Chapitre 27 :

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Je sentis comme un frisson me parcourir de haut en bas. Je me questionnais pour savoir si c'était de la peur ou de l'angoisse. Peut-être un peu des deux. Je ne savais pas à quoi jouait Lucas exactement, mais il avait l'air de m'écrire la vérité. Je restais quelques minutes à fixer la feuille sans la lire, restant dans mes pensées. Au finale, je devais sûrement être frustrée. J'avais plein de questions en tête, des doutes que je devais poser à Lucas. Sauf qu'il n'était pas là, donc je ne pouvais avoir aucune réponse. En plus de cela, j'avais supprimé le message qu'il m'avait envoyée au téléphone, et donc, son numéro au passage. Je tournai mes deux pouces avant de redresser la tête, cherchant Pola qui revenait en buvant un verre d'eau.

— Est-ce que tu aurais une feuille de papier et un stylo ? demandai-je en la regardant.

— Oui, je peux t'apporter, cela, pas de problèmes.

Je la remerciai et me levai pour m'installer sur la table à manger où il était plus simple pour écrire. Elle m'apporta une feuille blanche et un stylo noir et je la remerciai. Elle avait même pensé à prendre une enveloppe. Pola comprenait sans aucun doute que je formulais une réponse à la lettre que Lucas m'avait destinée. Pola me laissa seule, sûrement pour aller dans sa chambre un petit moment, histoire de s'isoler de toutes personnes. Je débouchai le stylo et commençai à écrit. J'écrivis lentement pour que mon écriture soit lisible et grosse :


Lucas,

Nous ne sommes peut-être pas dans le même gang, mais je sais que tu es quelqu'un de bien. De toutes manières, si je ne le vois pas sous mes yeux, je refuse de croire que tu puisses faire quelque chose de mal puisque tu m'as épargnée de ton gang. Mieux, tu m'avertis que je suis plus qu'en danger maintenant et que je dois faire attention. C'est pour cela que je sais que tu es une bonne personne.

Je suis contente de voir que tu soutiens Pola, elle a besoin de soutien en ce moment et avec tout ce qu'il se passe, je ne peux pas lui en fournir le nécessaire qu'elle devrait avoir. Si tu reviens la voir, fait attention à ne pas lui donner de faux espoirs, et prend bien soin d'elle. Elle ne mérite pas tout ce qui lui arrive, et je ne voudrais pas qu'elle soit encore une fois blessée. Elle doit réussir à se reconstruire.

Je crois que tu dois bien connaître Jimmy puisque tu m'as revue alors que je lui parlais. Ne pense pas que je te demande cela pour Nathan, mais Jimmy était comme mon petit frère. J'aimerais savoir ce qui lui est arrivé et ce qui lui arrive en ce moment. Penses-tu que tu connaîtrais ce qui lui arriverait ? Je veux dire, si tu as des détails que tu serais prêt à livrer, cela m'intéresserait bien. Jimmy est quelqu'un de sensible, influençable et n'a plus aucun contact avec les membres de sa famille malheureusement. Pense-y.

Je te remercie de ton soutient et de ton application pour que je reste protégée. Je te dois donc quelque chose. On a la chance de t'avoir comme ami Lucas, ne l'oublie pas. N'oublie pas non plus que j'aurais bien continué à te parler si tu ne faisais pas partie du gang ennemi qui veut ma peau.

Amicalement, Laurianne.


Lorsque j'eus fini d'écrire, je relus attentivement la lettre pour éliminer le maximum de fautes possible puis la pliai quatre fois sur la largeur et la rentrai dans l'enveloppe où j'inscrivis rapidement son nom après avoir fermé l'enveloppe. Je rebouchai le stylo et le laissai sur l'enveloppe que je ne bougeai pas. Je me relevai et me retrouvai face au couple qui sortait du bureau avec effectivement des dossiers pleins les bras.

— Attendez-moi dans les voitures, je vais saluer Pola, déclarai-je en faisant volte-face.

— Je suis juste là ! s'écria-t-elle.

