En route vers la cité de l'air !
Je quitte les appartements de la reine au moment où la gardienne de la cité de l'air s'apprête à y entrer, accompagnée de son neveu. Elle m'adresse un doux sourire en passant à côté de moi, tandis que Zéphyr me salue d'un geste de la main. Je leur adresse une révérence et les portes en saphir se referment sur eux. J'entends l'amie de ma mère lui déclarer :
- Nous sommes venus te saluer avant de partir.
- Oh, c'est vous . . . Vous repartez déjà ?
- Oui, je dois rentrer pour veiller sur ma cité.
- Je comprends . . .
- Qu'as-tu ? lui demande la femme à la longue chevelure bouclée. Tu as l'air soucieuse.
- Harmonia s'inquiète du non-retour de son père. Il lui avait promis d'être là aujourd'hui, mais il n'est toujours pas rentré alors elle craint qu'il ne soit . . . dit-elle d'une voix tremblante.
- Voyons, tu sais bien que Kaï est assez puissant pour revenir en vie, il nous l'a déjà prouvé, la rassure son amie.
- Oui, c'est ce que j'ai dit à ma fille, mais pour être franche avec toi, je commence sérieusement à m'inquiéter, moi aussi. Son absence n'a jamais été aussi longue ! Je crains tous les jours qu'il ne lui soit arrivé malheur !
- Ne dis pas cela, je t'en prie. Tu dois croire en Kaï jusqu'au bout !
- Oui, tu as raison . . .
Elle dit cela sur un ton calme et confiant, mais le léger tremblement de sa voix trahit ses sanglots contenus. Elle est forte et tient bon en apparence, mais au fond d'elle, elle est tout aussi dévastée que moi !
Je serre les poings, touchée par ce constat. Il faut absolument que je mette un terme à cette guerre ! Non seulement pour moi, mais aussi pour elle, notre famille, notre royaume et ce monde entier ! Seulement, comment pourrai-je faire une chose pareille si même mon père n'en a pas été capable ?
Je pousse un soupir. Je n'ai aucune idée de la façon dont je dois m'y prendre, ni même de ce que je pourrai faire, mais ce que je sais, c'est que je dois commencer par réconforter ma pauvre mère, comme elle le fait tout le temps avec moi depuis ma naissance.
J'entre donc dans les appartements royaux et me jette dans les bras de notre reine, en m'exclamant :
- Ne soyez plus triste, mère ! Je vous promets que je vais mettre un terme à cette guerre et ramener notre roi à la maison ! Je ne sais pas encore comment, mais je vais le faire !
Elle me fixe avec étonnement, puis échange un regard avec son amie, avant de déclarer :
- Je pense qu'il est temps de vous révéler une chose extrêmement importante . . .
- Qu'est-ce que c'est ? demandé-je.
Elle prend une grande inspiration, puis m'explique :
- Je ne pense pas que vous ayez dit cela par hasard. Je crois que vous savez inconsciemment que c'est vore destin de sauver notre monde.
- Que voulez-vous dire ?
- Je ne voulais pas vous en parler avant car vous étiez encore trop jeune pour porter un tel fardeau, mais je pense qu'il est maintenant temps de tout vous raconter.
Je hoche lentement la tête, n'osant pas l'interrompre avec des mots. Elle poursuit :
- Une ancienne prophétie parle d'un être né sous les premiers rayons du jour de l'union de deux nations en conflit, qui se servira de la maitrise des quatre éléments pour apporter paix et harmonie en ce monde. Cette personne, c'est vous, mon enfant.
Mes yeux s'écarquillent à l'annonce de cette nouvelle. Je murmure, incrédule :
- Je suis celle destinée à apporter la paix en ce monde ?
- Oui, cela ne fait aucun doute puisque vous êtes la seule née de deux parents de nations différentes.
- Vous avez parlé de la maitrise des quatre éléments, mais je ne suis capable de manipuler que le feu et l'eau.
- Non, pas seulement, rétorque-t-elle en secouant la tête. N'avez-vous jamais remarqué que vous soufflez drôlement bien vos bougies d'anniversaire ? Seule une personne maitrisant l'air est capable de souffler aussi fort. Vous n'en êtes juste pas consciente et vous avez aussi sûrement besoin de vous entrainer à manier cet élément.
- Je me charge de son apprentissage, déclare Éoline.
Nous la regardons tous avec surprise. Elle poursuit :
- Si tu es vraiment sûre de vouloir sauver le monde en mettant fin à ce conflit, je veux bien t'apprendre à maitrsier l'air.
- J'en suis sûre, affirmé-je aussitôt.
- Bien, j'accepte que vous appreniez à maitrser l'air en compagnie de mon amie Éoline. En revanche, je ne veux pas que vous vous élanciez sur le champ de bataille pour l'instant. Vous êtes encore un peu trop jeune. Vous avez besoin de temps, d'entrainement et de réflexion. Même si vous parvenez à maitriser tous les éléments à la perfection, il vous faudra une stratégie. Vous n'êtes donc pas encore prête. Je vous dirai moi-même quand j'estimerai que le moment sera venu pour vous de passer à l'action, d'accord ?
Je hoche la tête. La gardienne de la cité de l'air reprend la parole :
- Harmonia n'a qu'à venir avec nous. Je lui enseignerai la maitrise de l'air là-haut et elle reviendra ici une fois qu'elle l'aura acquise.
- C'est entendu. Je vais demander à ce qu'on prépare vos effets, ajoute mère en s'éloignant.
Quelques minutes plus tard, tout est prêt. La reine de l'eau me serre alors dans ses bras en murmurant à mon oreille :
- Soyez prudente, je vous en prie.
- Je vous le promets, répondé-je à cela en lui rendant son étreinte.
Je me dirige ensuite vers le balcon où nous attend un aigle géant aux plumes blanches et brunes. Éoline dit :
- Je te présente Adler.
- Enchantée, fis-je en caressant le bec de l'animal.
Il ferme les yeux pour savourer cette marque d'affection, puis la femme aux cheveux blancs m'attrape par la main et se sert de sa maitrise de l'air pour bondir sur le dos du rapace. Zéphyr en fait de même.
Ma mère vient à son tour sur le balcon pour nous saluer. Nous lui adressons de grands signes de mains, tandis que l'aigle déploie ses ailes et prend son envol, en direction de la cité de l'air.
Je suis toute excitée par ce voyage car c'est la première fois que je quitte mon pays ! J'observe le ciel sombre où des centaines d'étoiles brillent de mille feux. Le vent frais de cette soirée de printemps vient fouetter nos visages et agiter nos cheveux. J'entends Zéphyr me murmurer à l'oreille :
- Je suis content que tu viennes avec nous.
En tournant la tête dans sa direction, je constate qu'il me sourit. Il a les traits fins et juvéniles. Je lui rends son sourire, touchée par sa gentillesse et sa douceur.
Adler,de son côté, ne cesse de prendre de l'altitude pour atteindre la cité de l'air qui se trouve au beau milieu des nuages . . .
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