Chapitre 16 :
Finalement, je n’eus pas peur de me faire tuer de reproches par les autres. J’en avais tellement marre de la fête que je ne regagnai même pas l’appartement. Je n’avais pas l’intention de suivre Nathan. Je crois bien que j’étais beaucoup trop troublée pour me retrouver face à lui pour le moment. Malheureusement, j’étais aussi face au fait accompli : j’étais incapable d’oublier ce que nous avions vécu. Je commençai à l’aimer à nouveau, et il allait commencer à me repousser avant de me faire des promesses en vents pour ensuite m’abandonner de nouveau. Mais qu’avais-je fais pour mériter cela ? Je voulais juste être heureuse et réussir ma vie et mes études, puis mon travail plus tard. Mais tout me chiffonnait.
Je dévalai les escaliers lorsque j’entendis une voix m’appeler, celle de Lucas. Je m’immobilisai un instant. Nathan m’avait dit de ne pas lui parler, de l’oublier, de l’éviter… Sauf que Nathan était mon ex petit-ami, un cachottier, celui qui m’avait abandonnée et qui essayait de me protéger moi et Dorian sans nous dire de quoi. Lucas, je devais lui laisser une chance de me connaître. Pourquoi lui fermerai-je mes portes sur les a prioris d’une autre personne ? C’était juste stupide. Nathan n’était pas moi, il n’avait pas à décider à ma place. Il ne saurait rien de mon escapade avec le plan cul de Linda. Je me retournai et il était juste en face de moi. Il abordait un sourire dragueur, ses yeux marron semblaient pétiller de joies et ses cheveux blonds coiffés sur le côté avec des mèches qui lui tombaient près de l’œil. Il faisait pile une tête de plus que moi et je devais donc lever la tête pour le regarder. Ce n’était pas du tout le style de Linda, je me demandais donc pourquoi elle couchait avec lui. Je frissonnai à cause d’un courant d’air froid et il enfila une légère veste.
— Tu comptes faire quoi ?
— Je n’en sais rien, avouai-je. Juste sortir de cette fête horrible.
— Alors viens ! On va faire une ballade.
Sauf qu’il pleuvait. Marcher sous la pluie ne me dérangeait pas lorsque j’avais mes lentilles, mais ramener une tonne d’eau à la maison ne plaisait à personne. Chez Lucas non plus, vu la grimace qu’il tira. Il me proposa tout de même de marcher jusqu’à un endroit qu’il connaissait pour que l’on puisse s’y réfugier. Il m’était si rassurant que je n’hésitai que pendant quelques secondes avant d’être totalement convaincue par son idée. On marcha donc sous la pluie douce. Je repensai au baiser de Nathan, j’allais sûrement me triturer la soirée et la matinée et sûrement le reste des jours avec cela. Est-ce que du côté de Nathan, cela recommençait à être réciproque ? Et certaines choses n’ont pas changé depuis le début. De quoi faisait-il allusion ? De lui ? De moi ? De nous ? Cela ne pouvait pas être de moi, il m’avait déjà citée dans la première partie de sa phrase… Mais pourquoi m’avait-il embrassée ? Par envie ou par la simple attention de me faire taire ? Je ne savais plus si je l’aimais. Marcher sous la pluie me rappelait quelques moments que nous avions vécus, notamment notre première réconciliation suite à une dispute qui avait mal terminé. Je m’en souviens très bien. Je sortais en douce voir ma meilleure amie, son frère passait pour me chercher, et il était en bas de ma porte.
***Flash-back***
Ma mère monta plus tôt que d’habitude ce soir-là. J’eus de la chance. J’envoyai un message à Gabriel. Il allait arriver en bas de chez moi, dans la cours. Au moins, je ne le ferais pas trop attendre. Vanessa subissait une énième rupture. Comme d’habitude, elle allait finir par s’en remettre, et comme d’habitude elle allait au plus mal au tout début puis rayonneraient une semaine plus tard. Je tentais de descendre le plus discrètement possible et j’enfilai des baskets et je fis de mon mieux pour fermer bien doucement la porte d’entrée en la verrouillant bien. Je ne voulais pas que l’on soit cambriolé par ma faute, ce n’était pas Santiégo qui allait vérifier en allant descendre pour manger et boire. Je marchai jusqu’au portillon qui se trouvait en plein milieu de la haie et l’ouvrit anxieuse. Je n’étais jamais sortie le soir toute seule. Je restai stupéfaite devant Nathan qui était devant moi. Je n’avais même pas remarquer qu’il pleuvait jusqu’à ce que je voie ses cheveux dégoulinants d’eaux de pluies. Moi aussi j’étais déjà trempée. Je restai muette.