Je lui fis la bise et lui conseillai de bien prendre soin d'elle. Elle hocha la tête et je partis avec les garçons. Durant le trajet, je restais pensive. Malgré le fait que je refuse de sortir avec lui, Lucas était quand même là pour me protéger. Il était vraiment obstiné pour s'acharner sur une cause perdue. Mais ce n'était que l'attention qui compte, et son attention me touchait malgré tout. Il restait mystérieux et je me demandais quelles caractéristiques que je savais de lui étaient réelles. Je songeai donc pendant tout le trajet en voiture alors que je retournai mon téléphone sur ma cuisse avec ma main. Aurais-je dû garder son numéro de téléphone ? Est-ce que je dois en parler à Nathan ? Cette question m'horripilait car je n'avais pas sa réponse. Je ne savais pas comment pouvait être la réaction de Nathan si je lui parlais de Lucas. Serait-il compréhensif et compatissant ? Ou alors il serait énervé ? Aurait-il envie de s'en prendre à Lucas ? Et au gang des Deadly Devil ? Peut-être qu'il était plus préférable que j'en parle à Billy, mais je ne savais pas si c'était nécessaire… Je verrais comment la situation allait se présenter avec les deux, si ce n'était pas favorable, je ne dirais rien. Lorsque l'on arriva à la maison, la quasi-totalité de nos colocataires était rentrée.

— Cela n'a pas duré si longtemps que cela ! fit remarquer Linda en apparaissant dans le hall avec Lorie. Comment allait Pola ?

— Mal, répondis-je au tac au tac. Elle finira par s'en remettre grâce à sa sœur. J'aimerais pouvoir être plus présente, mais je ne peux pas pour le moment, avec les études et autres...

— Je passerais la voir demain, proposa Lorie en souriant. Cela fait un moment que je ne lui ai pas parlé, je pourrais la réconforter. Puis, Linda pourra venir aussi !

— Je dois régler quelques trucs avec Maëlle, je vous rejoindrais peut-être après.

— Quelque chose ne va pas ? s'enquis-je.

— C'est la petite sœur de Lucas, et elle ne veut pas me dire pourquoi il ne m'adresse plus la parole, et elle m'a dit qu'elle avait quelque chose d'important à me montrer. Je ne sais pas vraiment de quoi elle veut me parler...

Si cette Maëlle était la petite sœur de Lucas, elle voulait peut-être lui présenter le monde dans lequel elle évoluait. Je pouvais parier en mettant ma main au feu qu'elle aussi faisait partie du gang. Cela me paraissait si évident. J'espérais juste qu'elle n'enrôle pas Linda dans ses histoires... il fallait peut-être que j'en parle à Nathan pour vérifier s'il y avait une quelconque solution.

— Faudrait peut-être que tu nous la présentes un jour, ta petite-amie. Je n'ai même pas eu le droit à voir une photo ! reprocha Lorie en croisant les bras.

— Bientôt, bientôt, vous la verrez, marmonna Linda qui ne semblait pas plus ravie que cela.

Cette fois, je me jurai de ne pas m'investir dans les problèmes de couples des autres. Ce fut donc pour cela que je ne posais pas plus de questions que cela à Linda. Si elle ne voulait pas en parler, c'était comme cela, si elle voulait, elle en parlerait à qui elle voudrait. Lorie m'informa qu'on allait manger d'ici un quart d'heure et je montai les escaliers pour aller dans ma chambre. Avec déjà le sujet Maëlle/Linda à aborder, je ne pouvais pas parler du sujet Lucas à Nathan. La priorité était la sûreté de notre amie, et cela, j'avais peur qu'il soit mis à mal. Je découvris Nathan en train de travailler sur mon bureau. Avec tout ce qu'il se passait, j'en oubliai presque que l'on avait des études à côté de cela, et qu'elles faisaient autant parties de nos vies que le monde des gangs. Il ne m'avait pas entendue et j'en profitai un peu pour le regarder travailler. Il était chou avec sa mine concentrée et son stylo contre sa joue. Je me permis encore un instant et m'éclaircis la voix en m'approchant :

— Ambiance studieuse par ici, déclarai-je à voix haute.

— Plus du tout, maintenant que tu es là, affirma-t-il en tournant la chaise avec un sourire et en ouvrant les bras pour m'attirer sur ses genoux.

Je passai mes mains autour de son cou et on s'embrassa. Oui, il n'y avait vraiment que lui que j'aimais. Lucas n'était qu'un ami. Un ami qui m'aimait bien. Bon, plus que bien peut-être... on resta front contre front et il souriait. Depuis que j'avais accepté de remplir les tâches pour rentrer dans le gang, il demeurait beaucoup plus serein. Pour être dans cet état-là, c'est qu'il devait être pratiquement certain que j'allais rentrer dans le gang : je le lisais dans ses yeux aussi. Je le serrai dans mes bras et déposai un baiser dans le cou. Je n'avais pas envie d'aborder les sujets délicats, pas maintenant.

