Un amour de môme
* Je me suis permise de répondre à ce petit défi ; à une consigne près...
Le texte n'est pas à la première personne. Mais j'espère que cela n'en dérangera pas l'investigateur...
(Récit inspiré de l'oeuvre de Stephen King : IT. Paring: RICHIE TOZIER/ EDWARD KASPBRAK)
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« Alors mon pote, c'est toujours aussi beau qu'dans tes souvenirs ? »
Eddie se laissait dès-à-présent porté par l'eau ; les bras étendus à l'horizontal et les yeux paisiblement clos. Comme pour se ressourcer, il commença à respirer lentement l'air frais qu'il sentit parvenir à son front. Derrière lui, Richie le contempla longtemps sans rien dire. Se contentant d'analyser en silence tout ce qu'il put caractériser le petit brun depuis tout ce temps perdu : comme espérant pouvoir garder un dernier souvenir indestructible de la personne que ce dernier était finalement devenu.
« J'adore cet endroit... Continua doucement Kaspbrak, les bras revenant naturellement se placer le long du corps. Je crois que c'est ici que j'ai eu les moments les plus magiques de ma vie. Avec vous... Putain. Dire que j'avais oublié tout ça.
Son ton devenu subitement plus triste, et une nostalgie rempli d'amertume s'empara alors instantanément de son interlocuteur. Celui-ci serra une nouvelle fois un peu plus fort ses pauvres paumes moites lorsqu'il vit son cadet lui faire signe de s'avancer vers lui. Il se faufila ensuite dans un coin assez reculé, une sorte de petite crique. Mais il n'eut cependant pas choisi cet endroit par hasard ; et Tozier s'en fut étrangement très vite rappelé.
- J'pensais pas qu'il y serait toujours... »
Eddie se retourna une nouvelle fois vers son ami, un large sourire arpentant de long en large le bas de son visage. Même si la grande gueule du groupe avait toujours cet air maussade dans le regard, il parvenait maintenant à garder les yeux relevés tout autour de lui. En plus d'avoir repris le don de la parole.
Et ce fut sans un mot qu'il laissa le plus jeune l’entraîner un peu plus loin. Là où semblait reluire plusieurs petites écritures gribouillées sur un imposant rocher leur faisant face. Et même si du fait de l'usure, certaines d'entre-elles parurent plus ou moins effacer ; une d'entre elles en particulier luisait légèrement grâce à l'humidité de l'air ambiant.
Les mots « Tozier = Dickhead = Kaspbrak » eurent été gravé -il eut de cela plusieurs années par les protagonistes eux-mêmes- mais furent encore présents et bien visibles. L'endroit ne fut jamais fréquenté, et personne ne fut alors jamais tombé dessus. A défaut pour le reste de la troupe de savoir son existence, il n'y eut dorénavant que ces deux meilleurs amis qui purent comprendre réellement leur signification. Ce fut semblable à une déclaration : Une vraie déclaration de garçon.
« Tu vois, quand je parlais des bons moments... Je veux qu'tu voies que toi aussi tu peux les revivre sans avoir peur. Eddie passa finement le bout de ses doigts contre la gravure rugueuse, l'inspectant minutieusement. « Relâche tout Rich', c'est terminé.
- J'ai juste peur que tout soit encore faux...
Ce ne fut qu'une légère parole résonnant péniblement autour d'eux, alors que l'immobilité de chacun perdura encore pendant plusieurs secondes. Kaspbrak relâcha la pression exercée par son index sur la roche brute alors qu'il se retourna une nouvelle fois vers son aîné. Et ce fut avec les yeux épris d'une détermination inébranlable qu'il coinça ce dernier dans un petit recoin étroit.
- De quoi tu parles Richie à la fin ? C'est quoi qui te fait peur ? Exulta le cadet, emprunt soudainement d'une rage incontrôlée.
Devant lui, le comédien ne put répondre. La bouche béante, il hésita quelques secondes à lâcher une parole. Mais se tût finalement, et fit tomber son regard vers l'abdomen de l'hypocondriaque.