— Mon grand frère m’a emmené, informa-t-il d’une voix rauque en voyant une lueur d’incompréhension dans mon regard.
Je hochai la tête absente, et le fixai. Je reculai d’un pas alors qu’il en fit un vers moi. Il sourit alors que cela ne me faisait pas rire. Je sentis mon pouls s’accélérer de plus en plus.
— Qu’est-ce que tu fais là ? demandai-je.
Il sortit un pendentif avec un cœur noir de sa poche, mais je ne le regardais qu’une micro-seconde car je continuai de le regarder alors que je tremblai à cause du froid. Je jurai dans ma tête. Je ne mettais pas assez couverte ! Idiote j’étais. Il passa le pendentif autour de mon cou et laissa ses bras autour de mon cou, sa main gauche sur mon épaule gauche mais pour lui sa droite. Je papillonnai des yeux et le regardai dans ses yeux aux profondeurs océaniques.
— Je n’aurais pas dû m’énerver..Je suis désolé, murmura-t-il d’une voix suppliante, il dégagea une de mes mèches de cheveux.
Je balayai les derniers jours en l’embrassant, et il me serra si fort contre lui que son sentiment d’urgence qui parcourait son corps animait le mien aussi et je m’agrippai à lui puis plaçai mes mains sur ses hanches alors qu’une de ses mains appuyait sur mon dos et l’autre dans mes cheveux. Quand j’ouvris les yeux alors qu’il me serrait dans ses bras je vis la voiture de Gabriel qui s’enfonçait dans le cul-de-sac pour faire demi-tour et me prendre.
— Je dois aller soutenir Vanessa Je t’aime, mon amour
Je l’embrassai furtivement et partis en souriant alors qu’il me regardait lui aussi en souriant, le regard flamboyant.
***Fin***
Notre première réconciliation qui m’amenait à penser à trop première dispute. On s’était souvent disputé mais je me souvenais de chacune d’entre-elle. En repensant à toutes nos réconciliations, je ne peux m’empêcher de penser qu’on était cliché et cul-cul la praline. Je ne comprenais pas comment cela avait peux être possible alors qu’il n’était pas romantique, et que j’essayais de ne pas l’être non plus. Je n’avais pourtant pas honte.
Je n’avais pas parlé de tout le trajet, Lucas non plus. Mais c’est sa voix qui m’annonça que l’on était arrivé qui me sortit de ma rêverie. Je l’examinai rentrer une clé dans la serrure et scrutai son visage. Pourquoi Nathan me disait-il qu’il était mauvais et ne prenait-il pas la peine de me donner des preuves ? Malgré tout, j’avais encore la sensation de ses lèvres sur les miennes et de sa main dans mes cheveux. La porte s’ouvrit et il me laissa entrer en première, avec un sourire. Il faisait beaucoup trop sombre pour que je devine la salle, mais il alluma les interrupteurs en refermant la porte au même moment. C’était un café. Je fis quelques pas jusqu’au bar et décidai de m’asseoir sur le premier tabouret qui me venait. Je n’aurais pas dû car j’étais trempée, et Lucas ne serait sûrement pas très content, pourtant je ne bougeai pas. Il me sourit et ouvrit une armoire puis me déposa une serviette sur les épaules. Je le remerciai avec reconnaissance.
— Tu aimes bien les bars toi, commenta-t-il.
— Je vais toujours là lorsque je ne sais pas où aller.
Il sortit deux tasses. J’aurais sûrement dû lui dire de ne pas prendre la peine de faire un chocolat chaud comme il entreprenait de le faire, mais je pensais à mon corps gelé et j’ai eu pitié de moi-même. Je fixai les tasses pour voir s’il ne mettait rien de bizarre dedans. À cause des avertissements de Nathan à son sujet, je restais un peu méfiante… Je ne croyais pas que c’était une bonne chose, mais je ne pouvais pas faire autrement que de me méfier un peu d’un quasi-inconnu. Mais c’était le plan-cul de Linda, donc j’estimai qu’il ne devait pas être bien méchant. Puis, il me tendit le chocolat et je le pris en le remerciant. La chaleur de la tasse me soulagea directement et même si le liquide me brûla la langue, je continuai à boire car elle me réchauffait. Lui, me fixait en versant ce que je reconnus être du thé vert dans sa tasse.