— Tu me surveilleras toujours un peu, n'est-ce pas ? soufflai-je.

— Je te le promets, jura-t-il en prenant mon visage entre ses mains. Je t'embêterais encore à t'accompagner tous les jours à la fac, et je te laisserai conduire des fois.

Je rigolais avant de l'embrasser. Je caressai légèrement sa joue et soupirai. J'allais casser l'ambiance, mais il le fallait bien.

— Par contre, on a un petit problème avec Linda, débutai-je.

— Pourquoi ? s'enquit-il en perdant son sourire et en fronçant les sourcils.

Je me mordillai la lèvre. Je n'aimais pas lui faire perdre sa bonne humeur comme cela. Cela me conforta aussi dans mon choix : je ne devais pas lui parler de Lucas.

— Maëlle, la copine de Linda est la sœur de Lucas. Elle doit faire partie des Deadly Devil… elle veut sûrement en parler à Linda demain. C'est dangereux, et je ne veux pas que Linda soit concernée par tous cela.

— Tu as raison, concéda Nathan. Ne t'inquiéte pas, je trouverais un moment pour lui parler, que ce soit avant, ou après.

Je descendis de ses jambes et il se leva en m'entraînant dans la chambre.

— Et on va faire quoi, ce soir ? demandai-je en levant la tête pour mieux le regarder.

— Eh bien, déjà on va manger le repas que Lorie nous a préparé, puis, après, j'ai ma petite idée, souffla-t-il. Puis, il faut aussi que tu prépares ton discours pour demain…

— J'y vais au feeling !

— Eh bien… on a tous notre temps !


+++


J'avais les boites avec moi, et je les posais sur le bureau de Billy une par une, bien alignées. Cela m'aurait stressée sinon. Il me regardait faire d'un œil amusé et je me replaçai à côté de Nathan qui me lançait un regard tendre. Le chef du gang se redressait sur sa chaise et ouvrit les boites. À part celle que Nathan avait pris à la banque où reposait un chèque, il n'y avait rien dans les deux autres.

— Je sais que tu ne les as pas ouvertes. Samantha m'a dit que cela c'est bien passé, et j'ai eu des retours positifs sur tes différentes interventions, constata doucement Billy en croisant les bras. Laurianne, tu vas pouvoir bénéficier de notre sécurité pour ta protection.

Même si Nathan était persuadé que j'allais pouvoir profiter de leur protection, cela ne m'empêcha pas de sentir un poids se décharger de mes épaules. Comme si je n'allais plus avoir besoin d'être paranoïaque et de regarder tout autour de moi sans savoir qui me voulait du mal. L'avertissement de Lucas me restait toujours en tête, néanmoins, j'espérais que cela ne soit pas si grave qu'il le prédisait.

Il y avait autant de personnes rassemblées que la première fois. La seule différence, était que nous étions arrivés bien avant eux, Nathan et moi. Nous devions attendre qu'un maximum de personnes soit rassemblé pour faire une annonce. En attendant, je me baladais dans la foule pour trouver Samantha ou Vanessa. Je finis par trouver Samantha, toujours derrière le bar, en train de se préparer une boisson. Elle semblait fatiguée. Je m'approchai et m'installai en face d'elle sans la prévenir. Elle ne releva pas la tête, concentrée sur sa préparation.

— Comment va ta mère ? risquai-je en la faisant sursauter.

— Cela ne va pas toi de me faire peur comme cela ! s'écria-t-elle. Cela va mieux pour ma maman, heureusement. Es-tu bien rentrée hier ?

— Oui. Aucun problème, mentis-je.

Vanessa débarqua elle aussi, toute souriante. Elle demande une boisson à Samantha et se tourna vers le centre de la salle, là où il y aurait la grande annonce. Vanessa se mit à me parler et on discuta un peu. Elle me parla de ses études, de son fils, ainsi que de Marius et Kristia chez qui elle avait dîné dernièrement. Sa vie semblait bien reprendre son cours.

— Et avec Dorian ? m'informai-je, curieuse.

— Je ne sais pas. On fait avec le temps. On verra bien comment cela se passe. Pour le moment, Aaron est heureux de voir son père, et je ne pouvais pas être plus comblée par son implication auprès de lui et de moi aussi même si je ne lui ai rien demandé. Il est… tellement généreux. J'ai de la chance de l'avoir à mes côtés. Je te remercie de m'avoir poussé à lui dire.

