Wendy est assise à califourchon sur mes genoux, ma mâchoire prisonnière de sa poigne, alors que de son autre main elle me dessine un sourire de squelette sur les joues.

« Bouge pas. » Me commande-t-elle, alors que je me tiens pourtant déjà le plus immobile qu’il me soit possible.

Je voulais rester cloîtré chez moi pour cette halloween, mais mon amie n’a pas tardé à débouler avec son matériel de maquillage et une furieuse envie de se promener avec moi !

J’ai refusé, elle a insisté, j’ai re-refusé, elle a proposé de jouer à pile ou face, j’ai accepté, elle a gagné.

…Même à pile ou face, cette fille est bien trop forte pour moi !

Tandis qu’elle me transforme en un Mister-Jack, elle, elle affiche la face verdâtre et creusée d’une sorcière de l’Est.

Elle s’est même dégoté un chapeau pointu avec de sombres cheveux filasse et une cape, ces deux accessoires étant présentement posés sur la table de mon salon.

Elle achève mon maquillage, puis me présente son miroir de poche pour me permettre de juger de la qualité de son travail.

Un teint blanc, des cernes et un long rictus denté… un Mister-Jack parfaitement respectable !

« Ton père a une veste noire, non ? Ce sera le parfait complément ! »

« Ok, ok. »

Une poignée de minutes plus tard, nous marchons au milieu d’une rue piétonne sous l’œil de la lune.

Des guirlandes d’halloween et des citrouilles décorent les bâtiments.

Un peu partout, peuvent être vus des groupes d’enfants déguisés qui trottinent d’une porte à une autre, remplissant joyeusement leurs sacs à bonbons.

J’ai toutes les peines du monde à canaliser l’exaltation de mon amie, qui sans moi aurait certainement fini par elle aussi partir à la chasse aux sucreries…

« Frank ? »

« Quoi ? »

« …Tu trouves que je suis tyrannique avec toi ? »

Je la dévisage, mais elle regarde droit devant elle, m’empêchant de la sonder correctement.

« Pourquoi cette question ? »

« Réponds-moi s’il te plaît. »

« …Tu as ton caractère et tu sais ce que tu veux. Mais c’est comme ça que je t’apprécie… D’accord, tu me forces la main de temps en temps, mais tu ne m’obliges pas non plus trop : c’est aussi moi qui finis souvent par te céder… Tu es une diablesse quand tu t’y mets, mais tu restes mon amie ! »

Elle me presse affectueusement le bras.

« Merci. Tu m’allèges d’un poids. »

« …Essais quand même de te réguler un peu aussi. »

« Oui. »

Et elle me fourre une sucette dans la bouche, qu’elle a sortie d’une pochette de ce son sac.

Je soupire. Il y a du boulot…