— Il est bon ?
— Ouais, digne d’un spécialiste.
Il sourit de toutes ses dents à ce compliment.
— Tu travailles ici ? C’est à toi ?
— Ce café est à mes parents, mais je les aide en travaillant. Tu pourras passer quelques fois, on pourra discuter un peu.
— J’y penserais !
Lucas était sympa, je ne voyais pas pourquoi je refuserai de le revoir. Il souleva un tabouret pour s’asseoir et sirota son thé en me regardant. Il semblait encore plus à l’aise dans cet endroit que n’importe où. Pas moi. Sauf que s’il y avait bien un sentiment que j’arrivais, non sans peine à dissimuler, c’était la gêne. Je le regardais qui m’observait. Il semblait y avoir un étage, il devait sûrement habiter au-dessus avec ses parents. A moins qu’il ait déjà pris son indépendance. Je ne saurais dire avec précision l’âge exacte de Lucas. Il n’avait pas l’air plus jeune, mais pas plus vieux que moi de dix ans, cela s’était sûr. Linda n’optait pas pour les plan-culs aillant la trentaine.
— Tu as quel âge ?
— J’ai vingt-quatre ans.
Je secouai la tête et me surpris à me poser plus de questions sur ce jeune homme. Il m’intriguait, mais pas pour ce qu’il était. Juste parce Nathan ne voulait pas que j’aie tous contact avec lui, c’était pour cela qu’il m’intriguait et me donnait envie d’en apprendre un peu plus sur lui. Peut-être qu’avec le temps, je l’apprécierai pour ce qu’il était, mais pour le moment, je voulais apprendre à le connaître car Nathan ne semblait pas l’apprécier. Puis, j’avais aussi l’intime conviction que l’hostilité de Nathan à l’égard de Lucas signifiait que ce dernier possédait sûrement un rapport avec ce que Vanessa et Nathan cachaient, et cela… Cela confrontait réellement ma curiosité. Je resterais persuadée qu’il avait un lien avec leur secret d’une manière ou d’une autre. Et pour essayer de le deviner, puisque Vanessa et Nathan n’étaient pas décidés à me le révéler, pourquoi pas me tourner de Lucas au bout d’un moment ? Je devais apprendre à le connaître, c’est tout. Je finis mon chocolat d’une traite, il était vraiment exquis, il devait aider très souvent ses parents à tenir le café pour faire des boissons aux saveurs aussi bonnes. Le goût du chocolat, sucré, léger et onctueux explosaient dans ma bouche et apparaissait comme une saveur non répertoriée mais classée dans les suprêmes. Je reviendrais bien juste pour ses chocolats.
— Tu connais un peu plus de choses sur moi maintenant, mais moi, je ne connais rien de toi. Parle-moi un peu de toi, Laurianne. Une si jolie et charmante fille que toi doit sûrement mener une belle vie.
Je rougis. Je m’en rendis compte car mes joues me brûlèrent violemment pendant beaucoup trop de secondes. À chaque fois, j’étais tentée de mettre mes mains sur mes joues pour apaiser l’incendie, mais au final, je ne faisais rien pour apaiser la chaleur beaucoup trop brûlante qui maltraitait mes malheureuses joues. Lucas était un dragueur professionnel, et collectionnait les plans d’un soir par milliers. Je n’étais pas Linda qui cherchait de l’amusement car elle avait peur de souffrir, en plus, elle venait tout juste de trouver une copine. Je voulais la rencontrer. Mais bref, je n’étais pas une de ses filles qui voulaient juste des aventures d’un soir, et je ne comptais pas tomber dans son piège s’il en avait un. Mais ses compliments firent du bien à mon égo et je me sentis obligée de le remercier, ne serait-ce que d’être aussi gentil et agréable avec moi. Peut-être y avait-il un but de cette gentillesse ? Peut-être attendrait-il quelque chose en échange de mon amitié ? Malgré le fait que Lucas soit adorable, j’entendais toujours la voix de Nathan qui me murmurait à l’oreille de ne pas l’approcher, et cela me rendait un peu méfiante.