— C'est normal. Fin, je voulais dire, c'est normal que Aaron connaisse son père. Dorian à toujours de bonnes intentions, ne doute jamais de lui.

— Et toi avec Nathan ? m'interrogea Vanessa avec un petit sourire au coin.

— Tout va superbe, répondis-je. On se dispute même pas comme avant. C'est un nouvel homme que j'ai retrouvé, tu sais. J'espère que cela durera.

— J'espère pour toi aussi.

Je vis Billy, ses sous-chefs et Nathan débarquer et la salle se turent et se rassemblèrent comme la dernière fois pour que les concernés aillent au milieu. Nathan continua son chemin pour me rejoindre. Son sourire qui persévérait sur son visage me rassurait. Il me prit la main et je posai ma tête sur son épaule avec un petit sourire qui se dessinait légèrement. Il commençait à me contaminer, ce n'était pas cool ! Billy attendit le silence absolu avant d'énoncer que j'avais bien remplir toutes les requêtes qui m'avaient demandées et que j'étais digne de confiance pour finir par annoncer mon entrée dans le gang. Ils commencèrent à applaudir et Billy tendit son bras vers moi alors que Nathan m'accompagna à mi-chemin. Décidément, ce monde, mon nouveau monde m'était spéciale.

— Bienvenue chez les Angeli Di Pace, me murmura Billy en m'entourant mes épaules de son bras.

Je fus un peu surprise. Le créateur initial de ce gang était donc italien. Pour avoir fait de l'italien au lycée, j'en savais suffisamment pour savoir que cela voulait dire "anges de la paix". Ce nom m'intriguait mais ce n'était pas le moment de poser des questions sur l'origine du nom.

— Nous lui avions promis une protection, puisque comme vous l'avez compris, avec les règles de notre monde, elle est en danger. Je compte sur vous, pour repérer toutes informations sur le gang des Deadly Devil à son sujet et de me les rapporter. Je compte sur vous aussi, pour observer les alentours si jamais vous la croisez dans la ville. Je vous remercie de votre attention, de votre écoute et de votre respect.

L'assemblée repartie à ses occupations, beaucoup d'entre eux repartaient très vite alors que d'autres pensaient passer la journée au quartier général. Nathan m'embrassa et on salua nos connaissances avant de repartir à la maison. Je ne savais pas si je me sentais plus sereine, je n'en avais pas l'impression. Il y avait toujours une menace qui pesait sur moi, et je ne pouvais l'oublier.


+++


Nathan avait rendez-vous avec Clément et leur vieux amis de l'époque. J'avais donc une après-midi entière pour ne pas être distraite et réviser, chose, que je n'avais pas fait depuis un moment. Néanmoins, pleins de choses me trottaient dans l'esprit, et je savais que je serais incapable de me concentrer assez pour travailler. Je pensais aussi à Lucas. Je ne comprenais pas pourquoi je me prenais la tête avec lui. Ce n'était que mon ami qui m'aimait. Je toquai à la porte de Dorian avant d'ouvrir la chambre. Mon ami relisait ses cours d'anglais mais me laissa une place sur le lit.

— Toi, t'as quelque chose à me demander, devina-t-il en refermant son cours à côté de lui.

— Je ne sais pas quoi faire Dorian, avouai-je en lui lançant un regard.

— De quoi tu parles ?

Je lui expliquai pour Lucas, ce qu'il s'était passé ainsi que les lettres et le message. Il ne me coupa pas, et cela faisait du bien.

— Es-tu sûre de ne rien ressentir pour lui ?

— Oui... Pourquoi est-ce que tu me demandes cela ?

— Parce que je crains que ce soit le contraire Laurianne. Ce mec, il a pas l'air de s'amouracher de quelqu'un qui n'a pas de sentiments pour lui tu sais.

— J'aime Nathan, affirmai-je.

Ces mots n'avaient jamais été aussi vrais que depuis des années.

— Cela arrive des fois, d'avoir des sentiments pour deux personnes à la fois. Ce n'est pas un crime, mais il faut être honnête avec soi-même. Bon... écoute, très franchement, si tu es certaine de ne rien ressentir pour ce gars, tu devrais parler à Nathan. Mais réfléchis bien, OK ?

— OK.

Mon téléphone vibra et je vérifiai. Le numéro était inconnu, mais le message ne me laissa aucun doute sur le destinataire :


J'ai essayé tant que je pouvais, mais j'étais tout seul je ne pouvais pas les convaincre. Fais attention. C'est carrément une chasse qu'ils commencent.

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