Le lendemain matin, je suis réveillée par des coups contre ma porte. J'ouvre les yeux, me redresse et m'étire, puis quitte mon lit pour aller jusqu'à la porte et l'ouvrir. Un garde se tient sur le seuil. Il me dit sur un ton neutre :

- Sa Majesté impériale vous attend dans la salle du trône. Je suis chargé de vous y conduire.

- J'arrive tout de suite. Laissez-moi juste le temps de me rendre présentable.

Il hoche la tête et je referme la porte. Je me dirige ensuite vers la coiffeuse et tente de remettre un peu d'ordre dans ma longue chevelure ondulée, puis passe de l'eau sur mon visage. Je revêts mes bottes et sors de la chambre pour rejoindre l'homme, qui commence aussitôt à marcher en direction de la salle du trône. Nous sommes bientôt rejoints par mes parents et amis, escortés eux aussi par des gardes. Je demande à Zéphyr :

- Sais-tu pourquoi l'empereur du feu souhaite nous voir ?

Il secoue la tête.

J'entortille mes doigts et déglutis avec peine. Une boule se forme dans mon estomac et ma gorge se noue. Cette sensation s'intensifie à chaque pas, chaque seconde . . . J'ai si peur ! J'appréhende ce que notre hôte dira . . .

Nous arrivons enfin devant la salle du trône. Les gardes ouvrent les grandes portes en or massif et nous entrons. L'empereur du feu Appollon et son épouse sont assis sur leurs trônes en métal précieux incrustés de rubis. L'impératrice sourit. Est-ce bon signe, venant de sa part ? Je l'ignore et je crois bien que c'est cela, le pire.

Son époux arbore une expression impassible. Nous nous arrêtons au pied des marches et leur souhaitons le bonjour. Ils hochent la tête et le souverain répond, en se levant :

- Bonjour à vous. Avez-vous passé une bonne nuit ?

Nous nous regardons mutuellement, puis le roi de l'eau répond :

- Disons que nous avons réussi à fermer l'oeil . . .

- Je vois. Pour ma part, j'ai eu une vision. J'ai vu les maisons de mes sujets brûler et s'effondrer les unes à la suite des autres, leurs habitants mourir un à un, dans des conditions toutes plus terribles les unes que les autres, les volcans de notre empire entrer en éruption et dévaster nos champs et nos forêts, puis mon palais s'engouffrer sous terre, tout cela sous mes yeux impuissants. Je crois . . . Que c'est ce qu'il adviendra de notre nation si nous ne mettons pas rapidement fin à cette guerre. Aussi, je vous annonce que j'accepte officiellement votre proposition de paix.

Il nous tend sa main. Tous les dirigeants présents la prennent, souriants. Mes yeux s'écarquillent et s'embuent de larmes, puis un sourire vient lentement se dessiner sur mon visage. Je n'arrive pas à y croire ! Je dois être en train de rêver ! J'ai réussi ! Nous avons tous réussi ! Dans un soudain élan de joie, je saute au cou de Zéphyr en m'écriant :

- Tu as entendu cela ? ! La paix est enfin revenue dans notre monde !

- Oui, tu as réussi ! Tu as enfin accompli ta mission !

Je secoue la tête :

- Non. Je n'ai pas réussi. Nous avons réussi. Je n'y serai jamais parvenue sans vous ! Merci à tous !

L'impératrice du feu Hélia s'éclaircit la gorge et prend la parole :

- Je crois que mon époux a oublié de préciser une chose : la reine de l'eau Oriane n'est plus bannie et est à nouveau la bienvenue sur sa terre natale et dans sa famille.

En disant ces mots, elle tend ses bras à sa fille qui court s'y jeter en éclatant en sanglots. Seulement, ce sont des larmes de joie qui coulent sur ses joues.

- Nous devrions fêter cela ! s'exclame la gardienne de la cité de l'air.

- Oui, vous avez raison, confirme le roi de la terre Adam. Un tel événement doit rester gravé dans les mémoires et être célébré par les générations à venir ! Je rédigerai moi-même un document relatant ces faits, que je conserverai précieusement dans notre bibliothèque.

L'empereur du feu descend les marches et vient poser sa main sur mon épaule :

- Harmonia, princesse du royaume de l'eau, je vous remercie d'avoir été la seule qui a eu le courage de venir me parler en face pour me proposer la paix. Vous avez dû affronter bien des épreuves et des difficultés, mais vous n'avez jamais lâché l'affaire et c'est grâce à vous qu'est arrivé ce jour de bonheur que je ne soupçonnais même pas il y a quelques jours. Merci pour tout. J'ai maintenant la conviction que je laisserai mon empire entre de bonnes mains pour deux générations, lorsque mon heure viendra . . . dit-il en regardant ses deux descendantes.

Nous lui sourions et je déclare :

- C'est moi qui vous remercie d'avoir eu la bonté et la patience de m'écouter, puis la sagesse d'accepter ma proposition, même si cela n'a pas été évident pour vous.

Il hoche la tête. Son épouse ajoute :

- Je pense qu'il est grand temps d'organiser une fête. Cela fait si longtemps que notre empire n'en a plus connu !

Nous hochons tous la tête et mon ami dit :

- Nous devrions inviter les habitants de tous les pays pour la célébrer ensemble, c'est un événement si important pour nous tous !

- Je ne pense pas que l'empire du feu soit assez grand pour accueillir tous les habitants du globe, rétorque le roi de la terre, mais nous pourrions en effet propager la nouvelle pour que tout un chacun puisse fêter cet heureux moment là où il est.

- Je sais qui pourra nous aider à la diffuser, dis-je.