Celui-ci se calma alors rapidement, se pinçant les lèvres de frustration. Il ne comprenait toujours rien, et ne pas parvenir à raisonner Tozier le rendait malade. A dire vrai, il était toujours parvenu à comprendre son ami. Jamais il ne l'avait laissé sur le carreau. Ce fut donc plus lentement qu'il se rapprocha une seconde fois, déposant dans le même temps sa main droite sur la joue froide de l'autre homme, tel qu'il l'eut fait quelques heures plus-tôt. Espérant pouvoir de ce fait enfin retrouver cette confiance légendaire qui leur fut propre depuis toujours.
« Rich'... Explique. C'est moi, tu n'as pas avoir peur. »
Il ne sut réellement si ce fut le ton enjoué utilisé, ou bien leur rapprochement instantané qui permit à Richie de s'ouvrir un peu plus à lui. Le principal étant qu'il parvenu à le faire se ressaisir un peu. Tozier leva alors le regard, le pointant vers les pupilles sombres de son acolyte.
« Explique-moi ce que tu as. Tu m'as toujours tout dit Richie, pourquoi t'as peur de me parler tout d'un coup ?
- Parce que je n'aurai jamais la force d'me séparer de toi encore une fois... »
Ce ne fut qu'un chuchotement incroyablement imperceptible, mais Eddie s'immobilisa à la fin de celui-ci. Son expression faciale changea également du tout au tout, dégageant dans le même temps une incompréhension fatidique. Mais malgré la réaction tendue de son cadet, Tozier sut qu'il ne put faire dorénavant machine arrière. Il eut ce besoin assidu de tout lui dire ; se libérer enfin de ses chaines depuis tant d'années maintenus. Il eut saisi la chance de lui avoir sauvé la vie ; il avait également décidé de saisir celle qui pouvait enfin sauver la sienne.
« Ce que j'ai vu là-bas... Je crois que j'n'arriverai jamais à m'en défaire. Tu ne peux pas t'imaginer ce que j'ai pu ressentir... T'abandonner comme je l'ai fait, je pense que jamais je ne m'en serai remis. J'ai cru te perdre Eds... Je t'ai vu mourir. Et j'me suis rendu compte que... Que j'veux pas qu'tu meurs. »
Kaspbrak n'avait toujours pas bougé, ne comprenant pas encore grand-chose à ce charabia. Le plus grand balbutiait ses mots sans même véritablement les contrôler, mais Eddie le laissa dire. Il remarquait sans mal ces poignets se relâcher au fur et à mesure qu'il expulsait ces dires.
« Je sais que maintenant, tu vas retourner à ta vie, que je dois me faire une raison... Mais si tu es toujours en vie, je n'ai plus envie de fermer ma gueule.
- J't'écoute Rich'. J'suis ton pote, tu peux tout me dire.
Toujours légèrement penché vers son autre, Kaspbrak se figea soudainement lorsqu'il sentit cette bouche se poser légèrement sur la sienne. L'espace d'une seconde. Il laissa son dos se crisper alors que son assaillant se remit de nouveau droit. Mais il n'eut rien dis de plus.
Le plus jeune respira deux souffles distincts, les paupières fatalement grandes ouvertes. Et comprit sans faute les pensées de l'homme devant lui : Enfin.
- Sache que je n'oublierai jamais tout ce qu'il s'est passé entre nous. Tout ce que tu as fait pour moi restera toujours graver dans ma mémoire, je te le jure. Peu importe ce qu'il se passe ensuite...
La main d'Eddie toujours fermement bloqué contre sa joue, Tozier parut finalement se détendre un peu plus. Il fut soulagé, comprenant également que ce qu'il vivait sur l'instant fut à présent bien réel. Et qu'il était dès-à-présent libéré de son lourd secret tant protégé.
- Je suis heureux que tu aies pu enfin te libérer de tout ça. » Termina alors Kaspbrak, ses doigts tombant finalement le long de sa propre cuisse.
Puis, doucement, il se décala et s'avança vers la petite sortie. Richie se retourna, un sourire rassuré sur les lèvres. En silence, il scruta une dernière fois la silhouette s'éloigner de quelque pas, avant que celle-ci ne lui lance un dernier regard. Et d'un dernier rictus, lui offrit une dernière parole.
« Merci de m'aimer à ce point Richie. Je n'oublierai jamais tes sentiments, comme je n'oublierai jamais ce moment. Sache que tu seras toujours dans ma mémoire. Grand con va... »
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