.
— Réponds-moi, je t'en pris.
Je le vis s'approcher et il passa sa main entre mes cheveux. Je me rappelai des cours où on était à côté lorsqu'il me mettait des stylos dans les cheveux pour s'amuser. Cela le faisait rire à l'époque et moi cela m'agaçait j'avais envie de le tuer à cette époque. Il me regardait dans les yeux et je me mordis la lèvre pour ne pas lui hurler dessus. J'avais tellement envie de lui hurler dessus. Il m'énervait tellement depuis son arrivée. J'avais l'impression qu'il faisait tout pour m'énerver.
— Arrête de faire exprès de m'énerver, râlai-je sans avoir le courage de retirer sa main qui jouait lentement avec mes cheveux.
Il rit. Son rire mélodieux faillit bien me faire sourire mais je ne voulais pas lui faire ce plaisir. Il se baissa pour être proche de mon oreille et je fermai les yeux.
— Toi, écoute-moi bien, susurra-t-il. Que tu le veuilles ou non, je me soucierai toujours de toi même si je ne le montre pas souvent. Quoi qu'il arrive je penserais toujours à toi je ne t'oublie pas et… tu me manquais aussi.
— Et bien tu n'avais juste qu'à pas partir sans rien dire sans prévenir, du jour au lendemain.
Son visage se durcit, et je sus immédiatement que j'avais dis quelques choses qu'il ne fallait absolument pas. L'ensemble de son visage se crispa, si bien que j'allais m'inquiéter. À la fin place je ne fis rien.
— J'ai mes raisons d'être parties. D'accord je n'ai pas été cool de ne pas prévenir mais maintenant c'est comme cela. Et je préfère ne pas en parler.
Sa voix s'était muée dans un ton beaucoup plus glacial que j'avais parlé auparavant. Cela me coupa le souffle. Je ne l'avais jamais vu aussi sérieux que maintenant. Sérieux mais soudainement stressé et en sueur comme s'il redoutait une quelconque sanction. Il avait peur dans son regard et cela éveilla une question que j'étais persuadée de ne pas réussir à la retirer de mon esprit : Nathan, pourquoi es-tu parti ? J'en avais les larmes aux yeux mais je m'efforçai à les refouler.
— Ne t'inquiète pas pour moi, Laurianne.
C'était facile pour lui à me dire. Moi je n'y arriverai pas. C'était évident pour moi que je m’inquiéterai pour lui malgré le fait que notre histoire soit du passé. Il restait mon premier amour et il mettait impossible de l'oublier.
Il s'en alla, me laissant totalement dépiter, sans savoir quoi faire, sans savoir quoi lui dire. Je ne savais pas comment allait évoluer notre relation maintenant. Elle ne serait plus comme avant et je me demandais si on arrivera à être amis. Est-ce que notre flamme pouvait renaître ? Je savais que j'aurais pour le moment du mal à lui refaire confiance, mais je savais aussi qu'au fond je continuai encore à ressentir des sentiments pour lui, et ça me tuait. Je tardai à me ressaisir et je regardais ma montre, je serais tout de même à l'heure.
Lorsque je descendis pour prendre le petit-déjeuner, seul Dorian n'était pas là. Linda tournait lentement sa cuillère dans son breuvage, elle semblait réfléchir. Lorsqu'elle comme cela, c'était très souvent par rapport à sa vie amoureuse, sauf que Lucas n'en était pas parti puisque c'était son plan cul et rien d'autre. Je posai mon café à ses côtés et m'assis.
— Qui est l'heureux ou l'heureuse élue ? glissai-je à son oreille. Tu voulais pas présenter ?
— Maëlle, souffla-t-elle.
Je souris, satisfaite et lançai un regard à Mallo qui n'avait pas l'air de s'être remis d'hier. Malheureusement, il allait devoir supporter tout le repas de fête de fiançailles du couple. Combien de temps leur manège allait-il durer ? J'avais mal pour chacun de mes amis dans cette histoire. Je me levai et enfila ma veste. Je n'irai pas au café ce matin, peut être que j'irais si je pouvais laisser Vanessa et Dorian ensemble. Je pris mon sac et me retournai vers l'ensemble des habitants de la maison, Dorian était venu mais Nathan avait disparu.
— Personne n'oublie ! Ce soir on est tous invité chez Pola et Dylan avec leur parent respectif pour leur mariage. TOUT le monde doit venir !
Ils hochèrent la tête et Nathan passa brièvement devant moi alors que je me retournai. Je m'arrêtai alors qu'il enfilait sa veste, bloquant le passage. Il se retourne vers moi, une mèche rebelle retombant sur son front.
— Je t'emmène.
C'était une affirmation. Je ne pouvais pas refuser, et devant tout le monde. Il ouvrit la porte et je me retournai pour voir mes amis me lancer des regards interrogatifs que je répondis par un haussement d'épaules indifférents. Je suivis donc Nathan jusqu'à sa voiture et m'installe au siège du passager avant puis m'accrochai.
— Est-ce que tu comptes m'emmener tous les jours ? me renseignai-je.
— S'il le faut oui.
— Et je pourrais peut-être savoir la raison de cet honneur…
— Pas pour le moment, grogna-t-il visiblement agacé par ma curiosité et toutes mes questions.
Bon, peut être qu'un jour j'allais savoir tout cela. En tout cas cela m'intriguait de plus en plus et je n'en avais pas envie. Je le remerciai tout de même de m'emmener en me demandant s'il ferait cela tous les jours. J'avais assez envie de reprendre mes habitudes, je n'appréciais pas d'être bousculée de la sorte. Lorsque la voiture démarra, mon regard ne s'enleva pas de la fenêtre. Je soupirai.
— Laurianne ne m'en veut pas…
— Oh arrête, le coupai-je en tournant la tête vers lui sachant pertinemment qu'il ne me regarderait pas puisqu'il conduisait. Tu fais le mec sympa et en ce moment t'es gentil je te le concède, mais réveil toi ! Tu crois vraiment que je vais t'accueillir à bras ouvert alors que tu m'as abandonnée ! Sans aucune explication en plus ! OK je le répète trop, mais c'est ce qui m'a fait le plus mal. Tu es énervant !
— On me l'a déjà dit, je sais…
— Alors pourquoi tu t'efforces à me parler et à m’emmener ?
— Pour te protéger.
— Je ne te crois pas ! Je ne te croirais pas. Je ne veux ni te voir, ni monter dans ta voiture et encore moins te parler, mentis-je.
— Je comprends. Mais tu me remercieras.
— Je ne remontrerai pas tous les jours dans ta voiture.
— Trois jours sur les cinq.
— Deux.
— Trois.
— Trois… cédai-je en grognant.
Je ne savais pas ce qu'il voulait et ça m'énervait énormément. Il ne voulait pas que je le haïsse mais c'était pourtant l'effet escompté. Alors il n'était pas doué. Puis il s'arrêta. Je le remerciai encore une fois avant de sortir avec mon portable en main. Je glissai sur les contacts et appelai immédiatement Vanessa.
— Comment va Dorian ? m'assena-t-elle directement.
— Choqué mais il ne sait pas comment te parler. Il assume son rôle de père.
Je la sentis si émue à l'autre bout du téléphone qu'elle m'en donna les larmes aux yeux. Je la préviens qu'on allait passer chez elle cette après midi pour ne pas la surprendre, puis raccrochai.
Plus quelques heures avant le dîner.
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