Retrouvailles
Nous nous relevons et regardons autour de nous. Nous sommes sur une large plage de sable. Une chaine de montagnes s'étend devant nous, mais pas une seule plante n'y pousse. Cela donne au lieu une ambiance de désolation. J'aurai même cru l'endroit désert si je n'entendais pas les cris et les bruits d'explosions de la bataille. Je me tourne vers Zéphyr pour lui dire :
- Ils se trouvent de l'autre côté de ces montagnes ! Allons-y !
Nous courons en direction des monts et, une fois arrivés au pied de ces derniers, mon ami prend ma main et se sert de sa maitrise de l'air pour effectuer un grand bond. Il enchaine avec d'autres, sautant avec agilité de rocher en rocher pour nous faire gravir plus rapidement ces reliefs.
Quelques minutes plus tard, nous arrivons au sommet de l'une des montagnes et regardons en contrebas. Nous voyons alors les soldats des armées de l'eau et de la terre qui se servent de leurs pouvoirs pour affronter les hommes de l'empire du feu. Je me jette aussitôt dans le vide. J'entends Zéphyr me crier :
- Harmonia ! Attends !
Je ne l'écoute pas et me sers de ma maitrise de l'air pour amortir ma chute afin d'atterrir en douceur sur le sol rocheux. Je cours ensuite au milieu des soldats en regardant partout autour de moi. Il faut absolument que je le retrouve !
Les hommes sont si préoccupés par leur combat qu'ils ne font même pas attention à moi, jusqu'à ce qu'un mur de pierre se dresse sur ma droite. Je tourne la tête dans cette direction pour constater qu'une énorme flamme vient s'écraser contre la roche ! Si ce rempart n'avait pas été dressé à temps, j'aurai été brûlée vive ! J'entends une voix provenir du sens opposé et me retourne pour faire face à mon interlocuteur, qui me demande avec surprise et colère :
- Qu'est-ce que vous faites là ? ! Je pensais pourtant vous avoir demandé de rester dans mon royaume et de ne surtout pas le quitter sans ma permission !
- Votre Majesté ! m'exclamé-je en reconnaissant le roi de la terre.
- Vous avez trahi ma confiance, princesse Harmonia, mais nous en reparlerons plus tard. Pour le moment, il faut vous mettre à l'abri.
- Non ! m'écrié-je en reculant. Je n'ai pas fait tout ce chemin et tous ces efforts pour attendre sagement l'issue de ce combat ! Je dois y mettre un terme et je le ferai !
- Nous ne savons pas encore si vous êtes prête . . . dit-il en avançant vers moi et en tendant son bras dans ma direction.
- Et bien, laissez-moi vous le prouver !
Je cours aussitôt en direction des lignes ennemies et me sers de ma maitrise de l'air pour envoyer valser des hommes de l'armée adverse. Les autres ripostent aussitôt en me lançant des flammes à la taille impressionnante ! Je frappe le sol de mes mains pour en faire jaillir un rempart, puis bondis par-dessus et me sers de ma maitrise de l'eau pour réunir toutes les gouttes qui trempent encore mes cheveux et mes vêtements afin d'en former un long fouet avec lequel je frappe mes adversaires.
Hélas, ce n'est pas suffisant. Nos ennemis sont nombreux et mes attaques ne sont pas assez puissantes pour les mettre hors d'état de nuir. Ils parviennent tous à se relever et repartent à l'assaut.
Je prends une grande inspiration et leur souffle des flammes aussi grandes et puissantes que je le peux ! Certains soldats adverses sont touchés et tombent au sol en poussant des cris de douleur !
J'entends Zéphyr atterrir à côté de moi et me dire :
- Recommence ! Dans trois, deux, un . . . Maintenant !
Je prends à nouveau une grande inspiration et souffle d'autres flammes, mais cette fois, mon ami effectue la même chose en même temps que moi. L'air qu'il projette vient alimenter mon feu et l'amplifie grandement ! L'attaque est encore plus redoutable que la fois précédente !
Encore plus d'adversaires sont touchés, ce coup-ci, mais ce n'est toujours pas suffisant pour tous les éliminer ou les dissuader, bien au contraire : ceux qui sont encore en état de se battre repartent à l'assaut avec beaucoup plus de hargne !
Nos alliés viennent nous prêter main forte, continuant à lutter de toutes leurs forces pour rester en vie et gagner cette guerre !
Zéphyr me dit :
- On recommence, Harmonia !
Je hoche la tête et inspire à nouveau un grand coup, mais je n'ai pas le temps de souffler que je ressens soudainement une vive douleur dans mon bras gauche ! Je pousse un cri et tombe au sol, sur le dos ! En tournant la tête, je constate qu'une flèche est plantée dans ma chaire ! Ma chemise blanche commence à se tâcher de sang. J'entends le garçon aux boucles blanches crier mon nom :
- Harmonia !
Il s'agenouille à mes côtés pour s'enquiérir de mon état. Le roi de la terre arrive à notre hauteur et frappe le sol de ses mains pour dresser un rempart entre nous et l'ennemi. Il se tourne ensuite vers moi et demande :
- Harmonia ! Est-ce que vous m'entendez ?
Je hoche lentement la tête, trop affaiblie pour parler. La douleur provoquée par ma blessure est de plus en plus forte et me donne le tournis.
- Que se passe-t-il ici ? demande une autre voix.
Je la reconnais aussitôt. Mes yeux s'écarquillent et s'embuent lentement de larmes. Je tourne doucement la tête dans la direction d'où provient le nouvel arrivant et constate avec joie qu'il s'agit de mon père ! En me remarquant, son expression soucieuse vire au choc et il se précipite à mes côtés en s'exclamant, inquiet :
- Harmonia !
Il m'entoure de ses bras et me serre contre lui, en demandant :
- Oh, mais que faites-vous là ?
Je parviens à réunir assez de force pour lui répondre, avec essoufflement :
- Je suis venue . . . accomplir mon destin et . . . sauver le monde . . . en mettant fin à cette guerre . . .
Il ne rétorque rien, se contentant de me serrer encore plus fort. Je sens bientôt ses larmes humidifier mes longs cheveux blonds. Touchée et au comble de l'émotion, je me laisse éclater en sanglots.
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