Je lui racontai un peu ma vie, quelques histoires que j’avais vécues, ma situation actuelle avec la colocation et mes amis ainsi que mes études. Je pris des précautions et n’énonça pas Nathan et Vanessa pour le moment. J’avais toujours ses doutes que mon ex petit-ami m’avait insérée dans l’esprit en partant à la va-vite. Puis, son baiser m’avait perturbée sans aucun doute. Que voulait-il de moi ? Qu’est-ce que Nathan voulait de moi ? Je ne savais pas si j’étais prête à recommencer. Je devrais peut-être m’éloigner de lui un temps, mais il continuerait à me coller, car selon, lui, il voulait me protéger de quelque chose ou quelqu’un que je ne connaissais pas. Ce quelqu’un ne serait-il pas Lucas ? Non. Je connaissais Nathan, et j’arrivais à analyser quelques-une de ses réactions. Et si la vraie personne qu’il cherchait à me faire éviter me tournait autour comme le blond, il aurait réagi d’une manière plus violente et définitive. J’en étais certaine. Je sentis vibrer près de ma cuisse, plusieurs fois pendant que je parlai. Mais je tenais à terminer par respect pour mon hôte, et quand ce fut la fin, je m’excusai de devoir consulter mes messages.
Dorian :
Laurianne, tu es où bordel ?
Tu pourrais répondre pour que l’on ne stresse plus ?
Laurianne !
Mallo :
Déjà que Dorian est déprimé parce que Vanessa est partie de la fête, tu oses me laisser moi et Dylan nous le coltiner en train de boire de l’alcool tellement fort qu’on devra le porter en rentrant.
Je sais que tu n’aimes pas les fêtes mais ne me dis quand même pas que tu es partie !
Dorian :
Ne me dis pas que tu es avec Nathan qui est lui aussi parti. Laurianne, tu as le droit d’être heureuse, mais tu ne peux pas retomber toute suite dans ses bras après qu’il t’a abandonnée lâchement !
On s’inquiète !
Dylan :
Je pense pas que ce soit ton style d’être ivre, mais fait attention.
Je mordillai ma lèvre inférieure, la réaction de mes amis était tardive, mais elle était présente maintenant. Malgré tout, cela me touchait en plein cœur leur inquiétude. Ils étaient mignons.
— Excuse-moi, je vais passer un coup de fil à mes potes, ils sont inquiets.
— Pas de problème, je comprends.
Je me levai, avec la serviette en velours toujours sur mes épaules et marchai jusqu’à la vitre de l’entrée. Il ne pleuvait plus. J’appuyai sur le numéro de Mallo et portai le téléphone à une oreille.
— Laurianne ! Où t’es ?
— Dans un café encore ouvert, quand je suis sortie il pleuvait.
— On t’attend devant l’immeuble. Dorian est ivre mort et Dylan le supporte. On a décidé de partir sans les filles.
— OK, j’arrive. À tout de suite.
Je le fourrai dans une poche et me tournai vers Lucas qui nettoyait les deux tasses. Je remarquai qu’il avait un tatouage de serpent dans le coup. Ma vue devait être fatiguée pour ne pas l’avoir remarqué avant. Je lui tendis la serviette.
— C’était super gentil de m’accueillir ! Il ne pleut plus, je vais rentrer chez moi, mes amis m’attendent devant l’immeuble de la fête.
— Je t’en pris garde la serviette ! Tu veux que je te raccompagne là-bas ?
— T’inquiète, cela va aller, assurai-je en remettant la serviette sur mes épaules.
— Alors à la prochaine. Hâte de te revoir !
— Et moi de même !
Je lui fis la bise et lui offris un sourire avant de sortir. Il me regarda partir, et j’étais en train de me demander pourquoi Nathan ne l’appréciait pas. Lucas était très sympa, avec moi en tout cas. La serviette renforça le froid, mais je la gardai. Je ne pouvais pas la jeter puisqu’elle ne m’appartenait même pas. Je me demandai si une amitié allait naître entre Lucas et moi.
Mais je me remémorai surtout le baiser de Nathan. Que voulaient-ils vraiment de moi ?
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